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Message Publié : 06 Déc 2014 9:23 
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Inscription : 17 Juil 2014 9:33
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Bonjour

Actuellement plongé dans le Histoire de la France rurale, 1789-1914 de Duby, il y a un point que j'aimerais confirmer.

Selon le livre (chapitre "Les transformations du monde paysan" --> "Les migrations" ) l'exode compte trois étapes :
  • Années 60 : Décongestion des campagnes surpeuplées (fin des industries rurales...)
  • Années 80 : paysans qui n'ont pas surmonté les différentes crises (vin, blé...) et les notables (baisse des revenus fonciers)
  • Début XXe : paysans des régions isolées et périphériques
De plus, dans ce même chapitre, il donne l'exemple de la Picardie : pas de départ de cultivateurs et donc pas d'abandon des cultures ni concentration.

Pourtant, dans le chapitre "Bilan économique à la veille de la seconde guerre mondiale" --> "Bilan général", il est indiqué que "En entraînant une pénurie de main-d'oeuvre, l'exode rural a conduit à améliorer la productivité du travail...".

Ma question : durant quelle période y'a-t-il eu une pénurie de main-d'oeuvre? Je dirais que cela doit être dans les années 90: il y a une reprise économique, et c'est à ce moment que la main-d'oeuvre, qui est partie dans les années 60 et 80, va manquer.

Merci d'avance pour vos éclaircissements


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Message Publié : 06 Déc 2014 11:51 
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Si vous parlez de l'époque actuelle - votre sujet est placé à la Belle Epoque :?: - je dirais que c'est pendant les 30 glorieuses, disons essentiellement dans les années 55 à 75, que les enfants de paysans sont allés bosser à l'usine, en ville en tous cas, pour bénéficier de salaires fixes et assurés, supérieurs aux revenus agricoles de leurs parents, en s'installant de plus dans des logements confortables sans comparaison avec les fermes de l'époque. (Evidemment, on voit aujourd'hui ces logements d'un autre oeil, mais à cette époque la différence était essentielle.)

Mais je ne suis pas sûr d'avoir répondu à votre question, si j'ai tapé à côté précisez bien la période et de quelles années 90 vous parlez. (1890 ?)

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 06 Déc 2014 15:16 
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Inscription : 17 Juil 2014 9:33
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Merci pour votre réponse.

Par contre ma question porte effectivement sur le XIXe siècle. Il faut donc lire en fait 1860, 1880 et 1890, mes excuses pour ces imprécisions.


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Message Publié : 06 Déc 2014 16:17 
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Localisation : Alsace, Colmar
Dans certaines régions les dates ne semblent pas correspondre. Si je m'en tiens à ce que je connais : l'Alsace, la surpopulation se manifeste dès les années 1820. On l'a constate dans les cahiers de conscriptions départementaux qui montrent qu'une partie de la population alsacienne rurale souffrait de malnutrition. En fait, vers la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème, il y a une augmentation du rendement des cultures. Or, à l'époque, il n'y a pas de chemins de fers. L'augmentation des récoltes profite donc en premier aux ruraux. Du coup, la population augmente. Et les ressources ne sont pas suffisantes dans certains secteurs. En fait, en Alsace, l'industrialisation naissante va "assainir" la situation en aspirant vers les villes la surpopulation rurale, dans un premier temps. Dans un second temps, cette concentration d'ouvriers dans les villes va permettre aux ruraux de vendre leurs surproductions et d'augmenter leurs revenus. Mais, dans certains cantons pauvres d'Alsace, les effets sanitaires vont se faire sentir jusqu'en 1850.

