Narduccio a écrit :
Les arguments ont déjà été donnés plusieurs fois dans les 30 pages de la discussion. Mais, comme on n'a pas d'écrits des intéressés eux-mêmes, aucun argument, ni en faveur d'une langue unique, ni d'une myriade de langues apparentées ou pas ne sera jamais définitif. Dans ces conditions-là, j'ai du mal à comprendre l'intérêt de demander sans cesse des arguments. A moins de vouloir chercher à instituer un langage de sourds. Nous sommes là pour discuter. Une discussion est sensée être un échange d'arguments où les divers participants participent en toute bonne foi et où chacun fait l'effort d'essayer de comprendre ce qu'écrivent les autres.
Evidemment que nous sommes là pour discuter. Mais j'ai l'impression d'avoir donné un certain nombre de références précises, auxquelles on me répond par des opinions sans références.
Narduccio a écrit :
Si après vous désirez des arguments ... il suffit d'ouvrir certains ouvrages généralistes de linguistique, d'anthropologie, de récits de voyages, de ... Mais, en ce qui concerne les récits de voyage, on tombe souvent dans un travers qui gène beaucoup les historiens. On y parle souvent de ce qui est extraordinaire et qui va frapper le lecteur. Ce qui tombe sous le sens n'est pas évoqué.
Donc je donne mes références précises, et je souhaiterais en retour en avoir d'autres (qu'elles confirment ou infirment mes citations) :
Pour être plus précis sur « l’unité de la langue gauloise », qui n’est pas un sujet simple :
Nous n’avons aucun texte ancien (à ma connaissance) qui nous donne des indications.
Il me paraît donc normal, en l’absence d’élément de preuve contemporaine de faire confiance aux linguistes, spécialistes du gaulois. Je récapitule ci-dessous les éléments d’information que je connais (il m’en manque certainement) :
- X. Delammare,
Dictionnaire de la langue gauloise, 2003
Page 7 : « … On entend ici le mot gaulois dans son sens linguistique, c’est-à-dire désignant la langue celtique de l’Antiquité parlée sur notre continent au début de notre ère, à l’exclusion du celtibère dont la spécificité dialectale, au sein de la famille celtique, est bien assurée. Il semble par contre établi que la langue celtique parlée en Grande Bretagne n’était qu’une proche variante de celle parlée sur le continent ; cela est de toute façon explicitement indiqué par les auteurs anciens. »
XD emploie dans son titre l’expression « la langue gauloise », ne parle pas de dialectes, et écrit que « la langue celtique parlée en Grande Bretagne n’était qu’une proche variante de celle parlée sur le continent (la langue gauloise ) ».
- P.-Y. Lambert, cité dans l’article sur La Gaule de Wikipedia :
« L'hypothèse de dialectes gaulois a été reprise par John Rhys qui évoque un dialecte "celtican" (conservation de -qu-, ex: Sequana « la Seine », le mois EQVOS) ou encore Joshua Whatmough, cependant que pour Pierre-Yves Lambert « même si l'idée de dialectes différents en gaulois n'est pas irrationnelle en soi, ..elle ne s'appuie pas sur des preuves solides à l'heure actuelle. »
Doute sur l’existence de dialectes- P.- H. Billy, « Toponymie française et dialectologie gauloise », dans Gaulois et celtique continental, 2007, pp. 127-143 :
Page 127 : « Whatmough était persuadé que le gaulois était divisé en dialectes : à défaut d’en avoir pu clairement établir les critères, ii avait divisé son répertoire de données, et son analyse grammaticale en fonction des grandes divisions territoriales du Haut-Empire. Peut-on nier la possibilité de dialectes gaulois alors qu’on en reconnaît l’existence dans d’autres langues indo-européennes ? » […]
Nous voudrions ici examiner quelques exemples de variations phonétiques et de répartition lexicale dont la trace se trouve dans les sources antiques et la toponymie actuelle ».
Doute sur la non-existence de dialectes, et exemples de variations phonétiques- J.-P. Savignac, « Merde à César », 2000
4ème de couverture : « L’unité culturelle, linguistique et religieuse du domaine celtique … »
(et « Contrairement à l’opinion commune, il existe une continuité entre la Gaule et la France, les Gaulois et Rabelais...» mais chut ! Ce n’est pas bien de dire ça !
)
Affirmation certainement trop simplisteEn fouillant, je trouverais sans doute d’autres commentaires, mais pour l’instant voilà ce que je livre à votre réflexion.
(Mes commentaires sont en italique)
Pour résumer ma pensée :
- Nous n’avons pas de témoignage direct contemporain
- En l’absence de tels témoignages, il me semble naturel de faire confiance aux linguistes
- Les citations des 4 linguistes ci-dessus vont dans le même sens : il y a plus d’unité que de différences, et l’existence de dialectes n’est pas prouvée (même si elle est concevable, voire probable)
Toutes nos opinions de non-spécialistes ne me paraissent pas de nature à contredire cette conclusion si elles ne sont que des discours généralistes sans références.