Zhou Hui et son équipe ont analysé des échantillons d'ADN à partir des os et des dents de 20 momies, datant d'environ 4.000 ans. Les échantillons ont tous été trouvés au cimetière Xiaohe dans le bassin de Tarim, entre 2004 et 2005. Les profils d'ADN analysés comprenaient notamment l'ADN mitochondrial, qui est exclusivement transmis par la mère, et le chromosome Y, transmis de père en fils. Li Chunxiang, un autre chercheur de l'équipe, a révélé que " l'ADN provenant de la mère de cinq des sept hommes analysés, appartenait à une lignée provenant de Sibérie, le plus souvent du sud ou de la Sibérie orientale, tandis que leur chromosome Y montrait une ascendance européenne ". Le chromosome Y des sept hommes avait des similitudes avec les Européens de l'époque, qui erraient dans la steppe eurasienne, qui s'étend sur plus de 3.000 km d'est en ouest, principalement en Asie centrale. Les descendants de la lignée se trouvent maintenant en Europe de l'Est, en Asie centrale et en Sibérie, mais rarement en Asie de l'Est, a précisé Li Chunxiang, ajoutant que " l'ADN mitochondrial de cinq hommes et de neuf autres momies (quatre femmes et cinq momies de sexe indéterminé) a révélé qu'il était lié à une ancienne lignée qui peut maintenant être trouvée principalement en Sibérie, en Asie de l'Est et en Asie centrale ". Leur filiation maternelle pourrait être attribuée à des populations d'Asie, probablement du sud de la Sibérie. L'ADN de deux autres femmes a révélé que leurs ancêtres maternels étaient venus d'Europe Occidentale.

"Notre découverte montre que les tribus d'Europe et de Sibérie ont commencé à se fréquenter il y a près de 4.000 ans" a explicité Zhou Hui. Mais les spécialistes du domaine maintiennent le fait que les peuples d'Europe et de Sibérie ont pu se rencontrer et se marier à l'extérieur du bassin avant leur immigration dans le bassin. "La civilisation du bassin du Tarim, selon les découvertes archéologiques, se développa relativement tard. Les momies de 4.000 ans que nous avons trouvées dans le district de Xiaohe appartiendraient aux premiers habitants du bassin. Mais leur lignée remonte à plus de 10.000 ans" précise Li.

Si ce sont des indo-européens, ce sont peut-être les ancêtres des "Tokhariens" qui peuplent la même région au Ier millénaire ap. J.-C., donc des locuteurs d'une langue tokharienne, groupe qu'on divise généralement en deux branches, est et ouest.

J'ai eu la chance d'en voir quelques unes sur place. Très étonnant : on ne s'attend évidemment pas à trouver des momies de type "européen" au cœur de l'Asie Centrale. Malheureusement on sait bien peu de chose sur cette civilisation : hormis ce que j'avais pu lire sur place dans un musée local (où les photos étaient interdites) je n'ai jamais rien retrouvé depuis.

Effectivement, le lien entre ces momies de type européens et les tokhariens du Ier millénaire après JC est une extrapolation... mais les traits culturels semblent bien montrer une filiation...