onyx a écrit :
Jean R a écrit :
Ne traduirait-il pas plutôt l'embarras de quelqu'un qui est obligé d'admettre qu'on a longtemps fait au nom de Dieu ce que ce même Dieu est supposé réprouver d'après de nouvelles normes ?
C'est le noeud de l'interprétation. L'auteur de YftahNe faut il pas des arguments plus solides pour abandonner l'explication officielle, qu'il est facile de vérifier en lisant globalement la compilation des prophètes dans n'importe quelle version.
Heu, il y a malentendu là, je ne parlais pas de Jephté (quelle version transcrit Yftah ?) mais de la déclaration sidérante d'Ezéchiel où Dieu (à la première personne !) déclare avoir ordonné des sacrifices humains, même si c'est mal, pour punir les juifs !
Jérémie, à la même époque ou peu avant, fait dire à Dieu qu'Il ne veut même aucun sacrifice (7, 22), contredisant frontalement une bonne partie du Lévitique, etc. Mais le même Jérémie s'inscrit ouvertement en faux contre une partie de la Bible ! (8, 8, les versions actuelles écrivent pudiquement que la "Loi" a été falsifiée, mais c'est bien "Torah" dans le texte).
Bref, je ne prétends convaincre personne contre son gré, et surtout pas quelqu'un dont ça déstabiliserait la foi (ce n'est pas un forum religieux), mais je pense que le plus vraisemblable est que les sacrifices humains ont eu cours dans le Judaïsme plus longtemps que ce n'est "officiellement" admis, et que s'il y en a si peu de traces c'est qu'elles ont été largement évacuées ou transformées en "hérésies" ou "reniements" par les rédacteurs ultimes, parce que ça ne s'inscrivait pas dans leur vision générale de cette histoire. Sans oublier que le "sauvetage" d'Isaac est soupçonné d'avoir été un rajout postérieur.
De la même façon, il y a dans Deutéronome 32, 8-14 ce qui ressemble à une conception polythéiste primitive mal effacée, où le dieu Yahvé était un fils parmi d'autre du dieu El, chacun ayant à sa charge un des peuples de la région. Les versions modernes, et même la Massorétique ou la Septante, parlent de "Très-haut" et d'"Eternel" mais le texte est illogique s'il s'agit de la même entité. Et il paraît qu'une version trouvée à Qumran vend la mèche (voir par exemple Jean Soler,
L’invention du monothéisme, de Fallois, 2002). Là aussi, bien sûr, l'acceptera qui voudra. Mais il serait normal que des éléments contredisant la vision des rédacteurs ultimes (au temps d'Esdras/Ezra pour la majorité des commentateurs) aient été largement effacés et ne subsistent que sous la forme d'allusions peu claires.
Cordialement,
Jean R