lysandros405 a écrit :
1)- la réduction du culte des Dieux lares affaiblit la cohésion de la communauté, le rattachement du destin individuel au destin collectif et l'apparition de comportements plus individualistes dans l'aristocratie militaire.
Il y a bien d'autres facteurs de cohésion et l'empereur, lieutenant de Dieu sur terre en est un éminent. De plus il ne fait pas sous estimer le point de la civilisation elle-même. Tous les habitants sont fiers d'appartenir à l'Empire (moins les révoltés des Bagaudes, les Isauriens et les laissés pour compte évidemment) puisque cela les distingue des Autres, regardé systématiquement comme des barbares. La conscience d'appartenance à l'Empire est très forte et s'est renforcée depuis l'édit de Caracalla. D'ailleurs les historiens romains ne cessent de désigner les habitants de l'Empire selon leur origine ethnique, mais pas quand il les opposent aux Autres ; là ce sont tous des Romains. Les comportements chrétiens n'ont guère influé sur le destin de l'Empire simplement parce qu'il existe un monde entre les textes des auteurs chrétiens et les réalités locale ; cela n'a guère bouleversé les mentalités et c'est au contraire la massification du christianisme qui a amené sa propre transformation en une Eglise, entité "politique" soumise aux empereurs.
lysandros405 a écrit :
2)- L'universalisme de Saint Augustin facilite l'acceptance sur le sol de l'empire de populations nombreuses et non controlées politiquement, puisqu'après tout elles constituent de nouvelles âmes à convertir. Si ces populations avaient été conquises militairement sur leurs territoires d'origine, réduites en nombre par les lois de la guerre, et romanisées progressivement par l'administration impériale, les conséquences auraient été différentes puisque la sécurité des voies commerciales dans l'empire auraient été maintenues. Le Christianisme a au contraire favorisé l'acceptance de la pénétration massive de populations allogènes qui sont devenues rapidement négatives (Ostrogoths, Vandales,..) pour la sécurité collective et ont facilité l'éffondrement économique de la partie occidentale de l'empire, précédant l'effondrement militaire et structurel, la régression des villes, et la déposition du dernier Auguste.
C'est absolument faux et seulement fondé sur les parole de Savinien de Marseille qui est le seul a voir les barbares comme des libérateurs. Au contraire jamais les mentalités romaines n'ont été aussi massivement opposées aux barbares. Ce n'est pas pour rien que les Goths passé dans l'Empire après acceptation de Valens se sont révoltés ; c'est parce qu'on les a parqué et qu'on a refusé de leur donner du ravitaillement. La xénophobie est alors très vivres chez certains habitants et en particulier les aristocrates. C'est au contraire donc parce que l'Empire perd sa capacité à intégrer les barbares qu'il se produit révolte et création d'un Etat dans l'Etat. Cela faisait bien longtemps que les Romains faisaient passer des barbares dans l'Empire pour les y installer, depuis Auguste avec les Ubiens. Pour information, Constantin aurait installé près de 300000 Sarmates dans l'Empire, en a-t-on entendu parler par la suite? Non, intégration réussi... La vision que vous développer est celle initiée notamment par Gibbon et elle date du XVIIIe siècle, époque où l'on traite l'histoire avant tout de manière partisane et l'Eglise, à la suite du courant des Lumières n'est plus guère en odeur de sainteté... Or si l'Empire s'affaiblit au Ve siècle c'est principalement le fait d'une politique impériale ; confier la défense des frontières à des peuples barbares entiers pour qu'ils s'étripent entre eux et évite d'avoir à solder une immense armée romaine, jusque là si efficace. Sauf que sans armée comment faire respecter ses décisions? La seule solution trouvée fut d'envoyer un peuple barbare plus ou moins fidèle contre un autre en révolte ce qui ne faisait que reporter le problème. Étrangement la partie orientale, qui réagit avec encore plus de xénophobie que l'Occident après l'épisode de Gaïnas, conserva une armée et survécut...