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Message Publié : 28 Juil 2006 13:50 
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Il y a l'affaire de Navarrin et l'expédition de Morée de 1827-1828. Voir le lien ci-dessous, pages 311 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28956d

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 28 Juil 2006 23:17 
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Loïc, voyez ce document très intéressant d'un projet d'envahissement français de l'empire ottoman fait par un observateur averti sous Louis XIV. Malheureusement, l'histoire n'a pas conservé les noms du rédacteur et du destinataire... En tous cas il n'a pas été suivi d'effet.

http://www2.let.uu.nl/Solis/anpt/ejos/pdf5/Nevfin.pdf

Depuis François Ier, "La Sublime Porte" et le royaume français s'étaient trouvés des affinités sur la base d'intérêts géo-stratégiques communs, c'est pourquoi il y eu peu d'épisodes d'affrontements entre les deux entités. La turcophilie était de règle en France, brutalement troublée par l'épisode de la révolte grecque pour l'indépendance. Cette dernière sera relayée par les romantiques qui vont retourner l'opinion en faveur des Hellènes, au moins pour un temps.

Cependant, on voit dans le document que certains, dont le rédacteur qui a dû vivre un temps à Constantinople, savaient bien de quelle nature était la domination ottomane puisqu'il se base notamment pour la réussite de l'opération sur le fait que "Tous les Chrestiens ses [le Turc] subjets, qui sont en grand nombre, sont encore ses ennemis et ne demandent que l’occasion pour se rebeller."

Dans l'introduction, il est question également du bombardement de Chios (l'île j'imagine) sous Louis XIV, en rapport avec les raids des barbaresques que vous évoquiez.
Nevin Özkan dit que ceci résulte d'une divergence entre France et empire Ottoman apparue lors du siège de la Crète par les Turcs, alors tenue par les Vénitiens.


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Message Publié : 16 Août 2007 7:32 
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Bonjour
j'ai en ma possession les comptes rendu de la bataille de Navarin
l'un faite par l'Amiral de Rigny
l' autre par le Capitaine de Vaisseau Hugon commandant la frégate Armide
si cela intéresse contactez moi


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Message Publié : 16 Août 2007 8:00 
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Le but de ce forum est quand même de partager avec tous ses informations...

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Message Publié : 16 Août 2007 8:42 
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Plantin-Moretus a écrit :
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si cela intéresse contactez moi

Le but de ce forum est quand même de partager avec tous ses informations...

J'en suis contient mais le texte fait 13 pages avec le plan et le copié-collé ne marche pas, donc .... ? probléme
Ce texte sort d'un rapport manuscrit du SHM Toulon


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 Sujet du message : navarin
Message Publié : 22 Août 2007 10:18 
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Combat Naval de Navarin


20 Octobre 1827



Entre la flotte Turco-Egyptienne
Et les forces Franco-Anglo-Russes



Tiré des Annales de la Marine et des Colonies 1827


Fait à bord de la Syréne le 21 Octobre 1827
Par le Contre Amiral commandant l'escadre DE REGNY

COMBAT NAVAL de Navarin entre l'armée Turco-égyptienne, et les escadres combinées de la France, de l'Angleterre et de la Russie le 20 octobre 1827,


Paris, le 8 Novembre 1827.




Nous recevons de notre escadre dans l'Archipel, en date du 22 octobre, les nouvelles suivantes

« Les amiraux commandant les escadres des trois puis­sances signataires du traité de Londres s'étant réunis le 18, auprès de Zante, pour aviser aux moyens d'atteindre le but spécifié dans le susdit traité, l'armistice de fait entre les Turcs et les Grecs, ont considéré:

« Qu'après la suspension d'armes provisoire consentie par Ibrahim-Pacha, dans sa conférence du 25 septembre der­nier, avec les amiraux anglais et français, agissant égale­ment au nom de l'amiral russe, ce pacha a violé dès le lendemain sa parole;

» Que, depuis la rentrée de cette flotte à Navarin, à la suite d'une seconde sommation faite à Ibrahim par l'amiral Codrington, qu'il avait rencontré près de Patras, les troupes de ce Pacha n'ont cessé d'exercer un genre de guerre plus exterminateur qu'auparavant, en faisant main -basse sur les femmes et les enfants, en brûlant les habitations, en déracinant les arbres pour la dévastation entière du pays;

» Que pour arrêter des atrocités qui surpassent tout ce qui a eu lieu jusqu'ici, les moyens de persuasion et de conciliation, les conseils soumis aux chefs turcs, les avis données à Méhémet Ali et à son fils, n'ont été considérés que comme un jeu, tandis que d'un seul mot il pouvait suspendre le cours de tant de barbaries ;

• Qu'il ne reste aux commandants des escadres alliées que le choix de trois moyens pour remplir les intentions de leurs cours respectives ;

« 1.° De continuer durant tout l'hiver un blocus difficile, dispendieux et même inutile, puisqu'une tempête peut disperser les escadres et ouvrir à Ibrahim la facilité de porter son armée dévastatrice sur différent points de la Morée et des îles ;

» 2.° De réunir les escadres alliées dans Navarin même, et d'assurer Par cette présence permanente l'inaction des flottes ottomanes; mais que ce moyen seul ne termine rien, puisque La Porte Persiste à ne pas changer de système;

• 3.° De venir prendre position dans Navarin avec les escadres, pour renouveler à Ibrahim des propositions qui entrant dans l'esprit du traité, étaient évidemment dans l'intérêt de la Porte elle-même.

