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 Sujet du message : La mort politique de Cicéron
Message Publié : 20 Nov 2005 21:03 
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Hérodote
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bonjour, je sous actuellement en 2ème année d'histoire et j'ai un exposé sur la mort politique de cicéron. je ne sais pas comment aborder le sujet, :oops: pouvez vous m'aider? merci! :D


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Message Publié : 20 Nov 2005 21:27 
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Eginhard
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Est-ce un texte ou un simple sujet "la mort politique de Cicéron"?

Il faut se demander de quand date la mort politique de Cicéron. Est-ce qu'elle coïncide avec la mort physique de Cicéron (43 av JC) ou bien était-il déjà "out" bien avant?

Cicéron est du parti des optimates, et à cet égard un adversaire politique de César. Sous la dictature césarienne, Cicéron est donc en retrait, mais je ne sais pas ce qu'il fait exactement (ne s'est-il pas plus ou moins exilé de Rome?). Cependant, contrairement à la période augustéenne, la liberté d'expression est relativement grande au temps de César, c'est ainsi que Cicéron n'a pas vraiment à craindre pour sa vie. Il peut même ouvertement polémiquer avec César à propos de Caton d'Utique.
Il va vouloir profiter de l'assassinat de César par les pompéiens pour reprendre le devant de la scène politique. Son hostilité farouche à Marc-Antoine, l'un des "durs" du camp césarien, va lui être fatale, et il va faire les frais du rapprochement Antoine-Octave en étant en bonne position sur les listes des proscrits.


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Message Publié : 20 Nov 2005 21:46 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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La mort politique de Cicéron ?

J'aimerais que l'intitulé de votre sujet soit plus précis. S'il n'est pas plus précis, vous pouvez considérer que Cicéron a eu plusieurs vies politiques.

Pour faire un tour rapide, Cicéron a connu une montée régulière jusqu'à son consulat de 63 qu'il nous a présenté comme le couronnement de sa carrière, dont il a vu l'apogée dans la dénonciation et la répression de la conjuration de Catilina.

Le problème est qu'il semble que le consulat de Cicéron ait eu, pour lui, des résultats politiques bien moins positifs qu'il ne l'a cru ou prétendu.

Pourquoi ?

Cicéron était la principale figure de ce qu'on pourrait appeler de parti modéré. Ni syllanien, ni popularis. Mais pourtant aristocratique. Chacun à sa place, concorde des ordres. Et surtout, que les bons citoyens prévalent sur les autres, c'est-à-dire les mauvais citoyens. En sachant que les bons sont les riches, les élites municipales, les chevaliers.

Il s'est placé dans l'orbite de Pompée pour réussir sa carrière. Mais arrivé en 64, 63, il lui fallait se faire accepter des vieilles familles aristocratiques méprisantes, lui qui était un homo novus.

Alors qu'il a été élu triomphalement au consulat, il a probablement été victiime d'une manipulation politique de César qui visait à faire tomber le masque d'un Cicéron vertueux ami du peuple. César a donc oeuvré en sous-main pour que le tribun Rullus fasse une proposition de loi radicale de distribution massive de ce qui restait d'ager publicus. Cicéron, consul, ne pouvait que s'y opposer, se coupant ainsi d'une bonne partie des masses populaires.

Et puis, surtout, la répression de la conjuration de Catilina sans procès a lourdement pesé sur son avenir. Sans compter que Cicéron s'est mis à dos Clodius lors de son procès fin 62 dans l'affaire du scandale de la Bona Dea.

Enfin, en 59, Cicéron refuse d'entrer dans l'alliance avec les triumvirs que César lui propose. Et il ne se cache pas de son intention d'attaquer et de faire annuler les actes de César comme consul dès 58.

Résultat ? César fait passer Clodius à la plèbe et le fait élire tribun de la plèbe. Et Clodius, qui en voulait à mort à Cicéron, se prépare à lui faire la peau politiquement.

Cicéron panique. Il en appelle à Pompée, à César. Mais Pompée, alors très étroitement allié à César et ne voulant pas que Cicéron remette en cause la domination des triumvirs, se montre assez évasif.
Et César propose à Cicéron de venir avec lui en Gaule comme légat, pour échapper à la vindicte de Clodius.