Dans la plupart des pays industriels ou en voie d'industrialisation, il y a eu une crise agricole (voire 2 ou 3). Dans un premier temps, les ruraux se mettent à produire plus grâce à diverses évolutions dans la manière d'exploiter la terre. Cette surproduction entraine souvent une chute des prix et des paupérisations. En fait, les circuits de distribution ne sont pas encore adaptés. Mais, l'excédent de main d’œuvre est "aspiré" par les industries naissantes. Du coup, la demande évolue, les villes ont besoin de plus de nourriture. Mais, cette demande accrue fait augmenter les prix. D'où des tensions sociales. Plusieurs pays trouveront une échappatoire en important des productions agricoles à bas coût. C'est le cas en Angleterre où l'on va jusqu'à importer du bœuf argentin. Mais, du coup, ce sont les producteurs locaux qui ont du mal à écouler leurs marchandises ...
J'ai poste, il y a quelques temps un article où on parlait de la taille des populations et on expliquait qu'en France, l'arrivée du train ne s'était pas accompagnée par un changement de taille des populations, ce qui était le cas aux États-Unis. On y expliquait l'influence du train sur les circuits de distribution de nourriture.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 16 Déc 2014 8:51 
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Inscription : 17 Juil 2014 9:33
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L'Alsace fut donc "épargnée" par la crise agricole de 1870-1880? Quel type de cultures y prévalait ?


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Message Publié : 16 Déc 2014 16:33 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 04 Mai 2010 14:51
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Vaste sujet:il ya "des crises" selon les régions et le type d'activité. Si on considère l’élevage des bovins, le XIXe bénéficie d'améliorations des races (laitières et à viande) à la fin du siècle création d heer book. C'est pareil pour les chevaux (races d'animaux de trait). Pour les cultures, ce n'est pas comme actuellement: on ne connait pas les engrais (exemples de la Champagne très pauvre), même l'Alsace n'est pas à grand rendement. Enfin les polycultures de moyenne montagne ou la vie est chiche. On verra de nombreux expatriés de ces régions partir en Algérie (Aveyron, Ardèche, Pyrénées ..). La Bretagne pauvre en économie agricole en dehors de la pèche. Restent les régions du centre et autour de Paris, la Normandie avec ses riches fermes, éleveurs, laboureurs qui n'ont jamais connu la crise (cf les fameux comices). Ajoutons enfin la crise du phylloxéra propre à la viticulture. Tout ceci est indépendant de la main d’œuvre laquelle reste disponible pour les grands travaux (moissons ,vendanges ,fenaison).


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Message Publié : 16 Déc 2014 20:00 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Colmar
ALEXANDRE 1ER a écrit :
L'on ne connait pas les engrais (exemples de la Champagne très pauvre), même l'Alsace n'est pas à grand rendement.


En fait, on sait amender les terres. Le problème est que les engrais disponibles sont surtout le fumier et le guano. Pour le fumier, le problème est sa disponibilité. L'élevage est moins développé que de nos jours et ceux qui ont des animaux gardent d'abord le fumier pour leurs propres besoins. On ne vend que l’excédent avec le soucis que tant que le transport ferroviaire n'est pas développé, le prix du transport peut doubler le prix de vente dès qu'on arrive aux alentours des 100 km ... Pour le guano, on a le même soucis de transport, il provident souvent du Chili, or le coût du transport entre le port et le lieu d'épandage peut être plus cher que le pris au pied du bateau.

C'est le développement du chemin de fer et des engrais chimiques qui va permettre aux rendements d'exploser.

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Message Publié : 16 Déc 2014 22:48 
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Polybe
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Inscription : 17 Nov 2009 21:37
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Localisation : Ardennes
JeromeChauveau a écrit :
Bonjour

Actuellement plongé dans le Histoire de la France rurale, 1789-1914 de Duby, il y a un point que j'aimerais confirmer.

Selon le livre (chapitre "Les transformations du monde paysan" --> "Les migrations" ) l'exode compte trois étapes :
  • Années 60 : Décongestion des campagnes surpeuplées (fin des industries rurales...)
  • Années 80 : paysans qui n'ont pas surmonté les différentes crises (vin, blé...) et les notables (baisse des revenus fonciers)
  • Début XXe : paysans des régions isolées et périphériques
De plus, dans ce même chapitre, il donne l'exemple de la Picardie : pas de départ de cultivateurs et donc pas d'abandon des cultures ni concentration.

