jibe a écrit :
Il ne faut pas croire à la version simpliste d'"Autant en emporte le vent" avec des gens du sud automatiquement "sudistes" et esclavagistes (et inversement des gens du nord automatiquement "nordistes" et généreux). Il y avait dans le sud et le sud-ouest, bon nombre d'anti-esclavagistes (qui avaient même libéré leurs esclaves noirs) qui, pour autant, ne soutenaient pas forcément le nord et même se battirent contre lui.
[...]
Tout n'était pas si simple qu'Hollywod l'a fait croire ou que les Américains moyens eux-mêmes, pour qui l'Histoire est une simple variante du conte, le croient.
Je ne voudrais pas dévier du sujet initial, mais je voudrais quand même faire une réctification sur le roman de Margaret Mitchell. Très critiquable de certains points de vue (la représentation idyllique du Vieux Sud, le fait que les personnages noirs soient unidimensionnels, etc),
Autant en emporte le vent ne présente pas pour autant cette version simpliste de l'histoire de l'Antebellum et de la Guerre de sécession. Au contraire, le roman présente, du point de vue des propriétaires terriens du Vieux Sud, un tableau beaucoup plus subtil: la confrontation entre le monde paternaliste/traditionnaliste du Sud, et le monde moderne représenté par le Nord. De même, les personnages du roman reflètent bien la complexité des choses: Ashley Wilkes dit qu'il aurait libéré tous ses esclaves après la mort de son père, même si l'émancipation n'avait pas eu lieu; les O'Hara ne traitent pas mal les esclaves qu'ils possèdent... Par ailleurs, toujours dans le roman, les gens du Nord ne sont pas de généreux antiesclavagistes: les dames "yankees" qui s'installent à Atlanta après la fin de la Guerre ont un mépris particulier pour les noirs, ce qui irrite Scarlett O'Hara. On pourrait multiplier les exemples.
Autant en emporte le vent est le roman du Vieux Sud, plutôt que d'être un texte de propagande qui réduirait la question de la Sécession au problème de l'esclavage. Cela explique, en grande partie, que le roman ait reçu un accueil plutôt froid au Nord.
(version film) ne présente pas du tout cette version simpliste de l'opposition entre l'esclavagisme sudiste et la générosité nordiste. Mes affirmations précédentes sont valables aussi bien pour le film, que pour le roman, il me semble.