Barbetorte a écrit :
Narduccio a écrit :
Faut pas tout mélanger, les hommes et les bâtiments. Sous le Concordat, il est exact que l’Église nommait les évêques sur proposition du gouvernement. Mais, coté entretient des lieux, c'était l'Eglise qui s'en occupait. Depuis 1905, l’Église nomme qui elle veut... Enfin, comme l’Église a le sens des réalités, elle nomme parfois des gens qui plaisent au gouvernement ... Pour le reste, l'Eglise est devenue une association presque comme les autres obéissant aux lois de la République. Ce n'est donc pas "la liberté absolue".
Si la loi est par nature antinomique avec la liberté, il est sûr qu'il n'y a de liberté pour personne, mais ne jouons pas sur les mots de façon ridicule.
Ce n'est pas l'Eglise qui nommait les évêques, mais bien le gouvernement comme en disposent les articles 4 et 5 du Concordat :
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Le premier Consul de la République nommera, dans les trois mois qui suivront la publication de la bulle de sa Sainteté, aux archevêchés et évêchés de la circonscription nouvelle. Sa Sainteté conférera l'institution canonique suivant les formes établies par rapport à la France avec le changement de gouvernement.
- Les nominations aux évêchés qui vaqueront dans la suite seront également faites par le premier Consul, et l'institution canonique sera donnée par le Saint-Siège, en conformité de l'article précédent. Il en est d'ailleurs formellement toujours ainsi dans les trois départements d'Alsace-Moselle.
Justement, mais il y a le texte et la pratique. Seul le Pape a le droit de donner aux évêques leur statut d’évêque, ce que l'on nomme l'institution canonique. Et pour éviter les problèmes, souvent on se met d'accord avant de nommer. Parfois il y a eut des périodes de tensions, qui vont jusqu'aux crises concordataires. Il y en eût en 1802, 1804, 1820-1822. Ces crises concordataires naissent souvent du refus de la part de l’Église de donner l'Institution Canonique a des évêques nommés par le gouvernement. Mais, le problème est plus complexe, car l'Eglise va en profiter pour mettre au pas les évêques gallicans.
Voici ce que dit wikipedia sur comment se déroulait la pratique au début de la 3ème République :
Citer :
Pendant tout le temps du régime concordataire (1801-1905), la nomination des évêques procède d’une négociation complexe entre les autorités civiles et les autorités religieuses. Les évêques sont nommés sur proposition du ministre chargé des Cultes (lié au ministre de l’Intérieur le plus souvent) – choix où interviennent les recommandations d’hommes politiques et des évêques déjà en place – après l’accord préalable du nonce apostolique.
Cette pratique a été la source de nombreuses frictions à partir de la Troisième République – ce que Georges Clemenceau nomme le « discordat ». Néanmoins, certains républicains anticléricaux étaient attachés au maintien du Concordat qui permettait de contrôler l’exercice public de la religion.
Bref, on se met d'accord avant la nomination de manière à ce que chacune des parties puisse faire semblant de respecter la loi. Et si on n'arrive pas à se mettre d'accord ... on va à la crise.
En Alsace-Moselle, cela a parfois été compliqué car il fallait que l’évêque convienne aux ouailles, aux autorités et à l’Église. De plus en plus, la solution passe par la nomination d'un
évêque coadjuteur. Sauf que parfois l’évêque coadjuteur décède avant la mise à la retraite de l'évêque qu'il est nommé à remplacer. Mais, on a actuellement 2 évêques auxilliaires à l'archidiocèse de Strasbourg : Mgr Christian Kratz et MGR Vincent Dollmann. L'évêque actuel, Mgr Jean-Pierre Grallet a envoyé sa lettre de renonciation à sa charge pastoral, comme il est d'usage lorsqu'il a atteint 75 ans. Il n'a pas encore reçu de réponses du Nonce Apostolique qui est chargé de nommé son remplaçant :
L'Alsace : Mgr Grallet : pas de départ imminent.Usuellement, la nomination d'un évêque concordataire prends plusieurs mois. 9 mois lorsque Mgr Grallet avait repris le poste occupé par Mgr Doré. Donc, oui, dans le texte du Concordat, c'est bien le gouvernement qui nomme l’évêque et le Saint-Père ne peut que valider ce choix. Sauf que c'est le Nonce Apostolique qui propose le choix qui sera validé par le gouvernement ... Et, à ma connaissance, ces dernières décennies, aucun gouvernement n'est allé à l'encontre du choix du Nonce Apostolique. Sûrement parce qu'on s'était mis d'accord en amont... ou alors il faut croire que tous les gouvernements et tous les nonces apostoliques avaient exactement la même idée de qui devait devenir évêque concordataire en France. Comme je l'écrivait plus haut, il y a la loi et la pratique.