Elzevir a écrit :
En ce qui concerne le cunéiforme ou les hiéroglyphes, on parle bien d'idéogrammes, ou de logogrammes, selon les cas. Les hiéroglyphes ne furent des pictogrammes, me semble-t-il, qu'à leur origine. Au départ, si l'on dessinait le soleil, c'était qu'on voulait exprimer l'idée "soleil", c'était un pictogramme. Plus tard, on put utiliser ce signe "soleil" seul ou pour exprimer le son "ré" dans un autre mot, en combinaison, par exemple, et ce n'étaient plus de simples pictogrammes, mais des logogrammes.
Les pictogrammes sont des symboles rudimentaires insuffisants à transcrire une phrase complète avec toutes les nuances qu'elle peut exprimer. Mais ils sont très pratiques et l'on en fait un large usage. Une signalisation routière ou un symbole sur un emballage indiquant que le contenu est inflammable sont des pictogrammes.
Pour autant que je sache, tous les systèmes d'écriture ont été élaborés à partir de pictogrammes. Selon que, dans l'élaboration d'un système d'écriture, on ait visé plutôt une transcription d'éléments sémantiques ou plutôt une transcription phonétique, les pictogrammes primitifs auront donné naissance à des logogrammes ou à des phonogrammes.
Si le caractère désignant le soleil est employé pour transcrire le son ré même dans des mots n'étant pas liés étymologiquement à quoi que ce soit de solaire, ce caractère est alors un logogramme.
Le système d'écriture hiéroglyphique fait appel très majoritairement à des phonogrammes. C'est l'intuition qu'avait eue Champollion. Il en avait eu une autre : la langue de l'Egypte antique n'était pas perdue, elle survivait sous la forme de la langue copte. Comme Champollion avait la chance de disposer d'un texte égyptien et de sa traduction en grec, il lui suffisait d'apprendre le copte, de traduire le texte grec en copte et d'établir la correspondance phonétique entre les hiéroglyphes et l'alphabet copte. C'était tout simple. Bon, j'ai un peu grossièrement résumé. Soyons honnête, ce qu'a fait Champollion, je n'aurais pas su le faire. Il faudrait déjà que je me mette à l'apprentissage du grec et du copte.
L'écriture cunéiforme assyrienne est aussi majoritairement phonétique. Ses caractères sont donc principalement des phonogrammes.
Certains systèmes sont incomplets. Le système des hiéroglyphes et l'alphabet hébreux archaïque ne transcrivent que des consonnes.
A ma connaissance, presque toutes les langues ont été transcrites selon des systèmes phonétiques, alphabétiques le plus souvent. Notre alphabet latin est purement alphabétique. Le système chinois, essentiellement logogrammatique, serait une exception. Le japonais fait appel à une combinaison de deux systèmes, le premier, purement logogrammatique emploie les caractères chinois, le second est purement syllabique.
Les journalistes, qui se plaisent à utiliser des expressions comme
la cité phocéenne ou
le pays de l'oncle Sam, aiment parfois traduire des logogrammes.
中 : milieu – 国 : pays, soit 中国 :
l'empire du milieu.
Autre lecture possible : le centre du monde, ceux qui sont en périphérie étant des barbares.
日: soleil ou lumière – 本 : source ou origine, soit 日本 : littéralement, le pays où apparaît le soleil d'où
l'empire du soleil levant
Autre lecture possible - interprétation tout à fait personnelle - : le pays des Lumières ayant vocation à apporter ces Lumières aux barbares, par la force des baïonnettes si besoin est.
朝 : matin
鮮 : frais, ou par, dérivation, serein comme dans l'anglais cool
soit, quoique lu à l'envers, 朝鮮 : le
pays du matin calme.