Oedipe a écrit :
Il y a une forme d'exagération à déduire des chiffres par des données floues où l'on s'aperçoit de la vie et que celle-ci fait son oeuvre.Et Il me semble bien que le dépeuplement de la gaule, ait été un fait déjà sous l'Empire romain et une volonté de l'Empire ce qui n'était sans doute pas le cas des autres régions qu'il avait en responsabilité. la guerre des Gaulle de 355 sous Julien nous montre ddéjà un pays exsangue, mais autant par les invasion que par volonté d'Empire.
Il ne faut pas exagérer cette désolation. Cette analyse provient en grande partie de Libanios (Orat. XVIII, 34), un habitant d'Antioche, donc pas tellement au fait des réalités, d'autant qu'il s'adresse à Julien justement. Il convient de montrer que la situation était plus que calamiteuse pour exalter la réussite de son héros. Or la situation en Gaule correspond également à un moment très particulier ; en effet avec l'usurpation de Magnence, Constance II se voit dans l'obligation de partir en Occident affronter ce prétendant et il en profite pour, apparemment, s'entendre avec des peuples barbares (Alamans), pour qu'ils attaquent les frontières romaines au moment où il arrive en Occident. Cela permettait de fixer une partie des forces de l'usurpateur et donc de la vaincre plus facilement. C'est dans ce contexte de guerre civile qu'il faut comprendre les problèmes de la Gaule au moment de la nomination de Julien comme César qui doit aller tout simplement essuyer les plâtres, ce que Constance ne tient pas particulièrement à faire. Lors de la bataille de Strasbourg en 357 Ammien se plait au passage à nous décrire les collines près de la ville où l'on allait bientôt récolter le blé (Ammien Marcellin, XVI, 12, 19 :
A ces mots, sans accepter de relâche, l'armée s'ébranle de nouveau, et parvient au pied d'une colline en pente douce, couverte de blés déjà mûrs, et située à peu de distance de la rive du Rhin.) : Ammien a voyagé sur la frontière rhénane à cette même époque, à peine quelques années plus tôt, dans le sillage d'Urcisin, chargé de mettre en terme à l'usurpation de Sylvanus, par Constance. Un peu plus tard Ausone parle de vignes sur les bords de la Moselle (20 :
fleuve aux collines plantées de vignes au vin parfumé, fleuve verdoyant aux rives gazonnées! ) ; quand on sait combien de temps il faut pour qu'une vigne donne, on comprend le poids d'une citation qui a le mérite d'être beaucoup moins sujette à caution que celle de Libanios puisqu'il était Gaulois. On est loin des paysages d'apocalypse de Libanios et des Panégyriques... La Gaule a certes souffert mais ce n'est pas la peine d'en faire un champ de bataille comparable à Verdun.
Ensuite je ne vois vraiment pas en quoi l'Empire aurait une quelconque volonté de voir la Gaule dépeuplée... C'est d'ailleurs un réservoir de soldat de tout premier ordre au IVe siècle, qui a souvent été négligé par les historiens qui n'ont de cesse de chanter l'apport germanique. Or Ammien comme Julien nous renseignent largement sur ce fait.