Cicéron refuse l'offre de César.

Dommage. Clodius a carte blanche. Il fait adopter des lois qui font condamner ceux qui ont mis à mort des citoyens romains sans procès. Voyant venir une 2ème loi qui le vise nommément, Cicéron s'exile. Une 2ème loi le prive d'eau et de feu. Autrement dit, il est déchu de ses droits civiques.

C'est certainement sa 1ère mort politique.

Il revient fin 57, César consentant à ce qu'il soit rappelé d'exil, conformément au voeu de Pompée.

Mais Cicéron veut à nouveau s'attaquer au triumvirat et tente de dissocier Pompée et César. Ca tangue un peu. Mais finalement, César relance le triumvirat grâce aux accords de Lucques. Cicéron est obligé de manger son chapeau.
Il est même obligé par Pompée de défendre des ennemis politiques qu'il voulait anéantir. Bref, il perd la face. Il se fait le fidèle serviteur des triumvirs.

Ce n'est pas une 2ème mort politique, mais presque.

Vient la 2ème guerre civile. Cicéron arrive trop tard puisqu'il était proconsul de Cilicie. Il n'arrive pas à se faire entendre. Après avoir longtemps hésité et tenté de conduire César à un compromis, il décide finalement de rallier Pompée en Epire quand il s'avère que la guerre est inévitable (en gros quand César n'a pas réussi à bloquer Pompée dans Brindes).

Après Pharsale, Cicéron estime que César a gagné et que la guerre civile doit impérativement prendre fin. Il rentre donc en Italie. Mais il n'est plus rien politiquement parce qu'il a lâché César. Il espère donc docilement l'autorisation de revenir à Rome pendant 1 an, rentrant seulement fin 47.

Et quand il revient à Rome, il fait face à un contexte particulier : la toute-puissance politique de César. Le Sénat est réduit aux accessits. Je pense qu'on peut dire que Cicéron, qui plus que tous les autres incarnait la puissance du verbe et le rôle du Sénat est la une nouvelle fois à un stade de mort politique.

Mais il renaît avec les ides de Mars : l'assassinat de César.

Pour élargir leur assiette politique aux modérés, les conjurés, et tout particulièrement Brutus, revendiquent l'autorité morale de Cicéron.

Cicéron revient sur le devant de la scène. Il va livrer son dernier combat. Essayant de diviser les césariens encore plus. Jouant magnifiquement Octavien contre Antoine, portant contre Antoine des attaques terribles, les Philippiques. Il semble que ce soit l'aveuglement et la jalousie de nombreux sénateurs qui aient fait capoter les plans de Cicéron à l'été 43. En refusant à Octavien le consulat, que Cicéron semble avoir voulu partager avec l'adolescent, le Sénat a fait le plan de Cicéron.

Le Sénat jette Octavien dans les bras d'Antoine et Lépide, précipitant la réconciliation des césariens et la formation du second triumvirat.

Octavien est entré dans Rome et en a pris le contrôle militairement.

C'est fini politiquement pour Cicéron. Il lui reste peu de temps à vivre. Antoine aura sa peau alors qu'il s'était enfin décidé à fuir.

PS : je vous conseille de lire le passionnant Cicéron, de Pierre Grimal


EDIT : S'il y a un point complètement mensonger et assez cousu de fil blanc dans le texte que vous avez à commenter, c'est bien l'affirmation selon laquelle Octavien se serait allié avec Antoine et lépide pour empêcher qu'Antoine et Lépide ne finissent par s'allier à Brutus et Cassius, chose dont Antoine aurait menacé Octavien.

Rien ne me semble plus illogique.

Néanmoins, pour un public romain peu informé, l'accusation n'était pas trop maladroite.

En effet, dans les mois qui ont suivi l'assassinat de César, Antoine a incarné une politique de conciliation entre césariens et césaricides. Il a fait voter l'amnistie alors qu'Octavien, tout juste revenu à Rome, se posait en vengeur.

