Calliclès a écrit :
L’institution des druides telles que décrite par César est une institution pan gauloise. Elle ne concerne d’ailleurs que les populations de culture celtique de la Gaule ce qui renforce ce caractère identitaire. Qu’elle ait été mal en point et mal fonctionné, le simple fait que les Romains soient entrés initialement et avec l’aide d’une partie des gaulois, pour régler les problèmes de la Gaule (volonté des Helvètes de se déplacer et menace des Germains) le prouvent dès le départ. Mais cela ne change rien à son existence qui par là prouve un sentiment d’identité même mal institutionnalisé.
En conséquence c'est sans argument que vous assénez cela? D'ailleurs ne caricaturez pas s'il vous plait mes propos ; je n'ai jamais dit qu'il n'y avait rien de commun entre les Gaulois, je conteste le fait que ce lien fut fort et qu'ils aient eu un sentiment d'appartenance systématisée et bien intégré. Ce que j'ai expliqué dans le message que vous citez. Qu'il ne soit pas institutionnalisé ne fait que renforcer cette idée de floue autour de la notion d'appartenance.
Calliclès a écrit :
Pour en revenir aux Grec, un peuple sans Etat on ne peut pas nier vu les traces écrites qu’ils avaient un fort sentiment d’identité. Pour autant l’alliance contre les Perses n’est pas allé de soit. Parfois aussi des Grecs se battront aux côtés des Perses contre d'autres Grecs. C’est la complexité de l’histoire et de ces peuples aux pouvoirs politiques, aux légitimités et aux rivalités multiples.
Oui, et malgré la force de leur sentiment d'appartenance à une culture commune, renforcée par la "communauté intellectuelle" de tradition écrite l'absence d'unité politique conduit à des difficultés dans le fait d'aborder la défense contre l'ennemi perse. Or que voyons nous chez les Gaulois face à César ; des révoltes ponctuelles, liées à une menace directe ou des risques pour les intérêts locaux. L'union imparfaite n'intervient qu'après huit ans de guerre... Cela me rappelle davantage ce qui se produit quelques temps plus tard en Germanie, quand Arminius écrase les légions de Varus ; a-t-on assisté à une marche à l'unité du "peuple germanique"? Et pourtant quels cousinages linguistiques et culturels là aussi...
Citer :
Par ailleurs le soulèvement mené par Vercingétorix semble avoir une cause plus profonde qu’un simple bilan comptable de la domination romaine. Même les Eduens pourtant bien rétribués et avantagés par l’occupation ne deviennent plus surs : les écrits de César laissent à penser que les sentiments identitaires enflammés par la révolte tendent à être plus forts que l’obéissance tribale et les liens de clientèle. J’avais d’ailleurs noté que c’est à ce moment qu’apparaissent sans véritable explication les germains comme troupes auxiliaires de romains. Je pense qu’à ce moment les troupes alliées gauloise même bien payés n’étaient plus surs et il qu’il a préféré utilisé des troupes certes plus lointaine mais non concerné par la révolte gauloise.
Oui, mais cela reste des écrits d'un auteur légèrement engagé et qui, je pense, n'a peut être pas trop envie non plus de livrer les aspects les plus triviaux des relations entre les adversaires. Est-ce honorable de voir se lever des anciens alliés parce que l'autorité romaine commence à menacer leurs intérêts stratégiques?
Citer :
Mais enfin on avance dans le temps car maintenant « nos ancêtres les gaulois » seraient donc une invention du XVIIIème siècle.et plus du XIXème siècle. C’est déjà un siècle de gagner.
Je dois cependant admettre que je suis très dubitatif sur l’explication de François Dosse de quelque chose de préparé (par qui, le pouvoir royal ?) et devant répondre à un objectif précis. J’y vois plutôt une explication à posteriori d’un engouement populaire, né de la diffusion dans la population des livres d’histoire de France qui a pu à son point culminant se transformer momentanément en mode, comme il y’a en a eu d’autre dans ce même siècle. Mais bon ce n’est que des réflexions spontanées de quelqu’un qui n’a pas spécialement étudié la question.