» Les amiraux, après avoir réfléchi sur ces trois moyens ont unanimement reconnu que le troisième pouvait, sans effusion de sang et sans hostilité, mais par la seule présent imposante des escadres, amener une détermination en ce sens.

» En conséquence, le mode d'exécution du troisième moyen ayant été arrêté, et dès-lors, aux termes des instructions, le plus ancien des amiraux devant prendre le comman­dement Supérieur le vice-amiral Codrington arrêta les dispositions nécessaires.

« Le 20, à midi, le vent se trouvant favorable, les pre­mières dispositions furent faites ; chacun prit son poste : le vaisseau amiral Anglais l'Asia en tète, suivi de l'Albion et du Genoa et de deux frégates; venaient ensuite la frégate la Syrène, portant le pavillon de l'amiral de Rigny, suivie des vaisseaux français le Scipion, le Trident, le Breslaw, et de la frégate l'Armide ; puis le vaisseau amiral russe Azoff, monté par le comte Hayden, suivi de trois vaisseaux et de quatre régates de sa nation.

» Les Turcs avaient formé une triple ligne d'embossage en fer à cheval, occupant tout le contour de la baie; ils avaient trois vaisseaux de ligne, un vaisseau rasé, seize fré­gates, vingt-sept grandes corvettes et autant de brigs, puis un grand nombre de transports; en tout, cent dix bâ­timents.

» Leur force principale se trouvait réunie vers la droite, en entrant. Leur première ligne présentait d'abord quatre grandes frégates, deux vaisseaux, une cinquième grande frégate, un troisième vaisseau, puis des frégates de divers rangs. Les corvettes et les brigs formaient la seconde ligne, et les transports la troisième.

» Trois brûlots étaient placés à chacune des extrémités du fer à cheval, pour être à mène de venir se jeter sur les es­cadres alliées, si un engagement avait lieu: dans l'action, ils se trouvaient au vent de ces escadres.

» La frégate anglaise le Darmouth, capitaine Fellows, avait été envoyée, deux jours avant, à Navarin, pour porter à Ibrahim une lettre signée des trois amiraux ; mais cette lette avait été renvoyée sans réponse, sous prétexte qu'I­brahim n'était pas présent.

» A deux heures, le vaisseau de tête l'Asia donnait dans le port et avait dépassé les batteries ; à deux heures et demie, il mouillait par le travers du vaisseau amiral turc et était suivi par les autres vaisseaux anglais.

» La Syrène suivait, et à deux heures vingt-cinq minutes, le capitaine Robert la mouillait à portée de pistolet de la première frégate de la ligne turque : en ce moment, un canot de la frégate anglaise le Darmouth accostait un des brûlots auprès desquels elle avait mouillé quelques minutes avant, lorsqu'un coup de fusil, parti de ce brûlot, tua l'officier anglais qui commandait le canot. La Syrène était si près du brûlot, qu'elle aurait pu le couler s'il n'y avait pas eu de danger pour le canot anglais ; le Darmouth fit alors une fusillade sur le brûlot, pour dégager ses embarcations.

» Presque à la même minute, la Syrène étant vergue à vergue de la frégate égyptienne à deux batteries l'Esnina, l'amiral de Rigny la héla au porte-voix, en disant que si elle ne tirait pas, il ne tirerait pas sur elle : au même instant deux coups de canon partirent d'un des bâtiments qui étaient à poupe de la Syrènc, sur laquelle un homme fut tué ; l'autre parut dirigé sur le Darmouth. Dès-lors le com­bat s'engagea.

» Il est à remarquer que presque en même temps que cela se passait à l'entrée, l'amiral Codrington envoyait une embarcation vers le vaisseau turc portant pavillon ami­ral, et que le pilote anglais fut tué d'un coup de fusil dans le canot parlementaire.

» L'engagement devint bientôt général. Les vaisseaux russes eurent particulièrement à essuyer le feu des fort; , qui ne commencèrent à tirer que lorsque le vaisseau français le Trident passait sous leur volée.

» A cinq heures du soir, la première ligne des Turcs était détruite ; plusieurs vaisseaux et frégates démâtés, coulés, incendiés ; le reste s'en allait à la côte, où ils se brûlaient eux­ mêmes.

„De cet armement formidable il ne reste plus à flot qu'une vingtaine de corvettes et de brigs ; encore sont-ils abandonnés.

„ Ainsi a été accomplie la menace qui avait été faite à Ibrahim, que si un coup de canon était tiré sur les pavillons alliés, il y allait du sort de la: flotte entière.

» Ibrahim n'était pas présent : depuis quinze jours il dé­vaste la Morée, arrache et déracine les oliviers, la vigne, les figuiers, &c.