Donc, le parti d'Octavien a pu juger relativement crédible, selon la bonne maxime "qui a bu boira", d'accuser Antoine de vouloir s'entendre à nouveau avec Brutus et Cassius.

Rien n'est cependant plus faux.

En réalité, c'est surtout Octavien qui se trouvait pris entre deux feux à la veille des accords de Bologne. Il tenait l'Italie pendant qu'Antoine et Lépide tenaient les provinces occidentales et que Cassius et Brutus tenaient les provinces orientales.

Des 3 groupes, Octavien était le plus faible. Un accord entre les 2 plus puissants était illogique. Ca aurait été un accord purement temporaire éliminant le plus faible avant le grand règlement de comptes. Plus probable aurait été le fait qu'Antoine et Lépide marchent sur Rome si Octavien avait refusé de s'entendre.

Et surtout, c'était occulter un autre fait. A savoir que c'était alors Antoine qui représentait l'élément extrémiste dans le camp césarien alors qu'Octavien se présentait comme au service de la république et du Sénat. Octavien s'était en effet allié avec les ennemis et les assassins de César pour, dans une logique de bascule, affaiblir Antoine.


Dernière édition par Caesar Scipio le 28 Nov 2005 11:36, édité 1 fois.

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Message Publié : 20 Nov 2005 22:06 
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Grégoire de Tours
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La grande, et ultime, erreur du Père de la Patrie qui incarnait les valeurs républicaines, fut, il me semble d'avoir dit d'Octavien "qu’il devait être loué, décoré, puis mis de côté".

Il refusa le Consulat à Octavien qui marcha sur Rome et s'imposa Consul.

Puis, Cicéron, fut jeté comme un os à la vindicte d'Antoine et de son épouse, la richissime Fulvia, veuve de Claudius qui avait forcé jadis Cicéron à l'exil ...

On décrivit comment Fulvia manipula la langue de la tête tranchée de Cicéron, exposée à Rome, et qu'elle lui fit dire des vilainies ...

Donc, on pourrait dire qu'un Père de la Patrie fut tué parce qu'il s'opposa à celui qui devint aussi Père de la Patrie ...

_________________
Spartacus avait raison ...


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Message Publié : 20 Nov 2005 22:31 
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Eginhard
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Hérodote a écrit :
La grande, et ultime, erreur du Père de la Patrie qui incarnait les valeurs républicaines, fut, il me semble d'avoir dit d'Octavien "qu’il devait être loué, décoré, puis mis de côté".

Cicéron, père de la patrie?
Je n'ai jamais entendu ce titre à propos de lui. Vous êtes sûr?


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Message Publié : 20 Nov 2005 22:32 
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Philippe de Commines
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N'oublions pas le sujet qui intéresse notre ami étudiant : la mort politique de Cicéron. :wink:


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Message Publié : 23 Nov 2005 19:44 
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Hérodote
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Ok, merci pour les reponses, ca m'a bien aidé. dsl, de ne pas avoir repondu avant car je devais réviser pour un exam en histoire grecque!... :D pour repondre a ta question, cesar scipio, l'intitulé du sujet est : "la mort de Cicéron" avec un texte. en le choisissant, je pensais que c'était la mort (physique)de ciceron, mais en lisant le txte, j'ai compris que c'était sa mort politique!...
le texte est ecrit par Velleius Paterculus, Histoire romaine,II, 65-68.
je vais vous tapper le texte pour illustrer ma question:
"le rapprochement d'Octavien, et d'Antoine et l'assassinat de Cicéron."
Lépide, César et Antoine commencèrent alors à échanger des lettres et à parler d'accords. Antoine ne cessait de rappeler à César combien les partisans de Pompée lui étaient hostiles, à quelle puissance ils s'étaient déjà élevés, avec quelle ardeur Cicéro exaltait Brutus et Cassius; il déclarait que si César méprisait son alliance, il unirait ses forces à celle de Brutus et de Cassius qui étaient déjà maitres de 17 légions; il ajoutait enfin que le devoir de venger César incombait à son fils plus quà so ami. Antoine et César conclurent alors une alliance,puis, sur les exhortations et les prières de leurs armées, ils s'unirent encore par la parenté et la belle- fille d'Antoine fut fiancée à César. Puis eclatèrent à la fois les fureurs d'Antoine et de Lépide. Tous deux, comme npus l'avons dit, avaient été déclarés ennemis publics... Malgré l'opposition de César (opposition qui fut vaine puisqu'il était seul contre deux), ils renouvellèrent le crime dont Sylla avait donné l'exemple, les proscriptions.
Qu'y eut-il de plus digne? on vit César contraint à proscrire et il trouva quelqu'un pour proscrire Cicéron. Antoine par son crime fit taire cette voix qui fut celle de la patrie. Personne n'entreprit de défendre la vie de celui qui, pendant tant d'années, avait défendu aussi bien les intérets de l'Etat que ceux des citoyens.

