Globalement, les relations sont plutôt bonnes entre Méroé et les Perses/Grecs/Romains, car les tentatives de conquêtes, rares, de maître de l'Egypte leur ont à chaque fois fait prendre conscience de la difficulté de contrôler ce territoire relativement peuplé (les routes terrestres sont difficiles, le pays inhospitalier, tandis que le Nil en amont de la IIe cataracte est difficilement navigable) tandis que les richesses éventuelles étaient finalement assez réduite : pas de grandes villes, pas vraiment de mines importantes, par une terre à blé, etc. Ils se sont tous rendus compte que le jeu n'en valait pas la chandelle et préfère inaugurer des relations commerciales fructueuse, de sorte que globalement, cela se passe plutôt bien et les Ethiopiens ont une réputation très honorable dans l'Antiquité, dont témoigne encore au IVe le roman d'Héliodore, les Ethiopiques.
Pour les Perses, la désastreuse campagne de Cambyze en 525 est célèbre grâce au récit d'Hérodote III.17-25 essentiellement. Il fut repoussé avec pertes et fracas, mais l'échec ne fut peut-être pas aussi grand que l'historien d'Halicarnasse le dit, puisque les Ethiopiens participent aux expéditions de Darius au sein de l'armée perse, ce qui suppose que les Achéménides contrôlaient au moins des marches au sud de l'Egypte. Par la suite par contre, les relations de distendent, au gré des difficultés perses en Egypte.
Lorsqu'Alexandre déboule, il ne semble pas avoir fait de tentative contre eux, bien qu'il existe quelques rumeurs, en particulier une persistante (Lucain, Photius, Lydus) faisant état d'une expédition de reconnaissance, à vocation scientifique, réclamée par Aristote soucieux de comprendre le phénomène des crues, et à laquelle participa Callisthène. Mais il s'agit probablement d'une légende. Ptolémée Ier n'a guère le loisir de porter ses regards sur Méroé. De plus, Alexandre et Ptolémée ont une autre priorité : la route maritime vers l'Arabie. C'est sur cette voie que seront engagés tous les efforts en direction du sud, voyages d'explorations, expéditions militaires et fondations urbaines. La Nubie est alors très secondaire.
Ptolémée II va enfin y porter toute son attention, grâce à un phénomène inattendu : l'emploi des éléphants de guerre. Les Séleucides en avaient à foison, originaires d'Inde; pour les contrer, le Ptolémée Ier en avait accumuler un certain nombre, mais tous indien, héritage d'Alexandre et butin de guerre. Ptolémée II, soucieux de se trouver une source d'approvisionnement personnelle autre que la lointaine Inde, ou au moins complémentaire à celle-ci, va découvrir qu'il est possible de domestiquer les éléphants africain, du moins l'espère dite "des forêts", plus petite que les monstres de la savane. Par conséquent, il va chercher à faire main basse, ou au moins contrôler la source de cette nouvelle arme qui jouera un grand rôle dans l'armée et pour le prestige lagide. Il aurait donc mené une campagne en personne, pas forcément contre Méroé, mais contre les principautés qui faisaient tampon entre l'Egypte et le grand royaume éthiopien. Il constatera de visu les difficultés du chemin, et opte d'une part pour des relations commerciales et culturelles privilégiées (les rois Ethiopiens qui règneront après son passage sont réputés avoir bénéficiés d'une éducation hellène), et d'autre part, encore une fois, favorise la route maritime pour le transport des éléphants vers le Delta. A la suite de cette campagne, les Lagides sauront contrôler cette route commerciale et entretiennent d'excellents rapports avec les souverains méroïtes, pendant tout le IIIe, jusqu'aux révoltes de 206. Cette amitié réciproque est en particulier sanctionnée par la multiplication des voyages d'explorations grecs (Pline, VI.182 en dresse une liste assez impressionnante, avec pas moins de 6 voyageurs ayant décrits ces régions). Par la suite, la décadence lagide et les révoltes régulière du sud-égyptien vont distendre ces liens, et les échanges deviennent plus sporadiques.
Arrivent les Romains avec Auguste. Encore une fois, on retrouve les mêmes phénomènes, avec d'une part la priorité accordée aux expéditions vers la mer Rouge au détriment du Nil, et d'autre part, une expéditions militaire prémisse à une conquête qui échoue mais qui inaugure de bonnes relations commerciales. L'aventure commence avec Pétronius, vers 24 av., qui se lance dans une expédition avec 10 000 hommes (Strabon, XVII.1.54 ; Pline, VI.181-182 ; Dion Cassius LIV.5.4-6) qui aurait pu se solder par la création d'une nouvelle province. La campagne est extrêmement violente, brutale de la part des Romains qui massacrent leurs adversaires et déportent des masses d'esclaves. Néanmoins, ils ne parviennent pas à briser la résistance locale, en dépit de victoires éblouissantes et de la prise de Napata. Peu après sa retraite, les Ethiopiens vont chasser les garnisons qu'il avait installé, et finalement, c'est la négociation qui va prendre la relève. Les Romains ont fait leurs démonstration de force, ils ont constatés les difficultés que représenterait le contrôle de cette région inhospitalière et ses richesses assez peu nombreuses (surtout après leur razzia...), et finalement, Auguste renonce à la conquête, comme il le fait à la même époque pour la Germanie. Par contre, les Romains ont pris le contrôle d'une espère de marche militaire au sud de l'Egypte, qui fait tampon et qui sert d'intermédiaire commercial, qui connait alors un nouvel essor, durable. Il faut alors attendre Néron pour que les Romains y jettent à nouveau un œil gourmand : ce dernier envoie une expédition de reconnaissance destinée officiellement à rechercher les sources du Nil, officieusement sans doute prémisse à une future campagne (Pline , VI.181 ; 184-186 ; XII.19 ; Sénèque, QN, VI.8.3-4 ; Dion Cassius, LXIII.8.1). L'expédition projetée n'aura jamais lieu, peut-être surtout parce que le rapport fournit n'était pas très alléchant, signalant en particulier selon Pline l'absence de villes... finalement, une fois de plus, le jeu ne semble pas en valoir la chandelle et seuls les marchands pénètreront en profondeurs, en particulier les chasseurs de fauves, en quête de merveilles originales à étriper au cirque (je songe tout particulièrement à Julius Maternus).
Les siècles suivants m'intéressant moins, j'ignore ce qu'il advint par la suite. Apparemment, à moyen terme, la situation va se détériorer avec des Blemmyes et des Nobades plus offensifs, mais je ne domine pas leur chronologie...
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