» Dans cet engagement imprévu, il y a eu naturelle­ des bâtiments qui, par leur position, ont plus souffert les uns que les autres ; ce qui est certain, c'est que, dans chaque escadre, chacun a fait son devoir à l'envi l'un de l'autre.

» La frégate française l'Armide, commandée par M. Hugon, capitaine de vaisseau, et qui, dans le début de l'action, était placée avec la frégate anglaise le Talbot, à l'extrémité du fer à cheval, a eu à supporter, ainsi que sa brave com­pagne, le feu de cinq frégates turques, jusqu'à l'arrivée des frégates russes.

» Le capitaine Hugon a reçu des félicitations unanimes pour l'assurance de sa manœuvre et la vivacité avec la­quelle il a combattu les bâtiments qui lui étaient opposés.

» Le vaisseau le Scipion, capitaine Milius, engagé dans son beaupré par un brûlot enflammé, a éteint quatre fois le feu a son bord sans cesser de combattre, tirant à la fois des deux bords sur la ligne ennemie et sur les forts.

» L'amiral de Rigny a reçu par la position qu'avait prise le capitaine Morice, du Trident-, l'assistance la plus com­plète de ce vaisseau.

» Le capitaine de la Bretonnière, du Breslaw, a com­battu d'abord à la voile, puis à l'encre, en se portant là où sa présence pouvait être utile. L'amiral russe a adressé au chevalier de Rigny des remerciements particuliers pour l’assistance qu’il avait reçue du vaisseau le Breslaw, dans un moment où l'Azof était fort maltraité par des feux d'enfilade de l'ennemi.

» Les goélettes l'Arcyone et la Daphné ont vaillamment participé à l'attaque des brûlots avec les corvettes et brigs Anglais.

» En résumé, tout ce qui a été opposé aux vaisseaux alliés a été promptement réduit, malgré l'acharnement que quelques bâtiments turcs ont montré.

» L'amiral de Rigny a dû adresser des remerciements particuliers au capitaine Fellows, de la frégate de S. M.H. le Darmouth, chargée de la surveillance des brûlots, pour le secours toujours à propos qu'il en avait reçu lorsqu'un des brûlots enflammés était sur le point de tomber sur la Syrène.

» Nous avons eu quarante trois hommes tués et cent vingt cinq blessés. M. de la Bretonnière, capitaine de vaisseau, a été légèrement blessé. Le matériel de notre escadre a beaucoup souffert ; deux de nos vaisseaux seront peut ­être forcés de retourner à Toulon pour réparer leur mâture : la Syrène sur tout a des avaries très graves ; son grand mât et son mât d'artimon ont été coupés, ainsi que ses deux basses vergues et celles du grand hunier; elle a eu six boulets à la flottaison.

» Le Trident se rend à Smyrne, où il ralliera la frégate la Junon , la corvette la Pomone et les autres bâtiments légers, pour pourvoir aux besoins du moment et attendre de nou­velles directions.

» La corvette anglaise la Rose s'est rendue à Smyrne, d'où des courriers seront envoyés à Constantinople pour annoncer ce grave événement. Le capitaine de Reverseaux, de la Pomone, avait des instructions pour la protection des nationaux, où sa présence pouvait être utile. L'amiral russe a adressé au chevalier de Rigny des remerciements particuliers pour l’assistance qu’il avait reçue du vaisseau le Breslaw, dans un moment où l'Azof était fort maltraité par des feux d'enfilade de l'ennemi.

» Les goélettes l'Arcyone et la Daphné ont vaillamment participé à l'attaque des brûlots avec les corvettes et brigs Anglais.

» En résumé, tout ce qui a été opposé aux vaisseaux alliés a été promptement réduit , malgré l'acharnement que quelques bâtiments turcs ont montré.

» L'amiral de Rigny a dû adresser des remerciements particuliers au capitaine Fellows, de la frégate de S. M.H. le Darmouth, chargée de la surveillance des brûlots, pour le secours toujours à propos qu'il en avait reçu lorsqu'un des brûlots enflammés était sur le point de tomber sur la Syrène.

» Nous avons eu quarante-trois hommes tués et cent vingt cinq blessés. M. de la Bretonnière, capitaine de vaisseau, a été légèrement blessé. Le matériel de notre escadre a beaucoup souffert ; deux de nos vaisseaux seront peut ­être forcés de retourner à Toulon pour réparer leur mâture : la Syrène sur tout a des avaries très graves ; son grand mât et son mât d'artimon ont été coupés, ainsi que ses deux basses vergues et celles du grand hunier; elle a eu six boulets à la flottaison.

» Le Trident se rend à Smyrne, où il ralliera la frégate la Junon , la corvette la Pomone et les autres bâtiments légers, pour pourvoir aux besoins du moment et attendre de nou­velles directions.

» La corvette anglaise la Rose s'est rendue à Smyrne, d'où des courriers seront envoyés à Constantinople pour annoncer ce grave événement. Le capitaine de Reverseaux, de la Pomone, avait des instructions pour la protection des nationaux.

