Duc de Raguse a écrit :
Non. C'est Alexandre III qui réforme les zemstvos dans un sens élitiste en 1890.
Nicolas II demeure dans les marques de son père - comme dans de nombreux autres domaines d'ailleurs -, jusqu'au printemps 1904.
Bonsoir,
Ce "non" n'engage que vous. Moi j'ose croire qu'Alexandre III avait réformé les zemstva mais rien n'empêche Nicolas II, justement en voulant suivre les pas de son père d'insister pour que les nobles aient un pouvoir politique renforcé évidement au dépend des communautés rurales.
[
...Le mot mir,couramment utilisé par les paysans qui y habitaient, signifie en russe «le monde». Vers 1830, les Slavophiles -professant un retour aux valeurs éternelles de l’âme russe plutôt que l’imitation de l’Occident- désigneront cette organisation sociale par le terme d’obshchina que l’on peut traduire par «mise en communauté». A la fin du XIXème siècle, Marx s’enthousiasme pour ce concept qui devait permettre à la Russie de passer directement du féodalisme au communisme sans transiter par le capitalisme...]
Rien à voir donc avec les zemstva...
Citer :
Avant les réformes de Stolypine (1906-1908), votre démonstration ne peut tenir.
Je vois que Wiki. est votre ami mais il est à noter que Nicolas II monte sur le trône en 1894 (je n'ai pas le culte des dates...) et que Stolipyne n'est que son ministre. Donc si la proposition du ministre est acceptée par le tsar, c'est bon.
A moins que je n'ai raté un épisode (cela se peut...).
Il me semble que c'est Nicolas II qui l'a choisi pour remplacer Goremykine.
L'idée du changement de style de vote pour favoriser les plus nantis lors de la 3ème Douma vient aussi de lui.
Il est vrai qu'il surfe sur une vague difficile d'où les analyses partagées quant à ses réformes.
Citer :
Le cadre fondemental de la paysannerie se déroule dans le mir, véritable responsable de la misère paysanne. Ce cadre ancestral local - participant aussi au self-governenment - avait la fâcheuse tendance de redistribuer les terres périodiquement au sein de la communauté (en favorisant souvent les mêmes familles), ôtant tout esprit d'initiative à l'agriculteur russe.
Je doute fortement de l'esprit d'initiative de l'agriculteur russe en ces moments. Le Mir n'a pas seulement pour tâche de redistribuer les terres mais aussi mais aussi de se charger
"...de l'assistance aux plus démunis. Les anciens, les malades, les veuves ne sont pas abandonnés à leur sort mais reçoivent une part des récoltes. Le MIR peut aussi aider des familles traversant une mauvaise passe... mais pas d'idéalisation, les cas considérés comme incapables de remonter la pente voyaient la conscription pour les hommes et le mariage forcé pour les femmes..."- The russian peasantery 1600-1930 - David Moon (Durham University)
- Civilisation paysanne en Russie - Pierre Pascal
Dès l'abolition du servage, les paysans peuvent tout de même acquérir des terres et donc pouvoir être autonomes dans leurs décisions.
D'après la définition les MIR semblent donc des assemblées paysannes. Chaque famille ayant un droit de vote et les ordres donnés aux moujiks -dépendants soit du Tsar soit des nobles avant l'abolition du servage- sont l'oeuvre du MIR qui ne verra sa fin qu'avec Staline qui cassera toute structure paysanne par holodomor ou déportation.
Citer :
Les koulaks ne deviennent importants qu'au début des années 1910
Là encore cette date n'engage que vous et l'idée que vous vous faites de l'importance.
Citer :
Attention. Ce n'est pas parce que les paysans ne sont pas élus dans les zemstvos qu'ils ne bénéficient pas des retombées des décisions qui y sont prises. Bien au contraire, en matière d'instruction, d'agronomie et de décisions sanitaires leur oeuvre est des plus bénéfiques.
Les paysans votent au sein des MIR.
Après, tout dépend de la capacité des personnes élues dans ces
zemstvos. Mais, ces assemblées locales me semblent bien plus progressistes pour le pays que les communautés du
mir.
Cf. : la définition du MIR
Citer :
Vous aurez remarqué qu'on ne trouve presque nulle trace du gouvernement tsariste au niveau local...
Eh oui ! Comme quoi, autocrate, autocrate, c'est vite dit ! Même sous Catherine II...
Citer :
Totalement faux. A la fin des années 1890 et surtout sous Stolypine, des lois vont dans le sens d'un cadrage sur le travail des enfants, la durée de la journée de travail et même un système de retraite (inexistant à cette date en France !
), il est vrai malheureusement incomplet.
Les lois vont dans un sens mais manifestement dans cette immensité, toutes ne doivent pas arriver à bon port car je n'ai pas inventé le travail des enfants dans les mines. On peut toujours cadrer, pendant des siècles même mais manifestement le cadrage n'atteint pas le stade du moujik qui ne vaut pas un kopek (le stade et le moujik).