On peut voir, que la mort politique de Cicéron n'est mentionné qu'à la fin. de plus, on remarque que Velleius Paterculus, donne une vision assez subjective du travail que fait Cicéron. Puisqu'il definit Cicéron comme un homme qui défendait les interets de l'Etat mais aussi ceux des citoyens. alors que la majeure partie du texte explique les alliances des hommes politiques pour avoir le pouvoir. je pense que lauteur le definit comme un bon orateur mais agit rapidement. je pense qu'ici, on parle de son exil de 58. (a cause de sa décision de faire executer des complices de Catilina. (et non, de sa mort en 43, a cause de la reconcilliation entre Marc Antoine, et Octave)
Mais je me demande lequel des 2 brutus est cité? est Marcus Junius Brutus ou Decimus Junius Brutus? car ils ont tous les deux vecu a la meme période et ont tous les deux participé à la mort de César. (je pense que l'auteur cite M Junius Brutus?)
J'ai parlé à une amie qui fait le même exposé que moi, et pense que Octave est l'autre nom de César. Or, je pense pour ma part que Octave est le fils adoptif de César (le futur Auguste, non?)

un grand merci à tous ceux qui m'eclaireront sur ce sujet! :D


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Message Publié : 23 Nov 2005 23:25 
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Eginhard
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Citer :
J'ai parlé à une amie qui fait le même exposé que moi, et pense que Octave est l'autre nom de César. Or, je pense pour ma part que Octave est le fils adoptif de César (le futur Auguste, non?)

Octave est le fils adoptif de César et le futur Auguste, c'est tout-à-fait juste. Mais en tant que fils de César, il porte son nom et il est devenu ainsi César Octavien.
Et dans ce texte, à chaque fois qu'est mentionné "César", il s'agit de César Octavien = Octave.

Citer :
Mais je me demande lequel des 2 brutus est cité? est Marcus Junius Brutus ou Decimus Junius Brutus? car ils ont tous les deux vecu a la meme période et ont tous les deux participé à la mort de César. (je pense que l'auteur cite M Junius Brutus?)

Moi, je ne sais pas du tout, je confonds toujours les deux, mais j'aurais tendance à dire : peu importe. :wink:
L'important est de bien voir que Crassus et Brutus, ce sont les césaricides, sans entrer dans le détail (enfin, c'est que mon avis).

Et sinon, il est évident que Velleius Paterculus n'est absolument pas objectif, et pas que dans la présentation de Cicéron!
Regardez comment la fureur meurtrière est du côté d'Antoine. Octave ("César" dans le texte), lui, est opposé à tant de violences, mais il est contraint par la nécessité (le pauvre).
De plus, Antoine, pourtant largement l'héritier politique de César, affirme dans ce texte qu'il pourrait s'allier avec Brutus et Cassius, ce qui me parait aberrant (il leur est politiquement opposé, et puis c'est contradictoire puisqu'il vient de dire que ceux-ci le haïssent) ; et celà revient juste, pour Velleius Paterculus, à discréditer Antoine.