« Le chevalier de Rigny se loue beaucoup de la franche cordialité et de la coopération efficace des amiraux ses collègues.

« Quelques jours avant le combat, le chevalier de Rigny signifié aux Français qui se trouvaient employés sur la flotte d'Ibrahim, que le mode de guerre adopté tout récemment par les Turcs et la violation de la parole d'Ibrahim le, mettaient dans le cas de les sommer de quitter ce ser­vice. Un seul d'entre eux n'a pas jugé la circonstance assez grave pour obéir à cette sommation. On ignore encore s'il à persévéré.

» Nos équipages ont justifié la confiance du Roi; dans chaque vaisseau, le cri de vive le Roi a spontanément ac­compagné la première volée.

» L'escadre a eu sous les yeux, pendant quelques heures, un spectacle épouvantable : il faut se représenter cent cinquante bâtiments de guerre de tous rangs, faisant feu dans un bassin resserré ; les incendies et les explosions qui en ont été la suite.

Lorsque la première frégate égyptienne, combattue vergue à vergue par l'amiral de Rigny, a pris feu et a sauté, la Syréne en était si près que son mât d'artimon est tombé sur les gaillards de cette frégate, et peu après la chute de son grand mât s'en est suivie. »

Etat numérique des pertes en tués et blessés à bord des bâtiments

de S. M. T. C., à Navarin. le 20 octobre 1827


Désignation Tués Blessés grièvement blessé Observations
Officiers 3 1 2 M. Fleurat, drogman de l'amiral, a été tué, ainsi que l'élève de 1° classe Dussénié
La frégate la Syréne 21 26 16
Vaisseau le Scipion 2 9 11 L'enseigne de Vaisseau Trélissac a été blessé d'une balle
Vaisseau le Trident 2 5
Vaisseau Breslaw 1 7 7 Le capitaine de la Bretonniére a été blessé
Frégate l'Armide 14 13 12
Brig l’ Alcyonne 1 7 2 L'enseigne de Vaisseau Dubourdieu a eu la cuisse coupée
Goélette Daphné 1 1 4 L'enseigne de Vaisseau Simira a été tué
43 66 59



Fait à bord de La Syrène, le 21 octobre 1827.

Le Contre-amiral commandant l'escadre, De RIGNY.

















NAVARIN 20 Octobre 1827




RELATIONS de combat particulier

de l’Armide frégate de 44 canons
,

commandé par M. Hugon capitaine de vaisseau,

à l'affaire de Navarin

un officier de l'Armide



Annales Maritimes et Coloniales


Nous avons été invités à ajouter cette relation particulière à celles que nous avons déjà publiées sur le combat de Navarin, page 473 du tome 1° de la 2° parties des Annales maritimes de 1828 ; elle peut en être considérée comme le résumé.



RELATIONS de combat particulier de l'Armide frégate de 44 canons, commandé par M. Hugon capitaine de vaisseau, à l'affaire de Navarin un officier de l'Armide :


Dans les derniers jours de septembre, nous partîmes de Smyrne, emportant avec nous pour l'amiral de Rigny, des dépêches de, Constantinople. L'Armide le rejoignit devant Navarin, où les escadres française et anglaise se trouvaient réunies. Les deux amiraux étaient sortis la veille du port de Navarin, où, à la suite de conférences avec Ibrahim, on avait convenu que les escadres turques ne sortiraient point, et qu'elles n'entreprendraient rien avant d'en avoir reçu les ordres positifs du sultan et du pacha d'Égypte. Deux petits bâtiments anglais et français firent voile sur-le-champ pour Alexandrie. , Se confiant à l'espèce d'armistice qui venait de se conclure, les escadres se séparèrent pour quelques jours. Deux vaisseaux anglais allèrent faire des: vivres à Malte ; l'amiral Codrington fit voile pour Zante avec de reste de sa division. Notre escadre alla jeter l'ancre; dans là baie de Servi, entre Cérigo et le cap Saint Ange.

L'Armide, et la frégate anglaise le Darmouth restaient devant Navarin pour observer la flotte turque. Le 1° oc­tobre, à la pointe du jour, notre surprise fut grande de la voir sortir du port, faisant route pour le golfe de Patras.

Le Darmouth força de voiles pour aller en instruire son amiral, tandis que l'Armide, après avoir parcouru, à portée de pistolet, toute la ligne ennemie, et s'être assurée du nombre et de la force de ses bâtiments, voulu porter la même nouvelle au mouillage de Servi, que nous atteignîmes le 5 oc­tobre. Sans s'arrêter à Servi, l'Armide alla à Milo pour y cher­cher la Junon, l'Alcyone et le brig le Volage. Le 6, elle avait rejoint, avec ces bâtiments, le pavillon de son amiral. Nous n'appareillâmes de Servi que le 9, et, le 13,, nous étions à Zante, réunis aux escadres anglaise et russe. Cette dernière, attendue si impatiemment, était arrivée dans la matinée même.
Après avoir fait de nouvelles provisions à Zante le 14, nous fîmes voile de nouveau pour Navarin ; et le 16, nous nous trouvions tous, Français, Anglais et Russes, devant ce port, qui, il y a quelques jours, renfermait encore toutes les forces navales de l'empire ottoman.