Pourtant, dans le chapitre "Bilan économique à la veille de la seconde guerre mondiale" --> "Bilan général", il est indiqué que "En entraînant une pénurie de main-d'oeuvre, l'exode rural a conduit à améliorer la productivité du travail...".

Ma question : durant quelle période y'a-t-il eu une pénurie de main-d'oeuvre? Je dirais que cela doit être dans les années 90: il y a une reprise économique, et c'est à ce moment que la main-d'oeuvre, qui est partie dans les années 60 et 80, va manquer.

Merci d'avance pour vos éclaircissements


Pour le Bassin parisien, l'exode massif s'opère dès les années 1830 avec des tentatives de rationalisation, spécialisation et modernisation (les moyens mécaniques étaient encore limités). De fait, cela se fait sentir avec la crise 1845-1848, manque de main d'oeuvre auquel s'ajoute de mauvaises conditions climatiques. La reprise avec le Second Empire et le déblocage de la mécanisation font que les campagnes du BP se décongestionnent assez vite et on assiste très vite à l'enracinement du modèle beauceron (openfield, céréaliculture + plantes industrielles, grandes exploitations modernes).

Ça reste très compliqué car comme il a été dit, cela varie fortement selon région.

Pour moi, la vraie pénurie de main d'oeuvre, c'est à la fin des années 1840 et pour le BP/NE. Après, ce manque n'a pas dû être si dramatique ailleurs et est à relativiser, dans la mesure où:
- la progression de la mécanisation à partir du Second Empire permet de passer plus facilement outres;
- en France les révolutions agricoles et industrielles ont été "douces". Les campagnes congestionnées ne se sont vidées que progressivement.
- il ne faut pas oublier également que s'opère à partir du Second Empire la première vague d'immigration composées de belges et italiens, majoritairement. Je sais, pour le Nord-Est, que des saisonniers étrangers venaient au moment des gros travaux (moisson ou arrachage des betteraves).

Pour les régions concernées dans les deux dernières étapes (grossièrement les régions du Sud de la Loire et les massifs montagneux), il y a un recul des terres cultivées et la multiplication des friches. Bien que la modernisation y soit plus tardive, le resserrement des zones cultivées a dû là aussi relativiser ce problème de main d'oeuvre.

JeromeChauveau a écrit :
L'Alsace fut donc "épargnée" par la crise agricole de 1870-1880? Quel type de cultures y prévalait ?


Narduccio pourra confirmer ou infirmer, mais l'Alsace c'était (et c'est) une région de polyculture intensive sur de petites et moyennes exploitations. Du fait de l'industrie textile ancienne, n'y avait-il pas des cultures industrielles? Je pense à des plantes tinctoriales comme la garance.
Le développement agricole du Nord est un peu similaire à l'Alsace d'ailleurs mais là s'ajoutait l'influence du BP.


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Message Publié : 24 Déc 2014 17:26 
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Inscription : 27 Avr 2004 17:38
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Localisation : Région Parisienne
La garance en Alsace représente 270 hectares en 1862, ce qui est quand même peu.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 24 Déc 2014 17:34 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Colmar
Jean-Marc Labat a écrit :
La garance en Alsace représente 270 hectares en 1862, ce qui est quand même peu.


Tout à fait, à l'époque, on était déjà passé à la teinture chimique, ce qui favorisera le développement de la chimie ... bâloise. Je l'ai déjà raconté sur un autre fil. Les entrepreneurs mulhousiens avaient investi dans l'industrie chimique naissante à Mulhouse. Mais, une loi sur les décrets de Napoléon III a provoqué leur condamnation pour copie. La loi était très générale et condamnait tous ceux qui modifiaient une formule. Or, à l'époque les lyonnais avaient breveté une formule pour produire une certaine couleur, les chimistes mulhousiens avaient décliné cette formule pour produire d'autres couleurs. Ce qui était contraire à la loi. Du coup, ils émigrèrent à Bâle et ils furent à l'origine des grands noms de la chimie suisse.

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