Jadis a écrit :
Lordblackadder a écrit :
J'avais pas vu ce topic, et j'avais une question sur le stratège Lawrence, en lisant les sept piliers de la sagesse, je me suis demandé s'il n'était pas l'un des inventeurs de la stratégie de la guérilla moderne, sa manière d'analyser les forces et les faiblesses de ses alliés arabes, indiscipline, mobilité, goût du razou, mais aucun sens tactique, et de celle de ses ennemis turcs, un ennemi mobile et lourd dans un environnement particulier comme le désert, on retrouve largement les ingrédients qui feront ensuite les succès des guérillas révolutionnaires.
Lawrence d'Arabie joue surtout des tensions ethniques entre les différents peuples de l'Empire ottoman à l'heure de la volonté des peuples d'obtenir une plus grande autonomie. Cela fait écho aux grands bouleversements des Balkans de l'avant-guerre, en particulier autour de 1911-1912. Sa grande force a surtout été de parvenir à soulever des peuples contre un seigneur politique, schéma assez classique, mais aussi contre un seigneur religieux, puisque Mehmed V était à la fois le chef religieux et politique de l'Empire ottoman.
Lawrence a une véritable réflexion stratégique et tactique, il connait ses classiques, Clausewitz, Von Gotz, Foch, mais il comprend qu'ils sont totalement inadaptés à l’élément arabe... Celui-ci n'a aucune discipline, il est englué dans des vendettas immémoriales, il sait très bien que la moindre opération peut tourner au désastre si les objectifs ne sont pas adaptés... Il conçoit des opérations souvent très limités et basés sur une analyse fine du théâtre d'opération. Il sait très bien que sa troupe arabe ne ferait pas le poids en bataille rangée face aux turcs équipés à l'allemande. Il adopte une stratégie d'usure qui vise à détruire à petit feu les forces vives d'un ennemi peu mobile et qui ne peut pas véritablement répondre à ça. J'y vois les bases de la stratégie de Giap qui ajoutera l'élément révolutionnaire à cette pensée militaire. De plus, il inclue aussi des éléments politiques dans sa réflexion stratégique- en ciblant des objectifs bien particuliers- Akaba, deraa et surtout Damas- qui est le but de sa campagne. Après, il met peut-être sa propre légende, mais je m'attendais pas à une telle profondeur de la part de Lawrence, je le voyais comme plus un petit aventurier ou un desperado.
En plus, en lisant son analyse de la situation Syrienne, j'ai été très surpris d'y découvrir des éléments encore très contemporains aujourd'hui.