Jerôme a écrit :
[...]En un mot, Louis Philippe est vu par cet auteur comme un homme du passé, un homme des lumières, admirateur de l'Angleterre du XVIIIe siècle et de son curieux régime politique mélange de monarchie et d'aristocratie (cette dernière étant fondée sur la propriété foncière).
[...]
" il est clair que Louis-Philippe a échoué. La monarchie issue des Trois Glorieuses était à ses yeux d’une perfection indépassable. Il était convaincu que le choix fait alors – le « juste milieu » entre l’absolutisme de l’Ancien Régime et l’anarchie jacobine , garanti par la charte 1814 révisée, était le seul possible.
Louis-Philippe a voulu être roi, un vrai roi, un grand roi. Il a seulement oublié que la France ne voulait plus de roi du tout, ni petit ni grand."
Sans connaître l'ouvrage, je trouve que les termes employés ont une connotation téléolologique : Louis Philippe aurait échoué parce qu'il n'a pas compris son temps, est-ce à dire le progrès inexorable qui ne peut mener qu'à la République ?
Rappelons qu'en 1871, la IIIe république est mise en place à titre provisoire, avec l'appui des monarchistes. Si le comte de Chambord n'avait pas réussi à se rendre odieux - comme par exemple en s'accrochant au drapeau blanc - la monarchie aurait parfaitement pu être rétablie. Dès lors, Louis Philippe serait devenu père fondateur !
Par ailleurs, si lui a échoué, après un règne de 18 ans, soit plus que Napoléon 1er, que dire des révolutionnaires de 1848 qui perdent le pouvoir en quelques mois ? Sont-ils vraiment en phase avec leur temps ? Comment dire que la France ne veut plus de roi lorsqu'un empereur est élu par plébiscite ? Les révolutionnaires auraient-ils d'ailleurs établi le suffrage universel s'ils avaient su qu'il permettrait le rétablissement de l'empire ?
Citer :
Accessoirement le Roi se serait opposé à l'élargissement du suffrage pour de pures raisons opportunistes : ne pas ouvrir la chambre aux républicains.
Notons que tous les régimes refuseront de donner le pouvoir à des catégories de population qui pourraient leur être hostile. Dans le même ordre d'idée, les républicains 'de gauche' refuseront le suffrage des femmes jusqu'en 1945, au motif que les femmes voteraient à droite sous l'influence de leur curé.
Pour en revenir à Louis-Philippe, notons que ce monarque parvient à jouer le jeu parlementaire, ce que ses prédécesseurs n'avaient pas réussi à faire. Habile politique, il joue des divisions de la chambre pour avoir les coudées franches, placer ses ministres ou les révoquer suivant ses besoins. Nous sommes loin de Louis XVI, qui ne peut que prendre la chambre de front avec son véto.
De plus, comme cela a été dit, Louis-Philippe maintient la France en paix, dompte l'insurrection de 1834 - preuve que le régime est stable, et fait de la bourgeoisie un appui du régime. En ce sens, il montre qu'il a bien tiré les leçons de la Révolution et établi fermement la monarchie parlementaire. Avec lui, on l'a dit aussi, commence la révolution industrielle. Sur le plan international, il lance l'aventure coloniale africaine avec la conquête de l'Algérie. Bonne ou mauvaise idée, mais toute l'Europe prendra sa suite.
Son plus grand échec semble être surtout la fin de régime et sa succession, à 75 ans. Mais quel dirigeant français du XIXe siècle peut se vanter d'avoir mieux réussi ?