CEN_EMB a écrit :
L'épidémie est le lot de toutes les armées. Là où il y a des hommes en grande quantité, il y a des fèces, il y a des microbes, il y a des bactéries, il y a des maladies, il y a des morts. Les armées en campagne sont des vecteurs épidémiques extrêmement virulents, et toute une batterie de mesures est prise aujourd'hui pour limiter les risques. Justement parce qu'on a payé, et cher, pour apprendre quel formidable incubateur sont-elles.
L'armée d'Orient, en Bulgarie, en 1854, qui ne comprend que 30 000 hommes, est ravagée par la dysenterie bien plus que par les balles russes...
Je ne conteste absolument pas le risque épidémiologique. Pas de problème.
Ce que je conteste a priori, c’est l’argument selon lequel les Gaulois n’auraient pas pris le risque de rassembler de 240 000 soldats en raison du risque épidémiologique.
Je ne vois pas les principaux de la Gaule réunis en assemblée tenir ce genre de dialogue :
- un cavalier exfiltré d’Alésia : ...Vercingétorix demande qu’on envoie devant Alésia tous ceux qui sont en état de porter les armes…
- Comm l’Atrébate : Ça va pas la tête ?! Le risque d’épidémie est trop grand !
- Vercasivellaunos l’Arverne : oui ! Demandons seulement à chaque peuple d’envoyer une partie de leurs combattants. Par exemple seulement 240 000, ça réduira le risque de ch…. pardon, d’épidémie...
- Comm : Négatif ! Aussi avec 240 000, le risque d’épidémie est trop grand.
- Varcassimachin : bon alors seulement 30 000…
- Comm : allez tope là ! Avec 30 000 il n’y aura pas d’épidémie. La preuve : les 50 000 Romains ont tous le teint tout rose et tout joufflu ; pas une gastro ; même pas un rhume…
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Et oui, la logistique de la merde, c'est une question très importante pour une armée en campagne, et plus on multiplie les individus, plus elle est compliquée. C'est une des raisons (les maladies et la difficulté du soutien logistique) qui expliquent - avec les limitations du commandement qui veulent que jusqu'aux révolutions espagnole et hollandaise du XVIe siècle une armée plus ramassée remporte la victoire plus sûrement qu'une armée nombreuse - pourquoi les armées "historiques" (j'entends par là : dont on peut connaître la force avec une probabilité raisonnable, ce qui n'est pas du tout le cas ici) sont demeurées en Occident, tout au long du Bas-Empire jusqu'au XVIIe siècle, très régulièrement inférieures à 20 ou 30 000 hommes, les plafonds de 50 ou 60 000 étant vraiment exceptionnels (et tardifs).
J’ai indiqué dans un précédent message pourquoi la comparaison armée de secours gauloise / armées des temps modernes n’est pas du tout pertinente. Déjà que les Gaulois et les Romains vivaient dans deux mondes complètement différents pour ce qui était de la manière de faire la guerre ; alors comparer avec tercios espagnols du XVIème…
Face au péril des légions romaines (que Vercingétorix connaissait très bien), les Gaulois n’avaient que 2 atouts : de très gros effectifs et des ressouces logistiques d’un pays riche.
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Que Rome, avec sa centralisation, sa conception stratégique et son anticipation logistique, ne puisse mettre en campagne sous César plus de 80 000 légionnaires (et sans doute moins en réalité) mais que les Gaulois, qui n'étaient pas dotés de tels atouts, en rassemblent en deux coups de cuiller à pot trois fois ce nombre, ça ne vous interroge même pas ?
C’est vous qui affirmez que Rome ne
pouvait pas mettre en campagne plus de 80 000 légionnaires. Moi je soutiens que le Sénat de Rome ne
voulait pas donner au consul César plus de légions que ce qu’il lui a donné.
En tant que gouverneur de ses provinces (Cis- et Transalpine et Illyricum), il avait « droit » à 4 légions permanentes. Survient la migration des Helvètes en 58 : il a le droit d’en recruter 2 supplémentaires pour défendre sa province ; puis 2 encore l’année suivante. Total : 8. En 53 il lève une 9ème légion et en « emprunte » une 10e à Pompée ; en 52, + 2 légions supplémentaires : total : 12.
Et il faudrait pouvoir compter les auxiliaires.
Et il faudrait pouvoir compter les pertes qu’il a fallu remplacer sur cette longue guerre des Gaules qui a duré sur 9 ans (à un certain moment, Rome a perdu 1 légion entière exterminée en une seule fois).
Et il faudrait savoir (je pense que les spécialistes le savent) combien Rome gardait de légions por ses besoins en Italie et ses aures provinces.
Et je ne sache pas que Rome ait décidé à un moment quelconque de cette guerre, de mobiliser tout son potentiel pour frapper un coup décisif en un seul point comme les Gaulois l’ont fait pour Alésia.
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Le problème, c'est que vous ne semblez pas vous rendre compte de ce que représente un quart de millions d'hommes sur quelques kilomètres carrés.
Bien que comparaison ne soit pas raison,
- je dis : un grand événement au stade de France : 80 000 personnes
- vous dites quelques kilomètres carrés ; je dis des centaines de kilomètres carrés, sur tout le pays auxois : les plus proches à portée de vue des fortifications romaines, une partie derrière, jusqu’à une journée de marche de 15-20 km (quand Vercassivellaunos met ses « régiments » en place pour attaquer le camp Nord, il marche toute la nuit), et le reste encore plus loin, voire pas encore arrivés sur zone.
- je vous laisse calculer le nombre de mètres carrés dont disposerait un homme dans l’hypothèse (purement arithmétique, théorique), où ils seraient 120 000 en même temps sur un cercle de… voyons... 30 km de rayon (les 120 000 autres étant encore sur la route du côté de Paris, Orléans, Clermont-Ferrand...) ?
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Aucune armée, en fait, du moins que je ne connaisse, n'a réussi le tour de force de subsister, encore moins de faire mouvement, avec une telle masse. Même les armées industrielles étendent l'aire d'activité de leurs armées, tant il est contreproductif, impossible, de concentrer des masses supérieures à quelques dizaines de milliers d'hommes au maximum (120 000 étant un chiffre qui pour moi est à peu près indépassable pour une armée qui se déploie sur un champ de bataille de dimension classique - quelques kilomètres sur quelques kilomètres - et encore au prix d'une déconcentration lors de la marche d'approche).
Personne, pas même César, n’a prétendu que les 240 000 sont effectivement arrivés tous en même temps sur le champ de bataille.
Vous êtes spécialiste. Expliquez moi svp : bataille de Verdun, avril 1916 : 500 000 combattants français présents sur zone. Quelle superficie ?
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Mais puisque César le dit, vous avez raison, c'est sûr, en fait, ils étaient trop forts, ces Gaulois. A se demander comment ils n'ont pas réussi à culbuter les légions. Ils devaient être aussi manchots au combat que doués en planification logistique...
Ben… je ne sais pas pourquoi, dans le même ordre d’idée les 3 ou 4 romains texans ont résisté si longtemps à Fort Alamo ; pourquoi les « gaulois » Aztèques n’ont pas vaincu le « romain » Cortez et l’empire Inca les aventuriers de Pizzaro ; pourquoi le nombre de tués à Bir Hakeim a été 30 fois plus élevé côté germano-Italien que côté français...etc