Depuis plusieurs jours, on connaissait dans l'escadre l'intention hautement manifestée par les trois amiraux d'entrer à Navarin, et, dans le fait les approches du mauvais temps allaient rendre, sinon impossible, au moins très difficile, le blocus de ce port. Un petit coup de vent, survenu le 18 octobre, démontra encore mieux l'urgence de l'opération projetée, et combien une plus longue station deviendrait illusoire pendant l'hiver.

En conséquence, le 19 octobre, les amiraux tinrent conseil, et il fut résolu qu'au flotte combinée irait mouiller dans le port de Navarin, suivant l'ordre prescrit par une instruction de l'amiral Codrington. La matinée du lendemain parut favoriser ce projet; lés trois escadres remployèrent à se rallier: mais la brise était trop faible pour que le mouvement pût s'opérer promptement. L'Armide ( dont 'il s'agit seulement ici ) reçut l'ordre de visiter un trabacolo ( 1 ), sous pavillon ionien ; gouvernant pour entrer à Navarin.

Afin de ne pas trop nous éloigner de l'escadre, un de nos canots, dirigé sur ce petit bâtiment, en ramena le capitaine avec ses papiers. Le commandant Hugon en rendit compte, par le télégraphe marin, à l'amiral français, qui fit â l'Armide signal de ralliement, manœuvre qu'elle exécuta avec sa célé­rité habituelle, en se couvrant de voiles. Le vent était alors au S. S. O., petit frais, et la mer aussi belle qu'on pouvait le désirer.

A midi 45 minutes, l'amiral signala de virer vent devant par la contre-marche, et, à une heure, branle-bas de combat. Notre escadre exécuta cette manœuvre et prit les eaux de l'escadre anglaise. La première se composait des vaisseaux le Scipion, le Breslaw, !e Trident, des frégates la Sirène et l'Armide, du brig-goëlette la Daphné, en tout sept bâtiments ; la deuxième était de douze voiles, dont trois vais­seaux et quatre frégates, et l'escadre russe, de huit bâtiments, quatre vaisseaux, trois frégates et une corvette total vingt sept voiles. La corvette russe qui portait le corps diploma­tique resta en dehors, et ne participa point à l'action.

Les trois escadres se dirigèrent, à petites voiles, sur le port de Navarin, les Anglais en tête, les Français ensuite et les Russes en arrière-garde.

L'Armide, répétiteur des signaux de notre amiral, prit place à bâbord de la ligne, par la hanche et à petite dis­tance de la frégate la Sirène, sur laquelle M. de Rigny avait son pavillon.

L'Asia conduisait l'armée, et chaque amiral était chef de file de son escadre.

Vers deux heures, le fort de Navarin tira un coup de canon à poudre pour assurer son pavillon. La flotte turco-­égyptienne présentait alors un front de plusieurs lignes en fer à cheval, les plus gros bâtiments sur la première, et tous affourchés et embossés. Nonobstant ces bonnes disposi­tions, les deux premières escadres franchirent les batteries sans qu'il leur fût fait aucune insulte, et les trois vaisseaux anglais eurent même le temps de mouiller et de serrer leurs voiles avant que les hostilités fussent commencées.

L'Armide dont le poste avait été assigné vers l'extrême droite de la flotte turque, vint sur bâbord et rangeait à l'honneur une petite frégate de cette nation, la première de ce côté, lorsque nous entendîmes un feu de mousqueterie partant de la frégate anglaise le Darmouth, soutenu par l'Alcyone, et dirigé sur un des brûlots mouillés à l'entrée de la baie.

Comme c'est à compter de ce moment que l'engagement à eu lieu, il est essentiel de dire que le Darmouth, dont la, mission était de surveiller les Brûlots, avait envoyé un canot à bord de celui qui était plus prés de cette frégate, mais que l'équipage de ce bâtiment incendiaire ayant repoussé à coups de fusil l'embarcation anglaise, (dont le chef, le lieutenant Fitz-Roy) et plusieurs hommes furent tués, la riposte du Darmouth devenait une conséquence naturelle de cette agression.

Peu après, un coup de canon partit du coté ou allait mouiller la Sirène. Quelque le bâtiment auteur, volontaire ou involontaire, de ce nouvel acte d'hostilité, le premier boulet devint, en un instant le signal d'un engagement général

Tandis que ces événements se passaient dans l'E de la baie, !'Armide, continuait à courir sous ses huniers seulement, et contournait une grande frégate turque mouillée à peu de distance de la première dont il a été fait mention. Après lui avoir passé à poupe sans brûler une amorce, nous l'élongeons par bord sur notre aire, et l'ancre de bâbord tombe à vingt cinq toises de sa bouée de manière qu'en faisant tête les deux bâtiments se trouvent par le travers l'un de l'autre, a porté de pistolet. Les voiles sont laissés sur les cargues ; les matelots, qu'on avait distrait un instant de la batterie pour carguer les voiles, sans qu’il soit nécessaire de faire le commandement, retourne à leurs pièces, que par prudence on à défendu d'amorcer. Dans le même moment nous recevons la volée de la frégate turque que nous venons de respecter : mais notre feux ne se fait pas attendre ; nous ripostons, et l'action s'engage alors de part et d'autre, avec vivacité.

