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 Sujet du message : Rome et la xénophobie
Message Publié : 03 Juin 2003 14:56 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 10 Juil 2002 10:44
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J'ai une question qui me tarabuste depuis quelques temps et qui s'est agravée depuis que je lis Juvénal.
Même si je sais que cet auteur doit être pris avec des pincettes pour ce qui est de sa valeur historique, on ressent dans ses écrits une profonde xénophobie.

J'aimerais savoir si ce phénomène était étendu à tout l'Empire romain ou uniquement à certains esprits "conservateurs" (c'est le moins que l'on puisse dire) :?:

PS : Et si vous avez des lectures à me conseiller, ce serait sympa

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"La culture de la pomme de terre est un témoin géographique de la découverte de l'Amérique, comme celle de la betterave est une conséquence du Blocus continental"
* L.-E. Halkin


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 Sujet du message : Re: Rome et la xénophobie
Message Publié : 03 Juin 2003 20:47 
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Inscription : 09 Avr 2003 12:43
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Hannibal a écrit :
J'ai une question qui me tarabuste depuis quelques temps et qui s'est agravée depuis que je lis Juvénal.
Même si je sais que cet auteur doit être pris avec des pincettes pour ce qui est de sa valeur historique, on ressent dans ses écrits une profonde xénophobie.
Je ne me rappelle pas de ce point en particulier, c'est dans les Satires je suppose ? J'en ai un souvenir agréable pour l'aspect vie quotidienne à Rome...

Hannibal a écrit :
J'aimerais savoir si ce phénomène était étendu à tout l'Empire romain ou uniquement à certains esprits "conservateurs" (c'est le moins que l'on puisse dire)
Les Romains étaient très fier de leur civilisation, de leur grandeur, de leur ascendance... et il est vrai qu'ils traitaient les peuples soumis d'un peu de haut, surtout les "Orientaux" (Egyptiens, Hébreux...). Vis à vis des Grecs, les avis étaient plus partagés : les "lettrés" reconnaissaient généralement (assez discrètement tout de même) tout ce qu'ils leur devaient et mettaient un point d'honneur à donner à leurs enfants une "éducation à la grecque" ; pour la plèbe, les Grecs étaient un peuple de querelleurs sans force militaire donc assez méprisable.

Juvénal écrit en quelque sorte un traité sur la décadence et prône un retour aux valeurs morales de la République des pères fondateurs, ce qui le conduit à des prises de positions "conservatrices". Vers la fin de l'empire, la xénophobie sera moins de mise pour la simple et bonne raison que Rome est devenue un sacré melting-pot méditerranéen (quant à la légion elle est gauloise ou germaine).

Cette xénophobie antique me semble cependant beaucoup plus répandue et encore plus méprisante chez les Grecs classiques (Cf la notion de cité et de citoyen).

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Message Publié : 03 Juin 2003 21:36 
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Eginhard
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Inscription : 14 Avr 2003 8:06
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Clio a écrit:''Les romains étaient très fier de leur civilisation....il est vrai qu'ils traitaient les peuples soumis d'un peu de haut...''

Tout comme les Égyptiens,les Babyloniens etc.Et aujourd'hui les Américains :wink: .


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 Sujet du message : Vision romaine de l'étranger
Message Publié : 05 Juin 2003 6:47 
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Polybe
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Inscription : 20 Mai 2003 15:17
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Si ce sujet vous intéresse, voyez
http://www.ulg.ac.be/littlat/dossiers/stereotypes.htm

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Message Publié : 05 Juin 2003 18:25 
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Eginhard
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Inscription : 14 Avr 2003 8:06
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Ton liens est très intéressant sardanapallos,et démontre surtout que les préjugés ne datent pas d'hier...


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 Sujet du message :
Message Publié : 06 Juin 2003 15:01 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 10 Juil 2002 10:44
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Localisation : N Belgique / Liège / Province de Liège / Wallonie
Que demander de plus, Merci Sardanapallos, c'est exctaement les informations que je recherchais

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 Sujet du message :
Message Publié : 27 Juin 2003 10:25 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 08 Juin 2003 10:20
Message(s) : 8
Localisation : France - Midi-Pyrénées
Je n'ai plus eu l'occasion de lire des textes d'auteurs latins depuis le Bac . . ( et ça fait un peu plus de 60 ans :oops: ! ) Je ne vois donc plus l'Histoire de l'intérieur , mais - peut-être - de dessus , et dans une dimension " Temps" . C'est probablement en partie erroné et j'ai de fortes tentations d'anachronisme .
Je crois cependant que c'est une erreur d'étendre un jugement , à propos d ' 1 romain , s'exprimant à 1 moment précis , en le généralisant à une "entitée" ( dite : "les romains" ) .
Mon passé de biologiste , travaillant au microscope , me facilite l'exercice "du changement d'échelle" , entre ce qu'on étudie à la loupe , et ce qu'on étudie au microscope optique , puis au mocroscope électronique . C'est une discipline intéressante à appliquer à l'appréciation des durées et du temps .

Rome s'est constituée en "Cité-Etat" , au cours d'une lutte de 30 ans pour se libérer d'"exploiteurs étrusques :evil: " , qui s'étaient imposés aux " braves paysans des 7 collines" pendant , à peu près , 3 générations
Les voilà fiers de construire une République . . . même s'il leur faut encore 170 ans , avant d'essayer un soupçon de démocratisation .
L'erreur , c'est qu'ensuite cette "République de Rome" avale , d'abord , toute l'Italie , puis progressivemlent le tour de la Méditerranée , mais sans y étendre la République (l'extention de la "citoyenneté" est très tardive)
même pas aux italiens de leur voisinage dès l'abord .
Même sous forme de République la "Cité-Etat" de type post-néolithique
s'impose comme un impérialisme de caste .


