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Avez vous des exemples (Celtes et Germanique) sur ce sujet ?
Je connaissait la légende mais à part dans le folklore je n'ai rien trouvé.
Il me semble qu'il y en a dans la saga des rois de Norvège, notamment parmi les semi légendaire Ynglingar de Suède.
Mais c'est un thème courant de ces civilisations: le roi incarne le lien entre le divin et les hommes. En tant que tel, il est le garant de la prospérité de son peuple. Dans les légendes irlandaises, lorsque le roi gouverne bien, les animaux sont très féconds, on fait des récoltes miraculeuses, et la nature en général est très généreuse. A contrario un roi "mauvais" voit son règne marqué par les calamités, famine, épidémies, guerres..... Le roi est responsable de ces calamités. Entre un bon roi, cela veut dire être généreux, redistribuer efficacement les richesses et être victorieux à la guerre.
On retrouve ce motif en filigrane dans la légende du roi Arthur et de la quête du Graal (c'est très bien mis en avant dans le film de Borman) qui sont avant tout issus de mythes celtiques (galois surtout) qui ont été ajouté de thèmes chrétiens et médiévaux tout au long du Moyen Age.
Ce motif mythique reflète simplement le très faible pouvoir du roi dans ces sociétés. Le pouvoir n'est pas conçu comme monolithique et unique et encore moins absolu. C'est pour cela que ces peuples n'avaient pas l'idée de constituer de véritables Etats: que ce soient les tuath irlandais, les petits royaumes scandinaves, on a jamais réellement d'administration de ce territoire: on est dans un système avant tout privé, basé sur un clientélisme qui repose sur la possession des richesses, du bétail surtout pour les Celtes insulaires, de la puissance guerrière, du contrôle des axes commerciaux (c'est le cas des princes du Hallstatt qui étaient probablement des sortes de roitelets "à l'irlandaise", bref, tout ce qui permet de s'assurer des richesses à redistribuer, et ainsi conserver sa clientèle et son influence.
Tant qu'un puissant personnage est capable de conserver autour de lui suffisamment de richesses, on le laissera à loisir être roi. Mais qu'il perde cette influence, qu'il fasse preuve d'avarice, de faiblesse.... et il peut tout à fait être destitué, sachant que cette destitution prend souvent une forme plutôt macabre.......; Et ça n'est pas propre aux germains et celtes. Jusqu'à une époque avancée de la République, Rome n'était pas tendre avec ses dirigeants qui avaient faillis ou qui étaient soupçonné de remettre en cause les institutions républicaines. Chez les Grecs, à Athènes, ostraciser le dernier homme fort en date était quasiment devenu une institution et certains furent jugés et condamnés après leurs mandats (la fin de ce "pauvre" Miltiade, vainqueur à Marathon, mort de la gangrène dans une geôle athénienne).
Après, celtes et germains avaient conservé les aspects religieux et mythique de la fonction royale. Mais ce n'est guère que l'imperium romain, inspiré de modèles orientaux, qui finit par sacraliser la personne du dirigeant. Le Christianisme parachèvera cette conception monolithique et très hiérarchisé du pouvoir, où le dirigeant est "lieutenant de Dieu sur terre". Alexandre non plus ne s'y était pas trompé en se proclamant pharaon. Dans le modèle indo européen, le pouvoir est partagé et même dans un régime monarchique, le pouvoir du roi est très relatif, on est loin du dieu roi oriental.
Mais il faut se garder d'imaginer que les sociétés Celtes ou germaniques étaient des sociétés plus ou moins démocratiques. Tous les hommes libres participent à l'assemblée, mais le système de clientélisme fait que l'aristocratie guerrière, ou tout du moins certaines familles dominantes, prend l'essentiel des décisions. Cependant, comme je le disais, il n'y a aucun appareil d'Etat, aucune administration, aucune police ("l'armée" n'est que l'assemblage des clientèles des plus puissants, tout hommes libre, chez les gaulois par exemple, devant paraître armé aux assemblées), et on ignore tout d'une éventuelle fiscalité (excepté les rentes et dons que l'on tire de ses propriétés). Femmes, enfants et esclaves sont bien entendu exclus de l'assemblée.
Ces sociétés sont donc un assemblage de petites communautés qui vivent en fonction de liens privés et d'un droit plus ou moins coutumier décidé et tranché en assemblée. Ces assemblée sont d'ailleurs autant des institutions politique que des foires, des cours de justice et de grandes fêtes plus ou moins connotées religieusement.
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Le prof nous avait montré combien, dans certaines sociétés, les chefs sont pratiquement sans autorité et doivent offrir beaucoup pour recevoir bien peu dans les relations de don. Il nous avait pris l'exemple des eskimos dont les chefs, pour être élus par la communauté devaient rassembler des richesses à partager entre tous. Ils avaient des sortes de pouvoir d'arbitrage mais risquaient de se faire zigouiller en cas de mécontentement vis à vis de leurs jugements...
On est très proche de ce que devait être le roi celte, germain ou scandinave. Et effectivement, on exigeait beaucoup d'un roi et il avait peu de réelles prérogatives en retour (et quand on parle de roi, il en va de même pour les autres incarnations personnelles du pouvoir de ces société: tiern irlandais et autres jarl scandinaves.... il n'y avait d'ailleurs pas beaucoup de différences avec ce qu'on appelait un roi).