Généralement, l'ouest de la péninsule est considéré comme "celte" en raison de la récurrence de toponymes en -briga. Une étude de la statuaire, notamment au nord-ouest de l'Espagne, rappelle ce qui est connu dans la koine celte stricto sensu.
Cela dit, comme le rappelle Genava55, l'émergence d'un faciès culturel considéré comme celte -en faisant un gros raccourci- se fait précocement à l'Age du Bronze et ne peut être résolu en considérant une arrivée de la culture celte par voie terrestre (par les Pyrénées où il n'y a rien de commun avec le faciès ouest péninsulaire).
Il existe au niveau archéologique une koine ancienne, remontant à l'age du bronze, marquée par des traits communs de l'Ecosse au Portugal (voir les actes du colloque de Beynac à ce sujet), suffisamment cohérents pour parler de Bronze Atlantique. Le commerce du métal et des connaissances métallurgiques ne sont sans doute pas étrangers à ce phénomène. Il est probable qu'une
lingua franca ait été utilisée sur ce vaste espace (tout comme le celte a pu être lui aussi un lingua franca au Deuxième age du fer, sans faire de ses locuteurs des conquis de peuples alpins... ce qui résoudrait pas mal de questions quant à la notion tant controversée de celticité des peuples occidentaux).
Concernant l'Aquitaine subgaronnaire, rien n'est simple : au niveau archéologique, la Garonne représente clairement une frontière culturelle à l'Age du fer, comme le montre l'étude des nécropoles. La toponymie appuie cela. Au moment de la conquête, les Aquitains feront appels à leurs "frères" d'armes issus du nord de l'Espagne, avant de les appuyer quelques décennies plus tard lors de l'opération romaine contre les Cantabres. Le monnayage à la veille de la conquête montre des échanges commerciaux avec la région de Huesca et Jaca. Même durant la romanisation, il y a une production potière très différente dans les Cités (Dax, Lescar, Oloron) que ce qui se rencontre dans le Bordelais ou en Saintonge et qui est en revanche proche de celle du nord de l'Espagne. Il faut évoquer aussi la récurrence de noms indigènes sur les inscriptions funéraires se traduisant parfaitement par le basque... Mais, il y a un soucis majeur : quid des Ibères? L'historiographie antique rapproche les Aquitains des Ibères. D'autre part, des découvertes archéologiques montrent que l'influence ibère s'étend dans le Sud Ouest : céramiques ibères à Toulouse, sépulture sous tumulus dans le sud des Landes avec une phiale en argent ayant des inscriptions en ibère (sans parler de magnifiques restes de cotte de maille), toponymie ibère résiduelle (Toulouse : Tolosa, Auch : Elimberri, par exemple)... A vrai dire, l'Age du Fer dans l'Aquitaine méridionale est plus que jamais d'actualité avec la tenue d'un colloque de l'AFEAF à Bordeaux en 2011. Un réexamen des collections archéologiques est en cours et il y a du lourd, notamment pour le Second Age du Fer rarement évoqué pour cette zone alors qu'il est bien présent.
Pour en revenir à ce que vous écrivez, les vascons stricto sensu sont présents au Deuxième Age du fer au sud des Pyrénées. Au nord et jusqu'à la Garonne, ce sont les Aquitains, qui partagent avec eux une parenté linguistique. Un linguiste questionne depuis quelques années avec plus d'acuité que ses prédécesseurs la parenté de cette langue ancêtre du basque actuel avec l'Ibère. En effet, certains inscriptions ibères pourraient se traduire par le basque (voir le site du linguiste en question :
http://www.ikerketak.com/).
Rien n'est simple dans la question ethnique durant l'Age du Fer (ce que mettent constamment en avant les celtosceptiques) et il n'est pas évident du tout -voire complètement arbitraire- de considérer comme forcément valide l'équation ethnie=culture matérielle=langue.
cordialement
Hervé