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 Sujet du message : Re: Rome et la xénophobie
Message Publié : 01 Nov 2008 16:42 
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Polybe
Polybe
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Inscription : 16 Août 2008 16:04
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Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qui a été dit.

Les Romains n'avaient pas de notion de Nation, comme aujourd'hui, il n'y avait donc pas de racisme ou de xénophobie.
Ils respectaient tous les peuples conquis, toutes leurs croyances, toutes leurs coutumes. C'est d'ailleurs en grande partie grâce à cette tolérance que régnait le calme et l'harmonie entre Rome et ses conquêtes.

En revanche, certes, tout ce qui n'était pas romain était barbare, et traité avec le plus grand mépris.

Mais on sait aujourd'hui que les Romains respectaient, par exemple, les autres Dieux des autres panthéons. Qu'en effet il s'agisse de Zeus chez les Grecs ou de Iàto chez les Hébreux, c'était toujours de Jupiter que l'on parlait.
En cela ils étaient bien plus "évolués" que nous : aujourd'hui personne n'affirmerait que Dieu le Père et Allah sont une seule et même divinité.

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FORCE ET HONNEUR.


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 Sujet du message : Re: Rome et la xénophobie
Message Publié : 01 Nov 2008 19:05 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Je m'inscris en faux contre cette vue de l'esprit.

La cité, par définition, c'est si vous me passez l'expression "l'esprit de clocher".

Certes, aujourd'hui, le TGV, l'avion ou la voiture réduisent les distances. Mais si vous voulez avoir une idée assez juste de la façon dont les ressortissants d'une cité voyaient ceux des autres cités ou tribus ou peuples, regardez donc les relations, sans même vous référer aux matches de foot, entre Paris et Marseille, entre Marseille et Nice ou Milan, entre Nantes et Rennes.

Le monde de la cité, c'est celui de la rivalité, de la haine de clocher. Pour les grecs, être libre, c'est être libre de se faire la guerre cité contre cité.

Flamininus a été considéré comme un libérateur parce qu'il a mis fin à la tutelle macédonienne sur une bonne partie du monde grec des Balkans. Pourquoi donc au moment de la 3ème guerre de Macédoine, quasiment tout le monde grec sympathisait avec Persée ?
Parce que ces "sales barbares romains" faisaient peser leur joug sur le monde héllénique. Et pourtant, les cités et fédérations grecques n'étaient alors pas réduites à l'état de province. Mais elles avaient perdu leur liberté diplomatique, tout se décidant et s'arbitrant du côté du Sénat romain.

Allez en Italie même, et Cicéron se faisait traiter d'étranger, de premier roi étranger de Rome depuis les Tarquins, de tyran d'Arpinum. Preuve qu'une certains xénophobie était structurelle : chacun comparait son pedigree et ses origines à ceux des autres.

Le patricien regarde de haut l'aristocrate romain qui n'est que plébéien. Le noble de vieille date méprise celui qui n'est que de noblesse récente, qui lui-même méprise l'homo novus, tous communiant dans le mépris des provinciaux, et ainsi de suite avec les non-romains.

S'il y a un discours exceptionnel dans tous les sens du terme, c'est celui de l'empereur Claude qui, pour tenter de faire adhérer le Sénat à sa politique de plus forte distribution de la citoyenneté romaine aux provinciaux et de plus forte intégration des aristocraties provinciales à l'ordre sénatorial, expliquait que la plupart des aristocrates romains étaient d'origine étrangère, à commencer par l'illustrissime gens (patricienne) Claudia dont il était le descendant.


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 Sujet du message : Re: Rome et la xénophobie
Message Publié : 08 Juin 2009 11:17 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Localisation : Limoges
Il y a à mon sens plusieurs choses à comprendre dans le comportement des Romains vis à vis des "Autres".

Tout d'abord, la question de l'étranger n'est pas à traiter d'une façon uniforme.

Pour commencer, les étrangers de l'extérieur, ceux qui vivaient hors de la civilisation romaine, hors des frontières de l'Empire. Pour les Romains, il existe une distinction très nette entre barbares germaniques et orientaux (Parthes puis Perses). Les premiers sont le stéréotype même du barbare, brutals et incultes, sans civilisation. Les orientaux eux possèdent une forme de civilisation, mais d'un goût que les Romains jugeaient décadent ; ben oui, où sont les grandes valeurs stoïciennes que diable...

Ensuite les pérégrins et autres habitants de l'Empire. Ici, point de racisme gras comme tu l'as noté. Les Romains agissaient principalement en fonction du statut social des gens ; ainsi un Syrien ou un Gaulois nantis de la distinction de chevalier trouvera grace aux yeux des autorités romaines.A tel point que de nombreux empereurs seront issus des provinces, de Septime Sévère, en passant par Dioclétien... Si les membres du Sénat ne supportent pas l'entrée de Gaulois dans l'assemblée, c'est d'une part parce que cette chambre à l'époque continue à se bercer de son identité italienne propre, à contre courant des évolutions naturelles de l'Empire cosmopolite. C'est la guerre sociale qui ouvre les Romains aux Autres et leur fait comprendre que l'attitude fermé qu'ils avaient au début pouvait mettre en péril leurs conquête.

Par la suite, cela continue à s'accentuer, surtout dans l'armée, avec une mixité de plus en plus grande, jusque dans l'accueil de barbares aux plus hautes fonctions. Les auteurs, comme Ammien Marcellin distinguent alors les hommes en fonction de leurs origines, mais ne le font pas par rapport aux étrangers, ainsi tous les soldats sont romains face aux ennemis.

La société romaine se comprend sous ce jour hiérarchique où la dignité est plus importante que l'origine, surtout lorsqu'on avance dans l'Empire.

_________________
Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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