Bonjour,
Je vais d'abord répondre à Yongle qui cherche un livre assez riche et accessible pour se faire une première idée de l'Egypte ancienne :
- Adolf ERMAN, Hermann RANKE, La civilisation Egyptienne, Ed. Payot & Rivages, 1948 (trad. de 1994).
Je le conseille vivement, il aborde vraiment tous les traits de la civilisation égyptienne, en insistant bien dès le départ sur le pays et sur ses spécificités géographiques et climatiques qui sont à l'origine des éléments principaux de cette civilisation. En plus il est vraiment agréable à lire, contrairement à l'ouvrage de Pierre Grimal, très indigeste et davantage axé sur le détail de l'Histoire égyptienne. C'est un livre de référence, pas de découverte.
Ensuite je me permets d'intervenir sur les propos que j'ai pu lire sur ce sujet, et qui m'ont choquée :
nbbourbaki a écrit :
Les égyptologues ne sont pas des historiens, beaucoup trop prétendent faire de l'Histoire.
Sachez qu'un égyptologue est une personne spécialisée dans l'Histoire de l'Egypte ancienne. Leur formation initiale varie entre une licence d'Histoire, d'Archéologie, sinon les deux. Le travail d'un historien est de se baser sur les sources afin de tirer ses propres conclusions, les plus objectives possibles.
nbbourbaki a écrit :
Zunkir a écrit:
Vous allez loin là ... Je ne vois pas en quoi on peut enlever le qualificatif d'historien aux égyptologues.
Par formation ils sont philologues et/ou archéologues, c'est en cela qu'ils sont utiles. Non seulement la documentation égyptienne est rare et biaisée, mais trop souvent les sources de l'égyptologue/historien sont les articles/livres d'un autre égyptologue qu'il utilise du fait de la bonne renommé de ce dernier. Sur le plan historique, les égyptologues, à mon avis, ne connaissent pas assez les pays voisins et prennent l'Egypte pour le centre du monde.
Et donc là, je me permets à nouveau de dire que le travail de tout historien, et donc d'égyptologue, est de faire de la recherche : ça signifie travailler sur les sources bon sang !! La formation d'un égyptologue est la suivante : apprentissage des langues de l'ancienne Egypte (hiéroglyphique, démotique, hiératique, ou même copte et grec ancien), travail des sources, synthèses explicatives. Il est non avenu pour un égyptologue d'affirmer ce qu'il est écrit ailleurs, sauf si les affirmations sont fondées sur des recherches encore non controversées. Le travail reste donc tout à fait acceptable, et je vous mets au défi d'apprendre aux égyptologues leur métier.
La seule chose qui peut vous avoir poussés à affirmer de telles choses réside certainement dans la multiplicité d'ouvrages au contenu erroné d'auteurs (non égyptologues) peu scrupuleux : sachez que l'égyptologie souffre de l'égyptomanie, ce qui la décédibilise aux yeux de la population. Dans cette science et plus qu'ailleurs, il y a des chercheurs sérieux et des amateurs fantaisistes qui profitent de la vague plusieurs fois centenaires d'égyptomanie occidentale, et qui publient nombre d'ouvrages pour satisfaire la soif de mystère égyptien ambiante. C'est un marché comme un autre, à vous de faire le tri. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut faire un amalgame.
Zunkir a écrit :
Je comprends mieux ce que vous vouliez dire. Hélas ce genre de reproches peut être fait à beaucoup de spécialistes d'autres périodes, mais il est vrai que le manque d'historiens de formation en égyptologie (en France au moins) fait que certains sujets me paraissent insuffisamment exploités, notamment ceux concernant les aspects économiques et sociaux. Et vous avez raison, il est souvent regrettable de voir le peu de ponts jetés entre spécialistes de l'Égypte antique et du Proche-Orient antique, sans doute parce que les sources et leur approche diffèrent trop, alors que ceux qui se sont aventurés dans ce domaine on trouvé des choses intéressantes.
Comme dans tout domaine, on se spécialise. On ne peut pas être à la fois spécialiste de l'Egypte ancienne et du Proche Orient ancien : on ne pourrait pas faire efficacement son travail avec un champ de recherche aussi large. D'où l'intérêt du binôme, de la coopération entre scientifiques. Il y a plus d'ouvrages que vous ne le croyez traitant de ces deux régions qui ont été très liées. Des recherches sur l'origine de l'écriture, sur le commerce entre ces deux régions, sur les conflits et sur les relations diplomatiques abondent. Sachez par ailleurs qu'à Lille III, le master en Egyptologie se nomme "Egyptologie et Proche-Orient ancien", dans lequel on choisit sa spécialité. Les égyptologues, premiers informés, n'ignorent pas bêtement des évidences que vous pouvez soulever sur l'importance du travail sur cette région du monde.
Voilà, je me sentais la mission de remettre les pendules à l'heure.