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En effet, César n'affirme pas qu'il le savait. Il me semble qu'on peut émettre 4 hypothèses (prudence… prudence avec les hypothèses...) :
Il est tout de même très étonnant qu'il ne cite pas le moindre druide alors qu'il les décrit comme étant à la tête de la société gauloise. C'est là dessus que JL Brunaux s'appuit pour dire que les druides étaient en perte d'influence au moment de la Guerre des Gaules, mais ça reste tout de même étonnant.
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je ne pense pas qu'on puisse faire des Gaulois une vaste foule complètement déconnectée des pratiques militaires.
Loin de là même. Les Gaulois ont affronté nombre des autres peuples méditéranéens, et ont triomphé d'armées très organisées et disciplinées (les Romains en premier lieu quelques siècles auparavant). Le mercenariat était en outre très fréquent pour les guerriers gaulois (qui se sont battus dans les armées des Ptolémés) et ils ont eu des contact régulier durant tout le second âge du fer avec les autres civilisations méditerranéennes et ont pris part à nombre des grands conflits de cette période (notamment les guerres puniques).
César nous dit également qu'ils adoptaient des formations et qu'ils étaient capables de tenir longtemps, à la limite de l'emporter, contre ses légions (notamment la grande bataille contre les nerviens qui semble avoir été une boucherie, où même la Xème légion, légion d'élite de l'armée de César, a été éprouvée par les combats).
En revanche comme je le disais il faut apporter la nuance qu'au moment du siège d'Alésia, il est certain que les années précédentes ont saignés les troupes d'élite gauloises et notamment l'aristocratie guerrière, avec certainement nombre de vétérans et de chefs expérimentés.
En outre, beaucoup de cités s'étaient ralliées en désespoir de cause à Vercingétorix, ayant compris qu'elles ne pourraient résister seules.
Faut-il prêter crédit à César quand il dit que Vercingétorix menait une véritable politique de terreur pour maintenir la cohésion de sa coalition? Ce n'est pas impossible dans la mesure où pour beaucoup de gaulois, s'allier avec d'autres peuples qui étaient des ennemis héréditaires depuis des siècles n'allait pas de soit même dans une situation aussi critique (pour que même les Eduens rejoignent la coalition menée par les Arvernes, c'est que les Romains avaient du vraiment provoquer leur colère et leur défiance).
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Un Gaulois n'est pas un citoyen d'un Etat centralisé qui a pacifié son espace public et qui a monopolisé l'usage de la violence.
Oui tout à fait, c'est un point à garder à l'esprit.
Ceci dit César nous dit que le peuple (ni druides ni nobles) était constitué de masses laborieuses totalement soumise au bon vouloir des élites. Pourtant il précise qu'il est nécessaire de paraître en arme pour pouvoir assister aux assemblées, ce qui rejoint plutôt ce que vous décrivez.
En outre, dans d'autres sources, on se rapproche en effet bien d'avantage d'une société d'hommes libres qui étaient tous susceptibles de porter les armes et de participer aux combats.
Il semble que la plupart des gaulois (hors esclaves... que César ne mentionne pas ou très peu d'ailleurs) appartenaient à la mouvance d'un puissant, un réseau de clientèles complexes qui constituaient la principale "cellule" (au-delà de la famille) de la société gauloise (nul doute que la parentèle, et au-delà la tribu, jouait un rôle important également).
Et il faut aussi prendre en compte les évolutions de cette société à travers le temps, qu'on cerne mal, mais qui sont indéniables, car reflétées notamment par la culture matérielle, l'organisation du territoire et les pratiques funéraires.
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Une masse de combattants peu aguerris disséminés sur le territoire. Dans ce cas, des combattants déterminés peuvent vaincre à 10 contre 1.
Ou en cours de rassemblement. Les délais qu'évoque le texte de César sont très courts: César bat la cavalerie alors qu'il tente de se replier en bon ordre vers la Provincia. Vercingétorix va alors s'enfermer dans Alésia, probablement à dessein pour reproduire la stratégie de Gergovie (appâter César et le prendre entre le marteau et l'enclume une fois son armée au pied des remparts). Voyant les incroyables travaux de siège des romains, il envoie sa cavalerie appeler à l'aide avant que la nasse se referme. De là, une immense armée de secours est formée et se rassemble... Mais il faut imaginer les temps de trajets, les divers aléas, le temps que les autres chefs se mettent d'accord, l'envoi des émissaires partout en Gaule, le temps que les cités réagissent et envoient leurs hommes (exemple des Lémovices qui envoient 10 000 hommes... le Limousin/La Bourgogne, pour une armée en marche, ce sont des semaines de trajet... ceci dit dans ce cas, César nous dit qu'ils sont tous morts à Alésia), qu'ils se rassemblent, de mettre en place la logistique (notamment le fourrage et les vivres dans une Gaule éprouvée par la guerre (Vercingétorix a pratiqué une politique de terre brûlée dans tout le centre de la Gaule quelques mois auparavant) soient coordonnées.... bref, vous voyez où je veux en venir.
L'armée de secours est probablement l'armée estimée dans son ensemble. Les 200 000 hommes représentent d'avantage le potentiel que les Gaulois peuvent mobiliser, ce qui n'induit pas forcément qu'ils l'aient fait (effectivement, cela paraît très compliqué).
il me semble aussi (mais ma dernière lecture de la Guerre des gaules remonte) que César donne parfois des chiffres comparables dans d'autres campagnes, et qui ne concernent parfois qu'un seul peuple! (les Bellovaques sont d'après lui capable de mobiliser plus de 100 000 hommes contre lui). Mais là encore, s'agit-il d'un potentiel lié à un peuple où effectivement l'exercice de la violence et de la guerre n'est pas encore une prérogative d'Etat, et où le moindre "paysan" peut se transformer en guerrier en cas de besoin? D'une exagération? Difficile de trancher.