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Message Publié : 10 Juin 2020 14:10 
Hors-ligne
Tite-Live
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Inscription : 08 Mai 2020 12:38
Message(s) : 369
Localisation : En Mayenne
J'utilise le vocable Algérie pour faire simple, bien qu'à l'époque, il ne soit encore question que de la régence d'Alger, ou de l'Afrique.

En consultant dans un tout autre but le dossier d'Alexis Auguste LEPESCHEUX (1801-1871) aux archives nationales (cote F 17/ 21156), je suis tombé sur deux documents.
Le premier : une lettre à lui adressée par le maître des requêtes Sorbier, intendant civil des possessions françaises dans la régence d'Alger, pour lui définir le contenu de la mission qui venait de lui être confiée : il avait été nommé, le 1er septembre 1832, inspecteur de l'instruction publique à Alger. N'ayant pas à cette époque d'appareil photo numérique (c'était vers 2004-2005), je n'avais pris qu'une transcription partielle de cette lettre, que je vous livre ci-dessous :

« Je vous annonce avec plaisir qu’avec l’approbation du général commandant en chef, je vous ai provisoirement nommé inspecteur de l’instruction publique à Alger. Vous aurez à vous occuper de suite :
1°. de rechercher quels sont les établissements d’instruction qui existent actuellement dans la Régence.
2°. quel a été depuis de longues années le mode d’enseignement qu’on y a suivi.
3°. de la réunion possible dans une même école des enfants maures et juifs avec les français pour arriver par là à la plus prompte fusion des deux peuples comme des deux langues.
4°. de surveiller toutes les écoles soit françaises soit indigènes.
5°. et enfin de me proposer les bases de l’organisation que vous croirez le plus susceptible d’être appropriée aux besoins d’un pays où toutes les nations semblent s’être donné rendez-vous.
Vous me ferez sur le tout un rapport détaillé, bien divisé, bien classé ; vous remonterez si vous le jugez nécessaire, à des temps plus anciens, et vous vous étendrez le plus qu’il vous sera possible ; ne craignez pas d’être long, la matière a besoin d’être approfondie.
En attendant que vous ayez réuni tous les éléments de ce grand travail, je désire que vous donniez vos soins à la création de deux écoles, l’une française dans le local de la chapelle catholique, l’autre juive dans celui de la synagogue. Vous aurez aussi à me faire connaître si vous ne croyez pas possible dès à présent d’opérer la réunion que je vous demande, je tiens beaucoup à cette idée qui se rattache plus que vous ne pensez à la colonisation et à la permanence de notre séjour dans le pays
».

Le dossier ne contient pas la copie du rapport mais on sait qu'il a été fourni, car une seconde lettre, du 20 avril 1833 et de même origine (et tout aussi partiellement recopiée), informait le nouvel inspecteur que ses propositions étaient acceptées par le ministre de la guerre. Selon la lettre et vu du ministère, les besoins de la population algérienne en matière d'instruction se bornaient :

« 1°. à l’instruction primaire ; cet enseignement qui comprendra comme en France la lecture, l’écriture, les éléments de calcul et, s’il est possible, d’autres connaissances usuelles, devra se faire en français et en arabe, pour tous les enfants européens ou indigènes, auxquels il sera commun.
2°. à l’instruction secondaire, qui devient déjà un besoin pour un certain nombre d’européens aisés.
3°. et enfin à l’enseignement de la langue du pays, sans la connaissance de laquelle nos rapports avec les indigènes resteront toujours incomplets et précaires.

Parmi les trois enseignements auxquels pour le moment il convient de se borner dans la Régence, il n’en est que deux qui doivent être à la charge du gouvernement :
- l’instruction primaire, parce qu’il faut l’étendre à tout le monde et que la classe pauvre ne peut jouir de ses bienfaits que s’ils sont gratuits ;
- le cours d’arabe, parce que le nombre de personnes qui comprennent l’avantage de savoir la langue n’est pas encore assez grand pour que le professeur puisse retirer de ses leçons un salaire convenable.
Quant à l’instruction secondaire, elle n’est pas un besoin pour tout le monde ; ceux qui l’éprouvent ont les moyens d’y pourvoir
».

L'intéressé restera en fonction pendant une quinzaine d'années. Nommé inspecteur d'académie à Alger le 13 septembre 1848, il rentrera en France par suite de "suppression d'emploi" le 31 mai 1850.

J'ai pensé que ces documents pouvaient présenter quelque intérêt pour ceux qui voudraient se pencher sur les fluctuations des intentions françaises à l'égard de cette colonie.


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Message Publié : 10 Juin 2020 15:08 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
Message(s) : 4407
Localisation : Versailles
Tres intéressant (et assez inattendu !).

Un grand merci !


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