Voilà ce qu'en dit Polybe (à le relire, je me rends compte que ma comparaison avec la récente épidémie de tsunamisme n'était pas du tout infondée car les analogies sont très frappantes):
Citer :
"Au cours de ces années, les Rhodiens, prenant occasion du tremblement de terre qui s'était produit chez eux quelque temps avant et au cours duquel s'était écroulés le Colosse ainsi que la plus grande partie de l'enceinte et des arsenaux, tirèrent parti de cet accident avec tant d'intelligence et d'à-propos que, loin de leur être dommageable, ce désastre fut plutôt pour eux une cause d'accroissement. Telle est en ce monde, aussi bien dans les affaires publiques que dans les affaires privées, la différence qu'il y a entre sottise et nonchalance d'une part, activité et discernement de l'autre, que, pour certains, même les coups de chance ont des conséquences néfastes, tandis que pour d'autres, les catastrophes elles-mêmes sont l'occasion d'un redressement. Ainsi les Rhodiens, par la façon dont ils conduisirent leurs affaires, soulignant l'ampleur du désastre, qu'ils peignaient sous des couleurs horibles, tout en conservant eux-mêmes, tant dans les propos de leurs ambassadeurs au cours des audiences officielles que dans les entretiens privés, une attitude empreinte de noblesse et de dignité, produisirent sur les cités et surtout sur les rois une telle impression que non seulement ils reçurent d'eux des donc immenses, mais que les donateurs eurent en outre le sentiment d'être leurs obligés. Hiéron et Gélon, non contents de leur donner soixante quinze talents pour fournir leur gymnase en huile dédièrent en outre chez eux deus chaudrons d'argent avec leurs bases, ainsi que des aiguillières, ajoutant à cela dix talents pour les sacrifices et dix autres pour contribuer à la prospérité des citoyens, ce qui fit un au total un don d'une centaine de talents. De plus, ils exempltèrent de tout droit les navires rhodiens abordant chez eux et envoyèrent à Rhodes cinquante catapulte de trois coudées. Enfin, après avoir tant donné et comme s'ils étaient eux-mêmes les obligés des Rhodiens, ils firent ériger sur le champ de foire de la ville un groupe représentant le peuple rhodien couronné par le peuple syracusain.
De son côté, Ptolémée fit don aux Rhodiens de trois cents talents d'argent, d'un million d'artabes de blé, d'une quantité de bois suffisante pour construire dix pentères et dix trières, de quarante mille coudées bien mesurées de poutres de pin équarries, de mille talents de bronze monnayé, de trous mille talents d'étoupe, de trois mille pièces de toile à voile et de trois mille talents pour la restauration du Collosse. Il leur envoya en outre cent maîtres maçons avec trois cent cinquante ouvriers et quatorze talents par an pour la rétribution de ces hommes. Il ajouta à cela douze mille artabes de blé pour les jeux et les sacrifices et encore vingt mille autres, quantité correspondant aux rations pour les équipages des dix trières. La plupart des dons en nature, ainsi qu'un tiers de l'argent, furent envoyés immédiatement.
Quant à Antigonos Soson, il offrit dix mille pièces de bois de huit à seize coudées pour faire des chevrons, cinq mille solives de sept coudées, trois mille talents de fer, mille talents de poix cuite et mille amphores de poix crue, et en outre cent talents d'argent. Chryséis, sa femme, fit don de cent mille médimnes de blé et de trois mille talents de plomb.
Séleucos, le père d'Antiochos, accorda aux Rhodiens l'exemption de tout droit pour leurs navires dans les ports de ses Etats. Il leur donna d'autre part dix pentères avec leurs agrès, deux cent mille médimnes de blé, dix mille coudées de bois, mille talents de résine et mille talents de cheveux.
Les Rhodiens reçurent encore d'autres dons analogues de Prusias, de Mithridate et des dynasties régnant alors en Asie, c'est-à-dire Lysanias, Olympichos et Limnaïos. Quant aux cités qui, dans la mesure de leurs moyens, vinrent en aide aux Rhodiens, il serait difficile d'en faire le compte.
C'est ainsi que, si l'on considère la date à laquelle la ville de Rhodes a pu être de nouveau habitée et le temps qui s'est écoulé depuis lors, on est extrêmement surpris de voir à quel point s'est accrue en peu d'années la richesse, publique et privée, dans cette cité. Mais, lorsque l'on fait réflexion sur les avantages que présente sa situation et sur l'abondance des marchandises qui, de l'extérieur, affluent dans ses ports et qui contribuent à la satisfaction de ses besoins, on cesse de s'étonner et on serait même tenté de penser que sa prospérité n'est pas aussi grande qu'elle devrait l'être."
V, II, 88-90
Voilà ce que Will en dit:
Citer :
"L'intérêt que la majorité des Etats méditerranéens avaient à voir se développer librement l'activité des Rhodiens se manifeste dans la sollicitude avec laquelle tous volèrent au secours de la cité détruite pas un séisme" (t. I, p. 186, n. 3)