Notre gaillard d'arrière est d'abord fort maltraité ; plu­sieurs canonniers sont mis hors de combat ; les bragues de nos caronades ne résistent pas long temps aux doubles charges de boulets, et de mitraille dont on se sert sur les gail­lards aussi bien que clans la batterie. On change plusieurs­ de ces Cordages, et l'on continue à tirer avec les autres caronades, jusqu'à ce que, démontées de leurs affûts, elles soient renversées sur le pont. La drisse du pavillon de poupe est coupée, et le pavillon tombe aussitôt. A la voix du commandant, qui ordonne d'en mettre à tous les mâts, le second maître Arnaud prend un coin de la grande enseigne entre les dents, monte dans les haubans, et va replace le pavillon, malgré la mitraille qui pleut de toute part.

Un brûlot enflammé vient de l'avant et se dirige sur nous. Dans un péril aussi imminent, M. Montfort, enseigne de vaisseau, reçoit l'ordre de s'embarquer dans une yole pour détourner le bâtiment incendiaire: il allait se jeter dans cette frète embarcation, lorsqu'elle est brisée le long du bord par les boulets amis ou, ennemis qui nous atteignent du côté où nous ne combattons pas; mais au même instant le feu, qui gagne déjà les voiles de la machine infernale, brûle les cargues de sa brigantine; cette voile se déferle, le brûlot fait lancer sur bâbord, et ce bâtiment, qui n'a plus personne pour le diriger, passe à tribord de la frégate que nous combattons, tombe sur une des frégates turques pla­cées sur notre arrière, l'embrase et la fait sauter avec une grande partie de son équipage. Le brave commandant Hugon, qui, sur le gaillard d'arrière, voit tout ce qui se passe, recueille en cet instant critique, les fruits de la bonne discipline de son équipage et de la confiance sans bornes qu'il a su lui inspirer. Officiers, jeunes élèves, maîtres et matelots, tout le monde, sur !'Armide, montre `le plus grand courage et un sang-froid remarquable.

M. Dusault, lieutenant de vaisseau officier de manœuvre et de l'artillerie des gaillards, suit, la longue-vue à la main, comme dons un jour ordinaire, des mouvements des escadres. M, de Péronne, premier lieutenant, monte dans les haubans de misaine, pour dominer notre adversaire et mieux juger de la résistance qu'il peut encore opposer. Il a la satisfaction de s'apercevoir que les gaillards de l'ennemi sont entièrement évacués, et en rend compte au commandant.

Grâce à l'activité du passage des poudres, auquel préside le commis aux revues, M. Hélouin, qui a déjà l'expérience de Plusieurs Combats, le feu de l'artillerie n'est pas un seul instant interrompu. Tout se passe enfin dans un ordre parfait; et; sans les blessés, auxquels la douleur arrache de loin en loin quelques cris, et la vue toujours hideuse des morts, qu'on avait soin de faire disparaître, on pourrait se croire à un exercice à feu.

Après cinquante minutes de combat, la frégate turque la Grande Sultane, qui, au mal que nous lui avons fait; semble ne pas avoir perdu un seul de nos coups, amène l'orgueilleux pavillon ottoman. Le commandant venait d'être conduit à notre bord, lorsqu'un biscaïen le frappe : à la gorge à côté de M. Hugon, auquel il faisait hommage de son sabre (2). Nous cessons de tirer sur cette frégate ; mais sort pavillon de beaupré et sa flamme restent encore et; bannière et servent de point de mire aux canons de l'escadre russe, qui mouille en ce moment. Comme les boulets russes tombent à notre bord et nous font éprouver dés pertes, M. Hugon donne l'ordre â M. Fournas, élève de première classe, d'aller arracher ces derniers signes de propriété turque ; mais hésite bientôt a le laisser partir; ne voulant pas le sacrifier. Ce pendant ce brave jeune homme sollicite cette honorable et dangereuse mission; M. Hugon cède comme malgré lui: Fournas part; et, un instant après, le pavillon blanc est ar­boré aux cris de vive le Roi. Le nommé Roman, matelot de première classe, arrache le pavillon turc du beaupré et, malgré les difficultés d'un gréement tout haché et les dangers qu 'il peut courir dans une mâture qui tient à peine, il monte sur les barres du grand perroquet, en enlève la flamme. dont la drisse était coupée, et redescend avec ce trophée dont il s'est fait une ceinture.

M. Foumas revient sur l'Armide avec le capitaine turc, qui lui avait remis également son sabre, comme marque de soumission. Le commandant fait don de cette arme au brave élève, en lui disant: »Elle est â vous, vous !' avez bien gagné »

Dans cette expédition de M. Fournas, un seul de ses hommes est blessé à mort. L'équipage de la petite frégate le Talbot, capitaine Spencer, qui combat avec un brillant avantage la frégate turque placée sur l'avant de celle qui vient de se rendre, frappé d'admiration pour la belle con­duite de l'Armide, suspend un moment son feu, et remplit, les airs, en son honneur, de hourras redoublés.