Il est évident que le texte, écrit sûrement au début du Ier siècle (je crois que V. Paterculus était un proche de Tibère), vise à exalter Auguste contre Antoine. Et la valorisation de Cicéron va dans le même sens. Il faut savoir que, même si Cicéron était un adversaire politique de César, un optimas, la politique augustéenne fut très conservatrice. A ce titre, Cicéron n'est pas tant opposé d'Auguste. De plus, Cicéron est l'incarnation du républicain et le théoricien du "tuteur de la république" (c'est-à-dire une république avec un premier des citoyens, en aucun cas un monarque) ; or cette théorie rejoint largement Auguste dans sa fiction de maintien de la République.

A mon avis, la présentation favorable de Cicéron dans ce texte est à comprendre en fonction d'enjeux politiques qui datent du moment où écrit V. Paterculus, qui cherche à justifier le régime augustéen.
Cette dimension n'est pas à négliger (c'est une pure interprétation de ma part, peut-être fausse!) parce qu'on voit que ce texte parle finalement très peu de Cicéron. Ce n'est pas son objet principal. Cicéron est ici un objet plutôt de la rivalité Octave-Antoine, et V. Paterculus chercher à discréditer Antoine par ce crime abominable qu'est tuer un grand républicain. Bref, Octave est un républicain, pas Antoine. C'est tout-à-fait dans la propagande augustéenne.

PS : une phrase importante du texte à mon avis : "il ajoutait enfin que le devoir de venger César incombait à son fils plus quà son ami." En effet, les liens de parenté (même adoptive) à Rome sont extrêment importants : un fils doit venger son père. Cela montre une grande partie de la légitimité d'Octave dans toute sa politique : en effet, l'héritier politique de César est plutôt Antoine ; mais Octave tire un prestige énorme de son père et il est tenu de venger son père, et en quelque sorte, de suivre sa voie.


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Message Publié : 23 Nov 2005 23:29 
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Eginhard
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PS :

fannette a écrit :
en le choisissant, je pensais que c'était la mort (physique)de ciceron, mais en lisant le txte, j'ai compris que c'était sa mort politique!...

Ici, il s'agit bien de la mort physique de Cicéron. Quand il est dit que Cicéron fut proscrit (sur initiative d'Antoine, Octave étant contraint), cela veut dire qu'il est destiné à être tué.
Les proscriptions à Rome, c'est un système qui consiste à afficher les noms de ses opposants politiques et à offrir une récompense à celui qui les tuera. Bref, proscrire Cicéron, c'est le condamner à mort.
Et effectivement, il va être tué pas très longtemps après ce discours (supposé) d'Antoine à Octave.


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Message Publié : 25 Nov 2005 19:31 
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Philippe de Commines
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Ca change tout avec ce sujet qui est un commentaire de texte.

La mort de Cicéron, c’est autre chose que sa mort politique.

Mais vous avez là d’ores et déjà une belle conclusion toute trouvée. Déjà il y a 21 siècles, on avait conscience qu’on n’est jamais mort politiquement tant qu’on n’est pas mort physiquement. Et c’est bien pour cela que, dans un contexte de radicalisation politique et de préparation du grand affrontement militaire avec les césaricides, les triumvirs, même Octavien qui était certainement le mieux disposé des trois à l’encontre de Cicéron, pouvaient difficilement laisser en vie un adversaire aussi emblématique que Cicéron qui risquait de leur miner le terrain en Italie.

Je suis d’accord avec Helios quand il vous met en garde contre la source qu’est Velleius Paterculus, qui était en effet un ami de Tibère, et surtout un des 2 hagiographes de César et Auguste avec Nicolas de Damas.

Antoine finalement vaincu militairement et politiquement, et victime ensuite d’une véritable damnation mémoriae, était pour Auguste le bouc émissaire tout trouvé de toutes les horreurs de la guerre civile qui a de nouveau éclaté quelque temps après l’assassinat de César.

Je n’oublierai pas de contredire Helios sur un point : son affirmation selon laquelle le véritable héritier politique de César aurait été davantage Antoine qu’Octavien qui aurait surtout été son héritier familial.

Votre extrait commence donc par une référence à la formation du triumvirat, à l’automne 43, avec les accords de Bologne et l’adoption de la lex Titia.

