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Message Publié : 03 Jan 2006 21:57 
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Thucydide
Thucydide
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Sol_Invictus a écrit :
Certes. Mais pour ma part, je me rappelle bien les vers 96-97 de la Satire XIV de Juvénal, qui sont parfaitement explicites :
Quidam sortiti metuentem sabbata patrem
Nil prater nubes et caeli numen adorant.

(Trad.: "Certains, ayant hérité du sort un père craignant-le-Sabbat, n'adorent rien que les nuages et la puissance du ciel.")

D'ailleurs, l'intégralité des vers 96-106 de cette satire apporte de nombreux éléments de réponse à la question par laquelle cette discussion a commencé : je ne saurais qu'en recommander la lecture.



Certes, il faut bien relire Juvénal, mais ne pas en prendre quelques morceaux et laisser le reste aux orties, voici, suivant la traduction d'Henri Clouard, l'intégralité du texte, qui parle de l'éducation du père :

Citer :
Cétronius était grand bâtisseur ; tantôt sur le rivage incurvé de Gaète, tantôt sur les hauteurs de Tibur, tantôt dans les montagnes de Préneste, il élevait de hautes maisons, et les marbres qu'il faisait venir de Grèce et de plus loin encore éclipsaient ceux du temple de la Fortune et d'Hercule : tout comme l'eunuque Posidès nous a éclipsé le Capitole. Cétronius, à se loger ainsi, entama sa fortune et diminua ses ressources, il n'en a pas moins laissé un fort joli héritage : or l'héritage entier y a passé ; car le fils, atteint de la même folie que le père, a tout dissipé en élevant de nouveaux palais en marbres encore plus beaux.
Quelques jeunes gens dont les pères observent le sabbat ont pour dieux les nuages et la calotte des cieux ; ils enveloppent d'une même horreur la chair humaine et celle du porc dont le père s'abstenait. Ils ne tardent pas à se faire circoncire. Élevés dans le mépris des lois romaines, ils n'ont pour étude, pour pratique et pour vénération que la loi de Moïse transmise dans un livre mystérieux ; ils n'auraient garde de montrer le chemin aux fidèles d'un autre culte, d'indiquer une fontaine à d'autres qu'à des circoncis. Mais quelqu'un est coupable, c'est le père, qui a réservé chaque septième jour pour l'inaction, hors de toute vie commune. C'est spontanément que les jeunes gens imitent les mauvais exemples...

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De tout ce qui respire et rampe sur la terre, il n’est rien de plus piteux que l’homme ! (Homère)


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Message Publié : 04 Jan 2006 11:25 
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Polybe
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Hélas, c'est bien connu, la traduction d'Henri Clouard (des anciennes éditions Garnier) fourmille d'inexactitudes et d'approximations :?

"Numen caeli" ne peut en aucun cas être traduit par "calotte des cieux", mais bien par "puissance <divine> du ciel".

"Envelopper d'une même horreur la chair humaine et celle du porc" est une pure extrapolation du traducteur : le texte se contente de dire "ils pensent qu'il n'y a aucune différence entre la chair humaine et celle du porc" (= ils s'abstiennent de manger du porc comme s'il s'agissait de chair humaine)

"Soliti" ne signifie pas "élevés" mais "habitués", "accoutumés" ; ce n'est pas grave en soi, mais cela fait déjà beaucoup d'inexactitudes pour une dizaine de vers. Et c'est ainsi tout au long du volume...

Quant au dernier vers, il n'appartient pas à cette séquence, mais en ouvre une autre, consacrée à l'avarice (Clouard n'a pas traduit le "tamen" qui ouvre la nouvelle séquence). Le nouveau passage commence ainsi :
"Cependant, c'est spontanément que les jeunes gens imitent généralement (= cetera, placé en prolepse) les mauvais exemples : il n'y a que l'avarice qu'on leur ordonne de pratiquer, même contre leur gré. etc.".

Tout cela pour dire que la traduction d'Henri Clouard ne constitue pas un bon outil de travail pour une étude scrupuleuse du texte de Juvénal : la meilleure traduction à ce jour reste, à mon avis, celle (aussi ancienne) de P. de Labriolle et F. Villeneuve aux éditions "Les Belles Lettres" (collection "Budé") et je me garderais bien de la jeter aux orties ! :P

Mais, même traduit par Clouard, le passage restitue assez bien ce qu'une bonne partie des ingenui pouvaient penser des Juifs. Sed hactenus haec...

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"Solus pudor non vincere bello."
LUCAIN, "La Guerre civile", à propos de César


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Message Publié : 04 Jan 2006 11:53 
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Thucydide
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N'étant pas latiniste, je vous remercie de cette leçon.

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Message Publié : 04 Jan 2006 21:04 
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Thucydide
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Ou puise-je trouver une bonne traduction des Satires de Juvénal ? Autre par que sur le site de http://ugo.bratelli.free.fr/

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Message Publié : 05 Jan 2006 14:23 
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Polybe
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A ma connaissance, la seule traduction française disponible sur le web est celle de H. Clouard (Ugo Bratelli) : les autres ne sont pas libres de droits !

On peut en revanche trouver en ligne la traduction anglaise par G. Ramsay (pour les éditions "Loeb classical library", 1ere éd. 1918), mais l'anglais utilisé est particulièrement vieilli.

En ce qui concerne les volumes-papier la meilleure traduction française est celle de la collection "Budé"... mais elle coûte assez cher.

Beaucoup plus adobordable et très agréable à lire est celle de Claude-André Tabart (édition de poche "Gallimard-Poésie").

Celles dues à Oliviers Sers sont en revanche à déconseiller (éditions Les Belles Lettres), de même que celle de Pierre Feuga ( éditions Orphée-La Différence... si on la trouve encore !!) et celle publiée par les éditions "Arléa".

Voilà, c'est à peu près tout ce qui est couramment disponible.

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LUCAIN, "La Guerre civile", à propos de César


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