Après avoir donné à la fumée, qui nous environne le temps de se dissiper, nous continuons, à combattre, des pièces de l'avant et de l'arrière, les bâtiments que nos canon­niers peuvent découvrir. Deux corvettes nous inquiétaient par l'avant. L'une d'elles a son câble coupé, et tombe sur sa voisine, dont elle paralyse le feu. La confusion se met à leur bord, et les équipages les abandonnent en les incendiant.

Quoique les couleurs françaises qui flottent sur la Grande Sultane semblent devoir nous garantir de toute méprise, les boulets de deux frégates russes, dirigés sur un groupe de bâtiments que nous harcelions aussi, nous atteignent encore: , ; M. Ferrand, enseigne de vaisseau, va à leur bord pour les en avertir. Déjà ce même officier est allé donner un avis, semblable â une frégate anglaise dont on a cru recevoir quelques boulets. Les vaisseaux russes qui sont venus prendre position derrière nous, nous délivrent des autres frégates ou bâtiments turcs situés par notre hanche, et qui nous prenaient en écharpe. La corvette anglaise !a Rose, capitaine Devis, qui s’est d'abord mouillée prés des brûlots, quitte cette position ou il n'y a plus rien à faire, et vient se placer entre notre arrière et celui de la frégate réduite, en passant entre nous deux. Cette belle manœuvre du capitaine de la Rose obtient les éloges du commandant Hugon: et, sur le rapport qu'il à fait à l'amiral Codrington M.Devis est fait capitaine de vaisseau sur le, champ de bataille.

Dans les autres parties de la baie, nos vaisseaux et ceux de nos alliés obtiennent les mêmes succès. La Sirène détruit une frégate de 6o canons, et force les bâtiments qui osent lui prêter le côté, à se brûler ou à s'échouer. Le vaisseau le Breslaw, qui a d'abord combattu sous voiles, vient s'embosser sur l'arrière du vaisseau amiral russe l'Azof, et s'in­terpose ainsi entre lui et les bâtiments turcs, qui le prenaient d'enfilade. Manœuvrant habilement son embossure, il prend tour à tour les positions les plus avantageuses pour com­battre ses opposants. M. Bruat, officier de manœuvre du commandant de la Bretonniére, a une grande part au succès de ce vaisseau. Le Scipion, abordé par un brûlot qui embrase son beaupré, parvient sen dégager, et, aidé du vaisseau le Trident, ils font taire les batteries de Navarin, en même temps qu'ils soutiennent l'amiral de Rigny qui s'est placé à l'un des postes les plus périlleux.

L'Asia, la Gênoa et l'Albion détruisent' les vaisseaux de ligne de Moharem-bey et deTaher pacha. L'un des trois vaisseaux turcs brûle et saute après l'action, les deux autres, désemparés et percés de toute part, dérivent à la côte, portant les pavillons anglais et français des deux nations qui les ont combattus; car, dans cette honorable journée; la générosité et le désintéressement de ces deux rivales de gloire, les rendent dignes l'un de l'autre. Jusqu'aux goélettes l'Alcyone et la Daphné, chacun partage les périls et contribue à la victoire. L'enseigne de vaisseau Dubordieu (3), de

L'Alcyone tout aussi brave, mai non plus heureux que son père, a la cuisse coupée. M. Frésier, capitaine de la Daphné, a une de ses épaulettes emportée par un boulet; son chef de timonerie le lui fait apercevoir : Mon ami, répondit-il jamais un boulet de l'ennemi n'a dégradé un officier. » Une pareille réponse est digne de passer à la postérité.

Le feu continue jusqu'à la nuit. Les bâtiments turcs, détruits dans toute la ligne, ne présentent bientôt que des débris enflammés, sautant avec un horrible fracas. D'autres, démâtés et hors de combat, coupent leurs câbles pour s'échouer à la côte et y trouver un refuge. Par tout la victoire est complète ; et sur cette vaste ride qui, quelques heures auparavant, offrait un front si imposant de vaisseaux sur lesquels flottait le pavillon ottoman, on ne voit plus que ceux de la triple alliance.

Dans la soirée, le premier lieutenant, M. de Péronne et M. Fournas, vont, avec quarante hommes, prendre possession de la Grande Sultane; le tableau que présente à leurs yeux ce magnifique bâtiment de cinquante-quatre canons en bronze, monté par cinq cents Musulmans, dont deux cents tout au plus sont encore vivants, est d'une horreur qu'il répugne de décrire. Sa position très rapprochée nous cause des craintes d'autant plus fondées, que nous sommes en­tourés de bâtiments en feu. M. de Péronne reçoit l'ordre de noyer les poudres de la frégate turque : il l'exécute pendant la nuit avec la plus grande activité. Quarante Turcs sont envoyés à notre bord, avec les étrangers et quelques Grecs portant aux pieds le signe de leur esclavage. Nous couchons à nos postes de combat ; la batterie est éclairée, les sabords sont fermés, et l'on se dispose, avec les armes blanches et la mousqueterie, à repousser une tentative d'abordage. Mais ces judicieuses précautions sont inutiles; Ies Turcs sont at­terrés, et ceux qui n'ont pas encore abandonné leurs bâtiments ne songent qu'à gagner la terre.