Novembre 43 alors que César est mort en mars 44, il y a là un écart d’un an et demi qui doit vous interroger.

Pourquoi un tel délai ? Et pourquoi Cicéron, qui avait jusque là réussi à survivre à la guerre civile, au pouvoir du 1er triumvirat et à la guerre civile alors qu’il avait pourtant, après avoir tergiversé et cherché à réconcilier Pompée et César, a-t-il cette fois été la 1ère victime du nouveau triumvirat formé par :
- Antoine, ancien consul de 44 qui avait été le maître du jeu politique à Rome après l’assassinat de César, et qui tenait illégalement la Gaule cisalpine en 43,
- Lépide, ancien maître de la cavalerie du dictateur César, et qui était alors proconsul en Gaule Transalpine et en Espagne cistérieure,
- Octavien, le petit-neveu et fils adoptif de César qui venait, après un coup de force et une marche sur Rome, de se faire élire au consulat avec son cousin Quintus Pedius ?

Telle est la question.

Comme l’a souligné Helios, ce texte de Velleius Paterculus nous en dit davantage encore par ce qu’il déforme que par ce qu’il rapporte.

Il y a une raison à cela. Quand Velleius Paterculus écrit, Auguste a été divinisé après son décès et il est le fondateur du Principat, le prétendu restaurateur de la république dont la stabilité est maintenue grâce à la tutelle d’un Premier citoyen, celui qui a ramené la paix et la concorde civile et amené un nouvel âge d’or, si on en croit Virgile.

Entre le 15 mars 44 et le vote de la lex Titia, tout l’édifice politique élaboré par César est en morceaux, décapité par l’assassinat du dictateur qui, précisément, n’avait pas encore donné une forme institutionnelle aboutie à son système de pouvoir. César n’avait pas désigné de successeur d’une manière suffisamment claire.

C’est d’abord Antoine qui va emporter le morceau en maintenant la paix civile grâce à un accord avec les césaricides et le parti qu’on peut globalement appeler antimonarchique. Antoine fait valider les actes de César, il fait même parler le mort dont l’autorité est énorme vu qu’il avait complètement noyauté le système politique romain entre 49 et 44. En échange, les assassins sont amnistiés. Bref, Antoine a réussi à se poser en médiateur qui a épargné à la patrie une nouvelle guerre civile, et en nouveau chef du parti césarien.
Certes le Sénat a relevé la tête, mais Antoine ne respecte pas ses prérogatives. Il a même réussi à éloigner Cassius et (Marcus, pas Décimus) Brutus de Rome.

Mais voilà que le retour d’Octavien à Rome va faire éclater l’équilibre politique construit à son profit par Antoine. Octavien se pose d’abord en jusqu’au boutiste qui veut venger l’assassinat de son père adoptif. Et il recueille de très nombreux appuis parmi les clients de César et surtout parmi les anciens vétérans de César.

Octavien pousse à la rupture, si bien que la position de médiateur que s’était construit Antoine n’est plus tenable. D’autant moins tenable que le Sénat veut retrouver pleinement ses anciennes prérogatives et qu’Antoine est l’obstacle principal à cette restauration.

Le résultat est que, pendant qu’Antoine rétablit l’ordre en Italie et se fait tirer dans le dos par le Sénat qui veut maintenir la situation acquise par les césaricides (comme Decimus Brutus en Gaule cisalpine), Octavien va se rapprocher du Sénat et s’allier avec les anciens opposants à son père.

La guerre de Modène éclate fin 44. Et Antoine se retrouve en position de faiblesse.

C’est alors Cicéron qui est à la bataille. On ne peut pas parler de la mort de Cicéron sans évoquer les philippiques et le fait que Cicéron a été le fer de lance de l’opposition à Antoine, prenant un rôle bien plus grand et glorieux que celui, finalement assez facile, qu’il avait joué dans la répression de la conjuration de Catilina.

