Je vais être assez méchant, car j'ai pu vérifier trois des références bibliographiques sur lesquelles Lestrigones prétend s'appuyer ; or aucune des trois ne reflète ce qui en est ici "résumé". J'espère qu'il s'agit plus de maladresse méthodologique et de superficialité que d'une manipulation consciente ou une provocation...
Déjà que cette légende m'agace, constater qu'on liste des chercheurs authentique pour se donner un vernis de sérieux, mais qu'on cherche à me tromper en manipulant leurs conclusions voire carrément en les inventant, ça me mets vraiment de mauvaise humeur...
Une fois de plus, tout, absolument tout est basé exclusivement sur un unique élément :
Shardan ressemble vaguement à Sarde,
Shekelesh fait penser vaguement à la Sicile. Et s’est parti pour des théories basée sur des théories, qui sont sensées justifier des théories, le tout saupoudré de « génétique » anachronique, nouvelle poudre de perlimpinpin censé valider n’importe quoi …
La, je cite, « grande proximité linguistique entre le corse et le sicilien » (affirmation que je ne saurais confirmer ou infirmer), deux langues latines actuelles, est sensée démontrer une communauté ethnique (« génétiquement ») de la population de deux îles dont il n’est pas du tout certain et même improbable que les locuteurs aient été seulement indo-européens (dans le cas des Corses)…
Et surtout, une fois de plus, la chronologie et l’archéologie sont tout simplement ignorées pour ne pas dire niées…. au profit d’un unique rapprochement linguistique anecdotique, et d’une vague histoire d’accent des patois italiens du XXIe dont on se demande bien le rapport avec les Peuples de la mer d’il y a 3500 ans.
Lestrigones a écrit :
Sur cette thèse des Shekelesh ayant migré vers la méditerranée occidentale, je me base (…) et sur la thèse doctorale de Woudhuizen, intitulée "the Ethnicity of the Sea Peoples".
Pas de pot, la thèse de Woudhuizen est disponible en ligne et il dit diamétralement l’inverse… Très prudent par ailleurs, conscient de l’indigence pour ne pas dire de l’absence de la moindre preuve archéologique unissant les Shardanes/Shekelesh aux Peuples de la mer, et au-delà aux populations égéennes et/ou d’Asie Mineure, il conclut :
- Pour les Shardanes il opte prudemment en faveur d'une origine sarde, pour deux raisons : les noms qui se ressemble (sic) et les statues-menhirs corses, sur la base de la théorie de Grosjean ; malheureusement, ces dernières ont vu leur datation complètement remise en cause, sans parler de la pertinence à rajouter des cornes à des statues qui n’en ont pas pour pouvoir les faire ressembler à…
- Pour les Shekelesh, il exclut une origine anatolienne, car le Hittite Suppiluliumas II découvre leur existence lorsqu’ils déboulent. Il est prêt timidement à envisager un lien avec la Sicile, uniquement parce qu’il existe des traces (discrètes) d’échanges commerciaux entre la Sicile et le monde Créto-Chypriote à cette date et auparavant.
http://www.scribd.com/doc/23068629/The-Etnicity-of-the-Sea-PeopleJe n’ai pas pu vérifier les autres, mais de toute façon, la théorie d’une invasion des Peuples de la mer d'origine orientale dans les îles occidentales aux alentours de 1200 n’est pas viable archéologiquement, il n'y en a aucune trace, et encore une fois, les Sicèles de Sicile parlent une langue italique proche de l’osque, d’après quelques découvertes épigraphiques d’époque archaïque et classique.
La Stèle de Nora n'apporte rien à la problématique, elle ne fait que nous confirmer que la Sardaigne portait déjà ce nom au IXe, point barre.
Pour la génétique appliquée anachroniquement à des populations 3000-3500 ans auparavant, c’est devenu la nouvelle poudre de Perlimpinpin à triturer dans tous les sens pour assaisonner sa salade. C’est comme l’étymologie, on arrive toujours à ses fins sans trop se casser la tête.
Si l’on veut établir un lien entre Sardes et Asie Mineure, hop, haplogroupe G :
Si l’on veut établir un lien avec, je sais pas moi, les Vénètes (ou les Vikings, ce qui nous ramène à la problématique des Peuples de la mer, car les peuples de la mer sont bien entendus Scandinaves comme démontré il y a peu
), hop, haplogroupe I :
En passant, la première carte sera exploitée pour justifier une parenté Corse-Sarde, la seconde au contraire sera brandie pour démontrer la différence profonde entre eux.
Lestrigones a écrit :
« Selon le spécialiste en génétique des populations Luigi Luca Cavalli-Sforza, cité dans une étude intitulée "Structure génétique de la population corse", la structure génétique de ces îles provient de la lente expansion des fermiers néolithiques à partir du Moyen-Orient. »
On rajoute un petit peu d’amalgames et hop voilà les conclusions pour le néolithique transférées à l’âge du bronze, au prix de l’amalgame de l’Asie Mineure assimilée au Moyen-Orient… Et tant pis si l’étude de 2006 qui y fait référence dément explicitement les conclusions dudit spécialiste en 1994 : « Le peuplement se serait donc effectué, depuis le Moyen Orient, à partir de 35000 ans environ avant notre ère … Les expansions des fermiers du néolithique, à partir de 10000 ans avant notre ère, auraient eu, en Méditerranée, une influence technologique plus que génétique. »
http://www.didac.ehu.es/antropo/11/11-7/Giovannoni.pdfQuant au rapport avec les populations nuragiques et les Peuples de la mer, je cherche encore…
Lestrigones a écrit :
Cela se trouverait corroborer par d'autres études mettant en évidence une proximité génétique entre Sardes et Anatoliens, notamment celle portant sur la comparaison de la variation du chromosome Y en Sardaigne et en Anatolie menée par des chercheurs de l'Université de Sassari (Laura Morelli et Daniela Contu) et par plusieurs autres chercheurs (Federico Santoni, Michael B. Whalen, Paolo Francalacci et Francesco Cucca) faisant ressortir que les populations sardes et anatoliennes partagent la même distribution élevée de l'haplogroupe G du chromosome Y, laissant supposer un ancêtre commun aux deux groupes.
Il n’est pas question de « proximité génétique », mais de l’étude de la répartition d’un seul et unique haplogroupe. Ils essaient non de retracer l’histoire génétique d’une population, mais l’histoire d’un gène. Et ils ne concluent pas en une origine anatolienne de ce gène, mais à une origine commune aux deux groupes, ce qui est très différent, et qui remonte à « an earlier, pre-Neolithic dispersal of haplogroups »… et de conclure : « Overall, these results are consistent with the cultural diffusion and do not support the demic model of agriculture diffusion. », l’inverse de ce que tu prétends : ces études contredisent le modèle de Cavalli-Sforza.
http://www.plosone.org/article/info:doi/10.1371/journal.pone.0010419Et encore une fois, rien à voir de près ou de loin avec les populations nuragiques et les peuples de la mer…
Inutile donc de chercher à nous impressionner avec de fausses références : en général, sur ce forum, on vérifie la bouillie qui nous est servie.