Un peu de géographie historique peut être utile pour traiter ce sujet.
Pour visualiser cartographiquement la "frontière", je vous propose de considérer le seuil de 10 000 habitants par comté, d'après un travail réalisé il y a quelques années (déroulez plus ou moins rapidement pour un effet "animé"
)
Source: U.S. bureau of the census, NTIS, march 1996 (Les recensements américains ont lieu tous les 10 ans depuis 1790).
Logiciel utilisé: Cartes & Données BASE (Arctique)
Précaution méthodologique: la plupart des comtés de l'ouest intérieur étant de très grande taille, l'importance de la population y est exagérée. La solution aurait été bien sûr de fixer un seuil de densité, mais je n'avais pas à ma disposition la superficie de tous les comtés...
De même, la carte utilisée est pour chaque date celle des E-U actuels, Cartes & données ne fournissant pas de cartes historiques dans la version de base.
Si les autres années vous intéressent (1920 1990), les cartes sont aussi disponibles.
Voici ce que cela donne:
Petit commentaire :
On voit nettement entre 1790 et 1840 la progression de deux axes de peuplement, l’un vers le sud en direction de la Géorgie et l’Alabama, l’autre qui franchit les Appalaches par le sud de la Pennsylvanie, entre les Allegheny Mts et Laurel Ridge, pour atteindre la vallée de l’Ohio.
Ces deux axes se rejoignent au milieu du siècle sur le Mississipi, tandis que des îlots de peuplement apparaissent dans l’ouest : l’un au nord du Nouveau-Mexique correspond aujourd’hui à la réserve Navajo (y a-t-il déjà eu à cette époque des déplacements de populations indiennes vers l’ouest ?), l’autre en Californie est à mettre en relation avec la ruée vers l’or ; regardez bien d’ailleurs : ces comtés se dépeuplent dans les années 1880 puisqu’ils ne dépassent plus le seuil retenu.
On note aussi le contraste entre la vigoureuse poussée au nord, vers les grands espaces de l’Iowa et du Missouri, en même temps que le vide se comblent autour des Grands Lacs, tandis que le sud connaît une véritable stagnation entre 1860 et 1870, probablement due à la Guerre de Sécession.
Quand la progression du peuplement reprend dans cette région, elle évite d’abord l’Arkansas, et surtout l’Oklahoma, puisque ce territoire avait été accordé aux Indiens, mais cette décision est annulée à la fin du siècle, et dès lors, c’est la ruée (1900-1910). Cependant, on constate en 1910 que la ligne de peuplement dense s’arrête brutalement le long du 100ème méridien (le fameux « méridien des catastrophes ») qui marque aussi la limite des cultures pluviales.
A l’ouest, le peuplement progresse sur la côte (années 1880) sans pénétrer l’intérieur montagneux et désertique.
Le front pionnier n’est donc pas un rouleau compresseur qui progresse régulièrement, mais une avancée suivant des axes bien définis, sautant des régions entières en fonction des conditions naturelles mais aussi des statuts juridiques des territoires, ou des aléas de l’histoire, tout en lançant parfois des avant-postes en fonction de certaines opportunités, la plupart du temps provisoires.