Tu as oublié la première, et des plus importantes: la bataille du Tage, en 220, une petite merveille tactique et stratégique improvisée.
De retour d’une campagne victorieuse chez les Vaccéens, Hannibal tombe en chemin dans une embuscade d’une coalition ibère menée par les Carpétans, auxquels se sont joints des débris des Olcades et des Vaccéens. En tout 100 000 hommes affirment les sources (Polybe III.14 ; TL, XXI.5). Incapable de tenir en rase campagne face à une telle masse, Hannibal refuse tant bien que mal le combat et parvient à monter un camp sur les bords du Tage. Mais au lieu de s’y reposer, il déménage avec armes et bagages pendant la nuit, traverse le fleuve à l’insu de l’ennemi. Mais ce n’est pas tout ; il emploie ses hommes à ériger une palissade « qui laissait à l’ennemi juste la place de passer ». Non seulement il a concentré la masse des Carpétans en un seul point, mais en plus dans une position des plus inconfortable, un gué sur un fleuve puissant. Les Ibères, furieux qu’il se soit échappé, attaquent le lendemain, convaincu que la crainte l’a fait fuir. Pataugeant maladroitement dans l’eau, ils sont incapables de résister aux violentes charges de la cavalerie carthaginoise, dont les hommes disposent d’une bonne assise du haut de leur cheval. Ceux qui parviennent sur la rive sont écrasés par les 40 éléphants dont dispose Hannibal. Lorsque les Espagnols se retrouvent affaiblis, fatigués et indécis, il n’a plus qu’à traverser à son tour avec son infanterie en ordre de bataille, intacte, fraîche et dispose (enfin, avec une nuit blanche sur les paupières). La déroute est complète, Carpétans, Olcades et Vaccéens se soumettent, toute l’Espagne au sud de l’Ebre est entre les mains du Barcide, à l’exception de Sagonte. Pour sa première grande bataille en tant que général en chef, Hannibal a prouvé ses qualités martiale à ses hommes, aux Espagnols et aux Carthaginois. Grâce au butin de cette très heureuse campagne, il fidélise ses troupes, finance ses futures campagnes et restaure à Carthage le crédit du parti barcide mis à mal depuis le décès de son père.
Il a dorénavant politiquement et militairement les moyens de provoquer Rome en s’en prenant à Sagonte. Qu’il attaquera dès le printemps suivant.
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