Soyez dubitatif, je sais à quel saint me vouer sur cette question. Sinon je ne vois pas en quoi l'auteur évoque quelque chose de "préparé", il parle d'une forme de réaction face à l'adversité du temps ; les auteurs (pourquoi le roi?!) pétri de culture et d'Humanités cherchent dans leurs connaissances des éléments pour nourrir leurs réflexions sur leur époque. L'image du gaulois fier et courageux est pratique et opportune pour s'en faire un ancêtre résistant aux ennemis du pays.
L'idée d'une mode venue de la diffusion de livres d'Histoire je ne sais pas trop où vous la pêchez... "diffusion dans la population de livres d'Histoire"???
Calliclès a écrit :
Car ce que je constate de mes maigres connaissances c’est que si on peut trouver ici ou là à l’époque, une identification des nobles aux Francs et corrélativement du tiers états aux Gaulois, il n’en reste pas moins que lors de la Révolution, symboliquement ce qui prime c’est l’histoire de la République romaine contre la monarchie des Tarquins. Les œuvres littéraires en la matière, les noms romains données sont autrement plus présent. L’élimination des nobles prend plus un caractère politique et social qu’ethnique.
Mais cessez donc de tout mélanger ; les Histoires des points de vue ne suivent pas les délires ponctuels de quelques auteurs arrachés au crack ; il y a toujours une idée qui la structure et un biais de l'analyse qui suit une logique. L'opposition de certains aux Francs de l'Histoire nationale provient de l'idée qu'ils sont associés aux aristocrates, comme élite guerrière (oui, à l'époque on pensait encore souvent que les lignages nobles étaient hérité des anciens envahisseurs germaniques), et que donc il est préférable de valoriser les anciens "ancêtre" de la population vue comme autochtone et injustement dominée, les Gaulois. Mais que certains aient eu ça à l'esprit ne signifie pas que toute l'historiographie française s'est rangée à cette idée et que cela a dominé jusqu'à l'année dernière... Dans un souci de concorde nationale, Guizot me semble-t-il revient davantage sur l'intégration de toutes les composantes du roman national visant à rassembler les grandes figures dans un "patrimoine" commun. C'est l'idée que vous évoquiez dans un autre de vos messages et qui explique que sous certaines plumes Gaulois et Francs, Jeanne d'Arc et Du Guesclin cohabitent de la même gloire dans un souci d'unité patriotique.
Le fait qu'à la Révolution nombreuses aient été les références à l'Antiquité classique cette fois n'y change rien ; c'est une nouvelle fois le fait d'individus qui valorisent un certain biais de l'Histoire servant leur cause. La survalorisation des classiques gréco-romain sera aussi très poussée en France après la volée reçue en 1870 par rejet du barbare d'outre Rhin dont on venait de recevoir l'encombrante visite.
En clair l'Histoire, surtout à des époques où elle ne reçoit pas de traitement normatif et scientifique sert de point de référence "idéologique" et politique. Elle sert à défendre et à illustrer avec la compétence du savant, des convictions afin de les porter avec davantage de force dans la sphère publique.
Au final que reste-t-il de l'idée de "nos ancêtres les Gaulois"? Un programme "idéologique" dont le sens s'est modifié jusqu'à aujourd'hui et que certains d'entre-nous dégagent volontiers de son origine pour se le réapproprier et en proposer une nouvelle lecture... et c'est précisément le sujet de ce débat. Néanmoins, qu'on l'accepte ou qu'on le rejette, cette expression a un passé lourd et complexe qu'il convient d'avoir en tête pour l'aborder. On ne peut simplement et ingénument se l'approprier et faire comme si elle était neutre.
Citer :
Donc la notion d’ancêtre n'existe pas en histoire, les peuples, les nations n'ont pas d’ancêtre (et donc par la même occasion par de descendant). C'est un peu radical comme conception mais c'est la votre et cela a le mérite d'expliquer vos interventions.
J'ai d'autres termes et concepts pour le penser que ceux qui appartiennent au registre de la famille et de la lignée. Parce que si ce sont là tout vos concepts pour aborder l'Histoire ils sont un peu désuets.