louis59 a écrit :
"Printemps des peuples". Il est vrai que ce nom est très romantique.
Victor Hugo déclara même, porté par une exaltation pour cette révolution:
«Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure et vous constituerez la fraternité européenne (...)».
Derrière ces mois fous à travers l'Europe, il y avait peut être une volonté de construire un avenir pacifique...
Il est vrai que le terme est très romantique, mais j'ai des réserves en ce qui concerne la perspective d'un avenir pacifique. D'une part, en 1848, le passé récent était tout à fait pacifique avec son concert européen. D'autre part, les diverses révolutions de 1848 manquaient d'une idéologie commune qui permettrait éventuellement l'imagination -téléologique ou eschatologique- d'un avenir commun/pacifique. Or, en ce qui concerne la fraternité européenne, Victor Hugo semble exprimer la volonté d'une utopie liberale à la française. La réalité était plus complexe; les révolutions de 1848 avaient des stimulateurs bien divers (démocratie parlementaire, mouvements nationaux, mouvements ouvriers - socialistes...), ce qui empêchait la construction d'un topos révolutionnaire au niveau européen.
Par exemple: Les Hongrois qui se révoltaient en mars 1848 étaient en solidarité avec les révoltés viennois, parce qu'ils avaient un ennemi commun (la cour de Vienne), or ils n'éprouvaient pas de sentiments fraternels spéciaux pour les Croates qui s'armaient contre eux. D'autre part ils n'avaient pas de raisons pour se fraterniser avec les Français révoltés: ils ne partageaient pas les mêmes problématiques avec eux, du coup le cas de la Révolution française ne leur concernait qu'indirectement. Du coup ils pouvaient rêver d'un avenir radieux et pacifique pour eux-mêmes (qui n'en rêve pas?) mais une perspective européenne était peu envisageable.