La politique de Cicéron consistait à diviser l’ancien parti césarien en jouant le jeune Octavien contre Antoine, afin de gagner du temps pour que Brutus et surtout Cassius, qui ont réussi à se rendre maîtres de toute la partie orientale de l’empire romain, puissent aguerrir leurs forces et revenir en Italie.
On peut supposer qu’Octavien était ensuite destiné à être éliminé une fois le parti anticésarien vainqueur mais cela reste une supposition.

Antoine est vaincu dans la guerre de Modène, grâce principalement à l’action d’Octavien. A signaler que la guerre de Modène, ce sot des généraux césariens (les consuls Hirtius et Pansa) appuyés par le fils adoptif de César qui se battent contre un ex-consul césarien (Antoine).

Antoine se replie en bon ordre en Gaule, et là, il réussit finalement à rallier Munatius Plancus qui tient toute la Gaule chevelue, Lépide qui tient la Narbonnaise et l’Espagne cistérieure, et Asinius Pollion (qui a bien caché son jeu et essayé d’annoncer le plus tard possible son ralliement) qui tenait l’Espagne ultérieure. Pourquoi ? Grâce à son charisme et surtout au fait que tous les légionnaires commandés par ces proconsuls ont en commun d’être d’anciens soldats de César dont Antoine était le principal lieutenant.

Pendant ce temps, à Rome, le Sénat, contre l’avis de Cicéron, essaie d’abaisser Octavien, de l’humilier et refuse de le laisser accéder au consulat, récompensant au contraire des césaricides.
Cicéron envisageait, lui, de partager le consulat suffect en 43 (suite au décès de Hirtius et Pansa) avec Octavien. Il était assez logique : maintenir à tout prix la division du parti césarien entre d’un côté Antoine et de l’autre Octavien.
Devant ce refus, Octavien rentre avec ses troupes dans Rome et se fait décerner par le force le consulat avec son cousin Pedius.

Cicéron a échoué, principalement à cause du refus de nombreux sénateurs de suivre sa stratégie.

Quant à Octavien et à Antoine, leurs soldats refusent de se combattre. Et surtout, Antoine affiche désormais un nombre beaucoup plus importants de légions (Gaules et Espagnes). Les anciens césariens, pour ne pas risquer d’être battus séparément par les légions de Cassius et Brutus, se réconcilient donc. Avec le seul objectif autour duquel ils puissent s’unir : venger César et se partager le pouvoir.

Dans ce contexte, celui d’un affrontement militaire décisif entre césariens et césaricides qui se partagent le monde romain, il n’est pas admissible que l’Italie puisse être agitée par des opposants comme Cicéron qui essaierait de scier la planche aux césariens, surtout à Antoine qu’il hait et qui le lui rend bien.

Pour les césariens, il fallait que Cicéron meure. Certes, Antoine avait des raisons personnelles d’en vouloir à Cicéron. Mais l’alliance des triumvirs avait un prix. Il leur fallait asseoir leur pouvoir par la terreur et par l’élimination de leurs adversaires puisqu’ils interprétaient l’assassinat de César comme la preuve que sa politique de clémence avait échoué.

Quant à la figure de Cicéron, une fois les fureurs des guerres civiles passées, il devenait un homme consensuel. Et un symbole bien utile, lui qui était le principal porte-parole des élites municipales italiennes.

Octavien pouvait bien pleurer après coup sur la mort de Cicéron. En 43, il n’avait pas les moyens de s’opposer à sa proscription, et probablement n’en avait-il pas fortement envie. Il n’était pas dupe du fait que Cicéron avait essayé de le berner et cherchait à l’éliminer. Vous imaginez Cicéron lui-même accepter de toutes façons de vivre dans un régime monarchique lui qui avait enfin décidé de se lancer à fond dans la bataille après la mort de César qu’il appelait le tyran ?

A noter que vous n’échapperez pas à une référence aux proscriptions de Sylla.

Et pour répondre à Helios, sur le véritable héritier politique de César, je pense que les rôles ont tout simplement changé selon les circonstances. Le fait qu’il ait gouverné l’orient héllénistique (ainsi que son inclination personnelle) ont conduit Antoine à adopter et afficher un mode de gouvernement plus ouvertement monarchique.