Pas la peine de faire un parallèle avec la France puisque vous avez vous-même décidé d'abandonner les mythes occidentaux, les romans de Tolstoï et Pasternak : tous dans le même sac, une vue biaisée de la Russie... (Voir plus haut).
Citer :
Quant aux salaires, n'entrez pas dans le cliché à nouveau.
Et c'est à moi que l'on reproche les clichés quand certain se font carrément un film ????
Citer :
Tous les pays d'Europe occidentale ont débuté leur industrialisation près d'un siècle plus tôt. Comment voulez-vous trouver dans une Russie qui s'industrialise à peine les réformes sociales que les autres ont mis plus d'un demi-siècle à obtenir ?
Surtout ne parlons pas de l'Europe occidentale, halte aux clichés, pas de parallèles, il faut rester dans le contexte ! Je reprends votre argumentation.
Moi, je ne veux rien et je puis le comprendre mais dans le cadre unique de la Russie...
Citer :
Si vous connaissez la définition de ce qu'est un "autocrate", vous conviendrez qu'il ne l'est absolument plus en 1905.
Je crois que vous avez fait la démonstration qu'il n'y a jamais eu d'autocratie en Russie.
Citer :
En cas d'urgence il peut promulguer l'équivalence de lois // réponse : Argument vide de sens. Vous connaissez l'article 16 de notre Constitution ? :mrgreen:
Halte encore que vient faire la France et sa constitution sur une analyse des lois russes de la fin XIXème début XXème ?
Et c'est mon argument qui est vide de sens. Il a au moins le mérite d'avoir existé à l'époque dite...
Citer :
Il est à noter que Lénine s'opposera au boycottage de la Douma par les Bolcheviks. Précisez pour quelles élections s'il vous plaît ?
Elue au suffrage restreint la première Douma est jugée trop progressiste. Le parti constitutionnel social-démocrate y est largement représenté. Deux mois et demi plus tard (à peu près, je vous laisse les dates), elle se voit dissoute.
Citer :
De toute manière les bolcheviks sont des inconnus entre 1905 et 1908 dans la grande nébuleuse socialiste russe. Le PSOR est sous la houlette de Plekhanov, menchevik et majoritaire dans les cadres du parti, jusqu'à la guerre.
Dès 1901, par l'intermédiaire de l'Iskra, les idées socialistes touchent la classe ouvrière. Le POSDR prend forme.
Dès 1903, les Bolcheviks voient le jour. Plekhanov et Lénine donnent le ton et les mots "dictature du prolétariat" donne le sens politique à suivre.
Même si elle est clandestine cette organisation existe et dès 1905, le parti peut ouvertement faire de la propagande.
Comme la Russie est unique, unique aussi est sa manière de faire la révolution... de loin mais avec des clandestins bien présents.
Citer :
Mais, de quels socialistes parlez-vous donc ? Des Socialistes-Révolutionnaires (majoritaires dans les compagnes), des "marxistes" du PSOR (et chez eux, des mencheviks ou des bolcheviks ?), des socialistes juifs du Bund, des socialistes Finlandais, des socialistes indépendantistes de Pologne, etc. ?
Pour aller dans votre sens : est-ce parce-que de Gaulle était à Londres que la Résistance n'existait pas ?
N'a-t-il pas envoyé Moulin pour essayer une sorte de rassemblement des tendances.
En Russie, c'est à peu près pareil : les penseurs sont ailleurs -pour peu de temps encore- mais ceci n'empêche nullement les idées de circuler : tract etc.
Je pense que vous êtes assez subtil pour faire le bon tri dans ce que vous proposez après lecture de la réponse plus haut et possédez un peu plus d'érudition que moi concernant les Bolcheviks.
La grande scission n'aura lieu qu'en 1912 (mais je puis me tromper).
Ce n'est pas parce-que Lénine attendra que Kaiser Guillaume lui offre une balade pour rejoindre la Russie que ses idées et celles de ses compagnons ne l'ont pas précédé. Il arrivera, le travail sera pour ainsi dire mâché...
Ceci dit là encore je puis avoir une vue biaisée voire me tromper, c'est pourquoi j'évite d'écrire dans un langage un peu militaire du style : affirmatif, négatif et autres oui ou non toujours très délicats pour l'intervenant et celui qui lit.
A moins, bien entendu, d'être à l'Histoire de la Russie ce que Jean des Cars est à celle des Wittelsbach ; mais je n'ai pas cette ambition.
Si erreur(s) il y a, je compte sur vous pour me les faire remarquer, merci à l'avance.
Cdt.
g.
PS : sans trop m'avancer, je crois que le mot menchevik vient de "minorité" et bolchevik de "majorité". Wiki. est mon ami.