Duc de Raguse a écrit :
A quel intérêt faites-vous allusion ? Le fait que des enfants étudient n'apporte aucun avantage matériel à leurs parents, bien au contraire...
Ce n'est absolument pas rentable.
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Txomin, il va falloir que vous m'expliquiez quel est l'intérêt à des parents à envoyer ses enfants à l'école.
LA nature est ainsi faite chez les mammifères et c'est un constat presque unanimement accepté que les parents ne distinguent pas leur intérêt personnel de celui de leurs enfants.
Des explications ont été proposé. Par exemple, Gary Becker
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Les parents agissent souvent de façon altruiste à l'égard d'enfants égoïstes en investissement grandement dans leurs enfants afin de se prémunir au moment de la vieillesse. Becker voit en effet que le taux de rendement de l'investissement dans ses enfants est plus élevé que ceux des placements retraites habituels. Cependant, les parents ne peuvent pas être sûrs que l'enfant en question prendra soin d'eux plus tard. Puisqu'ils ne peuvent pas forcer juridiquement l'enfant à prendre soin d'eux plus tard, ils utilisent souvent le levier de la manipulation en instillant le sens de la "faute" à leurs enfants, de l'obligation et de l'amour filial. Cela agit certes indirectement mais très efficacement pour forcer les enfants à aider leurs parents au moment de la retraite. Becker, en poursuivant son raisonnement, a vu dans la sécurité sociale un ennemi possible de la famille, en ce qu'elle peut distendre ces liens par la suppression des incitations faites aux parents d'agir de façon altruiste avec leurs enfants.
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Vous fondez votre postulat sur le fait qu'ils auraient un quelconque choix, alors qu'on sait très bien que non.
Vous frisez la malhonnêteté intellectuelle...
Sur l'absence de choix des classes populaires :Loin de moi l'idée de nier la misère mais il ne faut pas à l'inverse nier les libertés individuelles et les choix réfléchis des plus pauvres. A commencer par celui de travailler ici ou là !
A la suite de Le Play, de nombreuses études des budgets des ménages populaires du XIXème ont été effectué notamment regroupées par Cheysson et Tocqué. Et les ménages populaires font heureusement des choix !
S'il est vrai que la dépense en vêtements reste approximativement la même quel que soit la variation de revenu entre travailleurs pauvres (entre 12,5 et 17 % de dépenses en textiles contre 10 % pour les catégories moyennes), des évolutions dans les dépenses sont constatées avec par exemple une hausse de la part des dépenses pour le logement après 1840.
Surtout, il apparaît une régression de la part de la consommation alimentaire dans les budgets des ouvriers des villes à partir de 1885. Comme par hasard, cette date correspond à celle de l'augmentation de l'investissement en éducation.
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Vous savez ce que cela représente 5000 francs à l'époque ???
Par ailleurs, la création des ateliers nationaux en 1848 montre qu'il n'y a pas un manque de main d'oeuvre, bien au contraire, puisque les chômeurs font leur apparition.
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C'est faux ! Ouvrez donc un livre étudiant les acteurs de l'industrialisation en France et en Europe et vous verrez qu'à partir de 1850 l'accès à la bourgeoisie est vérouillée et que créer son entreprise coûte bien trop cher.
Sur la nécessité d'attirer la main d'oeuvre :1848 est une crise, la pénurie de main d'oeuvre est la norme en France. Selon P. Verley, de 1841 à 1901, la croissance démographique est en moyenne de 0,25 %/an en France contre 1,16 % en GB et 0,96 en Allemagne.
Sur la possibilité de créer une entreprise :Une franc or représente 3,03927 €, soit 15 000 € 2007. En pouvoir d'acaht, c'est équivalent, avec (pour la démonstration) des prix qui ont été mulipliés par 2 000 depuis 1914. 5 000 franc-or valent donc à peu près 10 000 000 de "francs actuels". En nouveau francs (division par 100 en 1960), cela représente environ 100 000 francs.
Cette épargne n'est pas à la portée de tous (70 % des successions parsiennes laissent pas assez pour être enregistrées selon Daumard) mais rend possible la création d'un atelier textile à beaucoupo d'individus : la concurrence entre employeurs existent.
Sur la mobilité sociale :D'ailleurs, selon l'enquête prosopographique des patrons du Second Empire, les fondateurs représentent 48 % des patrons du Nord et 37 % de ceux d'Alsace. A Marseille (j'ai plus le chiffre) mais c'est au-delà de 60 %.
Sans exagérer la fluidité sociale, il faut relativiser la vision d'une société totalement fermée (même Daumard le fait), le Journal des débats en 1847 :
La bourgeoisie n'est pas une classe, c'est une position ; on acquiert cette position, on la perd. Le travail, l'économie, la capacité la donnent ; le vice, la dissipation, l'oisiveté la font perdre. La bourgeoisie est si peu une classe que les portes en sont ouvertes à tout le monde pour en sortir comme pour y entrer. Au sommet de cette société, le prince de Polignac accepte la pire des mésalliance avec la fille de Mirès. Ce dernier entrepreneur juif bordelais est de la pire extraction mais dispose de beaucoup d'argent (des rentes 3 %), on peut alors lire :
« A certain prince qui voulait
S’encanailler dans la finance,
Son furu beau-père disait :
-De l’honneur de votre alliance
Je suis vraiement très satisfait
Mais votre faubourg est sévère,
Et notre famille est d’un sang
Que chez vous l’on estime guère
- Ce srupule est une misère !
Dit le prince en se rengorgeant,
J’ai du sang pour tois cher beau-père
- alons terminons l’affaire,
Mon prince, j’ai du trois pour cent. »
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Txomin, la propriété écrit en gras parmi tous les droits de l'homme, vous nous avez déjà fait le coup 100 fois. Vous n'êtes pas naïf, vous savez bien que le droit est un équilibre entre les droits qui sont, dans certaines circonstances, contradictoires : la résistance à l'oppression passe, parfois, par l'atteinte à la propriété et à la sûreté de l'oppresseur.
J'ai fait le coup 100 fois mais les esprits contemporains sont vraiment tordus. Le quatrième droit de l'homme, la résistance à l'oppression est ici exclusivement entendu comme oppression du pouvoir ! Et jamais rien ne légitime une atteinte à la propriété. D'ailleurs la DDHC se termine par l'artcile 17 :
La propriété est droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé....
Il faut bien comprendre que dans la conception issue des Lumières, C'est la propriété qui fait la loi et pas l'inverse. Aucune loi, aucun acte ne peut remettre en cause la propriété.
Les faits sont là, les pauvres (comme tous les hommes libres) font des choix, à un certain moment ils décident d'investir dans l'éducation de leurs enfants. La loi n'est pas un facteur explicatif de long terme, c'est une agitation de ceux qui en vivent.