Hélas, c'est bien connu, la traduction d'Henri Clouard (des anciennes éditions Garnier) fourmille d'inexactitudes et d'approximations
"
Numen caeli" ne peut en aucun cas être traduit par "calotte des cieux", mais bien par "puissance <divine> du ciel".
"Envelopper d'une même horreur la chair humaine et celle du porc" est une pure extrapolation du traducteur : le texte se contente de dire "ils pensent qu'il n'y a aucune différence entre la chair humaine et celle du porc" (= ils s'abstiennent de manger du porc comme s'il s'agissait de chair humaine)
"
Soliti" ne signifie pas "élevés" mais "habitués", "accoutumés" ; ce n'est pas grave en soi, mais cela fait déjà beaucoup d'inexactitudes pour une dizaine de vers. Et c'est ainsi tout au long du volume...
Quant au dernier vers, il n'appartient pas à cette séquence, mais en ouvre une autre, consacrée à l'avarice (Clouard n'a pas traduit le "tamen" qui ouvre la nouvelle séquence). Le nouveau passage commence ainsi :
"Cependant, c'est spontanément que les jeunes gens imitent généralement (=
cetera, placé en prolepse) les mauvais exemples : il n'y a que l'avarice qu'on leur ordonne de pratiquer, même contre leur gré. etc.".
Tout cela pour dire que la traduction d'Henri Clouard ne constitue pas un bon outil de travail pour une étude scrupuleuse du texte de Juvénal : la meilleure traduction à ce jour reste, à mon avis, celle (aussi ancienne) de P. de Labriolle et F. Villeneuve aux éditions "Les Belles Lettres" (collection "Budé") et je me garderais bien de la jeter aux orties !
Mais, même traduit par Clouard, le passage restitue assez bien ce qu'une bonne partie des
ingenui pouvaient penser des Juifs.
Sed hactenus haec...