Oui Jeanneney tient une chronique sur l'histoire de la presse depuis janvier 2009 me semble-t-il. Le premier numéro concernait la création de la Gazette le 30 mai 1631. Vous pouvez lire son livre sur l'histoire des médias. Malheureusement, il ne s'attarde pas assez sur le XIXème siècle à mon goût et il eût pu peut-être être davantage exhaustif. Cependant, c'est une bonne base pour débuter.
La presse française s'est largement libéralisée depuis la loi du 29 juillet 1881, et les critiques étaient par conséquent courantes. On imagine donc aisément que les journalistes - moins que leurs homologues américains cependant - français sautaient sur la moindre affaire pour l'amplifier et contribuer à l'alimenter. C'est pourquoi Balzac a pu parler d'un "quatrième pouvoir" en parlant de la presse. Par ailleurs, il faut signaler qu'il serait vain, long et fastidieux d'énumérer les principales affaires de l'époque - Jeanneney écrit qu'il y en eut "des centaines" - mais nous pouvons cependant citer les principales. Outre celles déjà citées:
- L'affaire très célèbre du canal de Panama.
- L'affaire Troppmann (indirectement, du moins ça a passionné le public et on a mis en cause un journal) : le 20 septembre 1869, l'agriculteur Langlois découvrit, à Pantin, dans un champ qu'il labourait six cadavres: celui d'une femme et de cinq enfants. On parvint à trouver leur identité: la famille Kinck, venant de Roubaix dans le Nord, avait accompagné le père Jean Kinck qui cherchait à créer son usine dans la capitale. C'est l'ouvrier Jean-Baptiste Troppmann, ami efféminé et homosexuel de la famille, bientôt arrêté par la police alors qu'il était sur le point, au Havre, de fuir la France, qui est accusé d'être le coupable. Le meurtrier expliqua d'abord qu'il avait agi seul mais prétendit peu après - on ne le crut pas - qu'il avait eu des complices dont il ne désigna du reste pas le nom. Lorsque la police lui demanda les raisons de son acte, il répondit avoir tué Kinck pour prendre l'argent qu'il avait à la banque et exécuté le reste de la famille pour qu'il ne reste nul témoin. L'homme, tout juste sorti de l'adolescence puisqu'âgé de 21 ans (il est né en 1849 à Cernay en Alsace), est in fine guillotiné le 19 janvier 1870 - l'empereur avait refusé de le gracier - place de la Roquette à Paris, jour où Le Petit Journal de Millaud, crée six ans auparavant, vendit 594 000 exemplaires, chiffre absolument énorme. Des journaux concurrents ont mis en cause le journal et d'aucuns ont même prétendu que c'était Le Petit Journal qui avait orchestré le crime, afin d'en tirer de substantiels bénéfices.
- L'incendie du Bazar de la Charité (en 1897 - et qui a au demeurant éloigné quelque peu ceux qui s'enthousiasmaient pour l'art cinématographique naissant, du "grand" écran): une semaine après cette catastrophe, Le Petit Journal illustré titre, dans un numéro devenu célèbre, "Le Sinistre" avec une image effroyable où de nombreux corps son en feu. Je crois par ailleurs que Winock a étudié la portée de cet événement dans la presse.
C'est surtout en fin de siècle et avec l'avènement de la Belle Époque, concomitante de la libéralisation de la presse, que cette dernière joue un rôle de plus en plus important (et là, vous trouverez votre plaisir à étudier les affaires qui sont pléthoriques).
|