Mais pourtant, alors que début 41 Octavien est de retour à Rome, c’est Antoine et ses partisans (son frère notamment) qui prend le rôle plutôt pompéien de défenseur des intérêts des aristocraties municipales contre les vétérans qu’Octavien tente tant bien que mal d’installer sur des lots de terres en Italie.

Je pense donc que si Octavien a joué le rôle du restaurateur de la république et du défenseur de l’Italie, c’est parce que c’est le meilleur atout qu’il a trouvé dans son jeu politique.


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Message Publié : 30 Nov 2005 20:02 
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Un grand merci a helios et a caesar scipio de m'avoir aidée pour mon exposé! grace a vous, j'ai bien avancé dans la redaction et l'ébauche d'un plan. c'était tr interessant de parler sur ce sujet avec des personnes si calées en histoire romaine. encore merci.


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 Sujet du message : reune p'tie question!
Message Publié : 01 Déc 2005 19:57 
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Hérodote
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Inscription : 20 Nov 2005 20:50
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Localisation : Lille
:D je ne comprends pas très bien pourquoi velleius peterculus fait des eloges sur cicéron alors qu'il est contre les idées politiques de jules césar et qu'il a manipulé le jeune octavien? je pense que cela rentre dans un propagande augusténienne, pour montrer qu'antoine a tué un citoyen romain très important. et pouquoi l'auteur nomme jules cesar par "césar" et octavien pas "césar"? cela montre que octavien, est l'heritier de césar, et c'est pour cela qu'il porte le même nom. ou il ne veut pas dissocier les deux personnages?


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Message Publié : 01 Déc 2005 20:43 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
Message(s) : 1659
Soyons clairs.

Il y a en 44 un homme qui s'appelle Caius Julius Caesar et qui se trouve être le maître du monde. Il est dictateur à vie depuis peu. Il est grand pontife. Il a la préfecture des moeurs (=le pouvoir des censeurs sans le titre) et la sacrosainteté des tribuns de la plèbe. Il fait l'objet d'une divinisation dès son vivant. Il est le maître de toutes les armées.
Et il est l'homme le plus populaire et le plus riche de Rome, de l'Italie et de l'empire.

Et à côté, il y a son petit-neveu qui s'appelle Caius Octavius. Imaginez que le neveu de Napoléon 1er ait été le fils d'une soeur et non pas d'un frère de Napoléon. Qu'il se soit appelé Louis Dupont. Ca en jette moins. :lol: Le nom de Bonaparte était magique et avait fait le tour du monde. Même chose pour le nom de César.

La pratique voulait qu'un adopté prenne le nom de son père adoptif et conserve en 2ème cognomen son ancien gentilice.

Donc, en étant adopté (chose qu'il n'a apprise qu'après la mort de César lors de la lecture du testament), Caius Octavius (le futur Auguste) est devenu Caius Julius Caesar Octavianus. (de même que Lucius Aemilius Paullus était devenu Publius Cornelius Scipio Aemilianus)

Et comme le nom de César était magique, eh bien Octavien a plus qu'insisté pour être appelé César et non pas Octavius ou Octavianus. Il a même fait confirmer par une loi son adoption testamentaire.

Il est donc normal que les historiens antiques l'appellent César. De la même façon, on parle de Johnny Halliday et non pas de Jean-Philippe Smet.

A l'époque, on appelait donc Octavien César le jeune ou le jeune César, par opposition au vieux. Du moins l'a-t-on fait tant qu'Auguste était un jeune homme.

Il est aussi normal que Velleius Paterculus fasse des hommages à Cicéron puisqu'il s'agit de salir Antoine le rival défait présenté comme un vilan extrémiste aspirant à une monarchie de type héllénistique alors que Cicéron avait théorisé sur la mise en place d'un princeps qui serait le gardien de la république aristocratique. Comme il s'est affublé du titre de princeps et comme il a prétendu être un restaurateur de la république, Auguste a voulu présenter son régime sous des atours modérés et républicains en jouant sur la confusion avec la thèse développée par Cicéron.

En réalité, rien n'était plus distant de la notion de princeps cicéronien que celle de princeps césarien.


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