Vers minuit, l'amiral de Rigny monte a bord de I'Armide et félicite son brave équipage. Il parcourt, avec le commandant, la batterie et les diverses parties de la frégate, et témoigne sa satisfaction de ce que tout est disposé comme avant la bataille. Le lieutenant de vaisseau Guillois, commandant de la batterie, reçoit, par l'approbation de ce chef, la récompense de ses soins et de ses efforts.

Trente-neuf de nos hommes sont tués ou blessés, et plusieurs de ces derniers meurent pendant cette horrible nuit. Notre chirurgien-major, M, Bonneau, déploie, dans les secours qu'il prodigue et dans les amputations heureuses que nécessite la gravité des blessures autant de philanthropie que de talents, Son habileté et ses soins paternels sauvent la vie au plus grand nombre.

Nous réparons, à la lueur des incendies et des explosions successives, quelques-unes de nos principales avaries. Nos mâts, quoique debout, ont tous reçu quelques boulets, les gré mens du grand mât et de celui d'artimon sont hachés; le guy est coupé; les caronades et deux canons de batterie sont démontés. Cependant on se met en état d'appareiller au premier signal.

Le soleil du 21 octobre nous tire de l'engourdissement de la fatigue, et vient éclairer le plus grand désastre dont les annales d'aucune marine aient jamais fait mention. La superbe rade de Navarin présentait à l'œil attristé un immenseras composé de débris de toute espèce, et couvert de cadavres et de membres qui obstruaient la communication de nos bâtiments entre eux ; tandis que, dans le Nord et au fond de la baie, des bâtiments brisés et accolés les uns aux autres, flottaient encore comme un témoignage de la san­glante bataille qui venait d'anéantir la marine de l'empire ottoman.

Dans la matinée du 21, deux frégates anglaises, arrivées trop tard pour avoir pu prendre une très-grande part au combat, mettent sous voiles, et vont couvrir, par leur nou­velle position, les vaisseaux désemparés de nos amiraux. Les Turcs, qu'effraie cette disposition a de nouveaux combats, paraissent se résoudre a achever eux-mêmes la destruction de ce qui leur reste de bâtiment; à flot. L'escadre tunisienne, qui s'est retirée la veille sans combattre, se brûle en totalité; plus de quinze frégates ou corvettes suivent cet exemple et s'incendient, après avoir déposé à terre leurs équipages et les objets les plus précieux. Le spectacle de ces bâtiments en flammes, de leurs mats, vergues et voiles conducteurs du feu, de leurs terribles détonations, a quelque chose de si sublime et de si imposant, que, loin de nous réjouir d'une pareille scène de désespoir, chacun de nous garde le silence religieux de l'admiration mêlée au sentiment pénible qu'inspire une affreuse des­truction.

Les amiraux, non moins étonnés que nous d'une résolu­tion aussi désespérée puisque aucune hostilité n'est renouvelée de notre part; Engagent Thaer-pacha à faire cesser un tel délire. Les Turcs se rassurent; mais il n'est déjà plus temps. Une seule frégate, dix-sept brigs ou corvettes et quelques transports survivent seulement à une flotte qui, la veille, était composée de cent voiles !

Tel est le récit fidèle de la part qu'a prise à ce combat glorieux la frégate l'Armide, dont le brave commandant vient d'être si noblement récompensé par les suffrages de ses compatriotes, non moins que par ceux de l'Angleterre, où l'on a parlé, avec tant d'admiration, de la belle conduite de l'Armide.




(1)Bâtiment de l'Adriatique à deux mats et à grandes voiles latines.

(2) L'ordre avait été donné de mettre tous les prisonniers a terre ; cependant le capitaine turc a été gardé à bord de l'Armide ; le chirurgien avait l'espoir de le sauver.

(3)Le père de ce jeune officier de marine distingué à été tué à Lissa



Escadre Anglaise Escadre Française Escadre Russe Flotte Turco-Egyptienne

1 Asia....................13 Siréne............xxx Azov...............28
2 Genoa................14 Scipion.................Gangout..........29 Guerriére
3 Albion................15 Trident..................Rxekiel............30 Isania
4 Darmouth...........16 Breslaw.......Alexandre Newski.....31
5 Talbot................17 Armide........Constantin.................32 Belle Sultane
6 Glasgow...........18 Daphné........Castor.....................33 Le Lion
7 Cambrion.........19 Alcyone........Héléne.....................34 Sourin
8 Philoméle...................................Provorny
9 Pélican
10 La Rose
11 Brick
12 Cutter

_________________
Il y a une chose plus terrible que la calomnie, c'est la vérité (Talleyrand)


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