Enki-Ea a écrit :
Non, vous faites un anachronisme, Lord. Comme l'a très bien dit Pédro, ce n'est qu'au XVIIIème siècle que l'Angleterre se lance dans une politique d'équilibre des puissances en Europe, pas avant, où elle n'en a ni la force ni même l'intérêt.
Et vous exagérez beaucoup le déterminisme religieux. En réalité, on se rend compte qu'avant 1570, la question religieuse est à peu près absente dans les (bonnes) relations hispano-anglaises au XVIème. Dans le conflit entre Charles Quint et François Ier, Henri VIII se range dans le camp du premier, pourtant bien moins tolérant dans le domaine religieux. Philippe II et Elizabeth Ière s'entendent d'abord très bien avant que ça tourne au vinaigre...
Au XVIème siècle, le seul royaume qui s'oppose constamment à la domination habsbourg est la France, alors que l'Angleterre s'en accomode généralement très bien. Vous le trouverez dans n'importe quel livre portant sur la période.
Je ne dis pas le contraire... Néanmoins, je parlais bien des
origines du sentiment des Britanniques à se méfier des nations qui tentent d'imposer leur hégémonie en Europe...
Il est certain que l'Angleterre du 16e siècle était encore une puissance européenne « moyenne » et sa politique a été - partiellement - dictée pour des raisons de simple survie. Face à un géant politico-militaire comme l'Empire des Habsbourgs, il valait mieux adopter une attitude conciliante.
D'ailleurs, il ne faut pas non plus être naîfs : on peut être des alliés sans être obligés de s'aimer ou de s'accorder mutuellement une grande confiance !
Sous le règne d'Elizabeth, les choses ont quand même tourné au vinaigre, et les Anglais ont bien du affronter l'épreuve de l'
Invincible Armada ! Même si elle a échoué, une tentative d'invasion, ça laisse des traces dans l'inconscient collectif...
Et puis, cette guerre anglo-espagnole, il ne faut pas oublier qu'elle a quand même duré près de 20 ans... C'est loin d'être aussi négligeable que vous semblez le dire !
Enki-Ea a écrit :
NB: entre parenthèses, l'Angleterre n'était en général pas beaucoup plus douce avec ses "hérétiques" que l'Espagne avec les siens, voire même bien pire. S'il y a un quasi-génocide (terme, certes, un peu anachronique) à l'époque moderne, c'est du côté irlandais qu'il faut regarder.
Là non plus, je ne dis pas le contraire... Avec quand même une petite précision : en ce qui concerne le cas de l'Irlande (et, dans une certaine mesure de l'Ecosse), j'aurai tendance à dire que des facteurs ethniques et culturels venaient se rajouter à la question religieuse.
Vu du continent, on a tendance à qualifier d'
Anglais tous les habitants des îles britanniques...
Or, les vrais « Anglais » sont - grosso-modo - des descendants d'envahisseurs Anglo-Saxons mâtinés de Normands. En Irlande, au Pays de Galles et en Ecosse, ils étaient confrontés à des populations largement gaéliques, donc qui n'étaient ni anglophones ni même culturellement apparentés ! Il est exact que les Anglais se sont arrangés pour s'imposer partout, politiquement et culturellement, par la force s'il le fallait... Ce qui a provoqué cette véritable diaspora d'Irlandais et d'Ecossais en Europe et en Amérique du Nord.
Et c'est ce qui explique - entre autres - pourquoi un Maréchal d'Empire s'appelait Étienne
Macdonald http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tien ... _Macdonald