Pierma a écrit :
Même s'il n'y avait que la lumière des étoiles, les jumelles auraient peut être permis de gagner une centaine de mètres - ou plus - sur la détection de l'iceberg, ce qui aurait pu compenser le temps de réponse trop long à virer, dû à la petite taille du gouvernail. (Le Titanic a mis près de 30 secondes avant de commencer à virer, et des essais ultérieurs sur l'Olympic, son sister ship, ont montré qu'il était effectivement lent à répondre à la barre.)
J'ai lu ça, ainsi que le témoignage du fait que les commandants et officiers de passerelle de l'Olympic se sont plaints durant toute sa carrière de son peu d'aptitude à la manoeuvre du fait d'un gouvernail un peu sous-dimensionné.
Je reviens sur un point technique des messages d'origine. Une hélice bien calculée, en fonctionnement normal, ne doit pas créer de cavitation. Par contre elle crée de la turbulence. Ce n'est pas pareil. La cavitation est une baisse de pression sur l'extrados de l'hélice, telle que de l'eau se vaporise, créant des bulles, lesquelles disparaissent très vite en implosant. Cette implosion crée des vibrations et une usure très rapide de la surface de l'hélice. La turbulence est un écoulement non laminaire. Si elle se produit dans la zone d'un gouvernail braqué, elle diminue l'effort hydrodynamique et donc le couple de rotation exercé sur le navire. L'idéal pour faire virer un bateau vite est de conserver un flux laminaire le plus régulier possible sur le gouvernail. Pour cela il ne faut ni mettre au maximum de puissance, ce qui crée de la turbulence, ni couper les machines, ce qui crée de la turbulence "dans l'autre sens", ni surtout mettre en arrière, ce qui crée une énorme turbulence et de plus de la cavitation, soit des tourbillons mi eau - mi bulles sur le gouvernail. Donc il faut garder une vitesse d'hélice telle qu'elle reste légèrement propulsive. En manoeuvre en port, on le pratique souvent : un petit coup de gaz pour "souffler le gouvernail". Enfin, c'est ce que j'ai appris, et mis en pratique souvent.
Donc mon intuition, si j'avais été à la barre du Titanic, aurait été "couper les deux hélices latérales pour faire frein, laisser l'hélice centrale en propulsif pour souffler le gouvernail". Mais je dois dire que mon expérience de barre se limite à des bateaux de moins de quinze mètres. Se pourrait il que les phénomènes soient très différents sur les grands navires : cela me surprendrait, mais pourquoi pas.
En tous cas, félicitations pour la précision de l'article. Cela remet quelques idées en place...