Je parlais de Vedius Pollion. Pas d'Asinius Pollion. Le premier était juste un membre de l'entourage d'Octavien très riche n'exerçant pas de magistratures de premier plan.
Le second, Asinius Pollion était un sénateur, rallié à César dès le déclenchement de la guerre civile, proconsul d'Espagne ultérieure en 43 et qui s'est rallié, avec Lépide et Munatius Plancus à Antoine et Octavien, permettant ainsi la reconstitution d'un parti césarien alors que le parti césarien avait éclaté dans les semaines qui ont suivi l'assassinat de César.
Et même avant puisque si le complot des ides de mars a eu lieu et a été possible, c'est précisément parce que le parti césarien avait déjà commencé de subir une petite scission secrète. En effet, c'est parce que des césariens de premier plan : Decimus Junius Brutus (à ne pas confondre avec Marcus Junius Brutus, le fils de Servilia - neveu de Caton - époux de Porcia) et Caius Trebonius (qui avait commencé à comploter dès l'été 45 en Espagne), se sont ralliés au plan de Cassius que celui-ci est passé à l'action ete a pu rallier Brutus (Marcus Junus), qui n'a accepté de s'y engager lui-même que si des césariens s'y joignaient. Pourquoi ? Précisément parce que dans leur esprit, pour que l'assassinat puisse aboutir à un résultat politique satisfaisant pour eux, il fallait l'équivalent d'une "union nationale" de toute l'aristocratie contre la tyrannie et pour le rétablissement de l'oligarchie.
Les césariens ont d'ailleurs joué un rôle essentiel dans le succès de l'assassinat.
C'est Decimus Junius Brutus qui est allé lui-même chercher César à sa maison le 15 mars 44 pour quasiment le traîner de force (allez ! Viens ou sinon on va dire que tu traites le Sénat que tu as convoqué avec la désinvolture d'un roi. Et puis sinon on va dire que César se laisse dicter sa conduite par sa femme. Depuis quand le grand César à qui la Fortune obéit et qui a su forcer le destin croit aux sornettes des devins ?) au Sénat afin que l'attentat puisse être commis comme prévu.
C'est Trébonius qui a retenu Antoine sur le seuil de la curie pour que celui-ci n'accompagne pas César à l'intérieur et ne risque pas de le défendre.
Quant à Antoine, sa position demeure mystérieuse. Probablement opportuniste et prêt à exploiter toute opportunité, y compris l'assassinat de César qui, sur le papier, lui permettait de passer du 2ème rang au 3ème rang. A noter d'ailleurs qu'en 45, il n'avait pas dénoncé à César le complot auquel Trebonius avait tenté de l'associer pour assassiner le dictateur. C'est d'ailleurs pourquoi les césariens et Brutus ont posé comme condition à leur ralliement au projet de Cassius (qui lui rassemblait ce qu'il restait à Rome du parti pompéien) qu'Antoine soit épargné.
Auguste était tout aussi débauché qu'Antoine. Il était simplement plus sobre.
Il n'a, après la bataille de Philippes, pas montré le même respect envers les cadavres des généraux vaincus qu'Antoine.
Les 2 consuls qui sont morts au combat à cette époque furent les consuls de 43, Hirtius et Pansa, lors de la guerre de Modène. Des mauvaises langues ont d'ailleurs accusé Octavien d'avoir aidé le survivant des 2 à mourir afin que le consulat soit vacant et qui lui-même puisse s'y faire élire à même pas 20 ans.
Après avoir vaincu les armées d'Antoine et Cléopatre, Octavien a exercé de fait la fonction de roi. Il a célébré les cultes que les égyptiens attendaient de voir leur souverain célébrer.
Antoine était un jouisseur. Comme la plupart des aristocrates romains. S'il avait un goût particulier pour le vin, c'était aussi parce que le vin était le produit symbole de Dyonisos-Bacchus. Dyonisos-Bacchus était un dieu populaire et popularis. Tout cela était un signe politique.
Certains ont par exemple émis la thèse, concernant César, que le fait qu'il cocufiait le plus grand nombre possible d'aristocrates romains avait aussi une dimension religieuse. En tant que membre de la gens Julia, il prétendait, par Enée, descendre de Vénus. Et montrer un grand pouvoir de séduction, c'est ensuite pouvoir affirmer : "je suis vraiment le descendant de Vénus et la déesse m'a conféré, à moi son descendant (
) une partie de ses divins pouvoirs." Et accessoirement ça permet de se faire des alliés et de recevoir des confidences politiques sur l'oreiller.
On ne peut donc pas réduire les couchailleries de César au fait que c'était un type qui avait un zgeg à la place du cerveau. De même on ne peut pas déduire des beuveries d'Antoine (comme Philippe II de Macédoine et Alexandre le grand. Tiens ? Comme cette coïncidence est troublante !
) que celui-ci était un incurable ivrogne.