Je viens de relire les chapitres correspondant du livre de Jacques Belle :
La défaite française - Un désastre évitable - Tome 2 Le 16 juin 1940, NON A L'ARMISTICE de Jacques Belle - préface de Philippe Seguin ISBN 978-2-7178-5693-4
Pour démontrer que la résistance en AFN (Afrique Du Nord) était possible, l'auteur fait, aux premiers chapitres, un bilan des forces prévues avant-guerre en AFN, puis de la situation au moment de l'armistice.
Avant-guerre, il était prévu que l'AFN serve de réservoir d'hommes, la moitié des unités présentes à la déclaration de guerre devant être envoyées en métropole en abandonnant leur matériel sur place. Ce matériel devant servir à équiper, puis former les unités levées sur place. Les unités constituées restant en AFN devant continuer à assurer la défense de la région face aux risques d'invasions italienne (par la Lybie) ou espagnole (par le Maroc), tout en assurant la formation des recrues.
Ce qu'il apparait aussi, c'est une volonté de ne pas laisser la défense de l'AFN aux seules troupes autochtones ou formées de conscrits dont on pouvait avoir des doutes sur la fidélité.
Ainsi, le plan initial prévoyait que 4 des 8 divisions d'actives rejoindraient la France des le début de la mobilisation. Ce qui ne fut pas le cas. Au début seules la 1re Division Marocaine et la 82e DIA furent envoyées en France. Puis en novembre, la 87e DIA de réserve ainsi que la 2e brigade de cavalerie qui deviendra la 3e brigade de spahis. En France, fut formée la 6e DINA en novembre, puis la 7e DINA en mars avec des troupes provenant d'AFN. Tout cela sert les propos de l'auteur qui démontre ainsi qu'il y avait plus de troupes en AFN que celles qui devaient initialement servir à la défense du territoire à l'a veille de l'armistice.
Voici un petit résumé de la situation fait par l'auteur :
Citer :
Ainsi l'Afrique du Nord avait-elle effectivement joué son rôle de réservoir de forces au profit du théâtre principal et contribué à nourrir la bataille en Belgique et en France avec de grandes unités qui combattirent avec courage et efficacité, mais elle réussit en même temps à entretenir et reconstituer des forces pour sa propre défense, comme il conviendra de le voir plus en détail. Elle avait mobilisé ou contribué à titre principal à mobiliser, sur place ou en métropole, 12 divisions d'actives, soit le tiers des divisions d'actives mobilisées en septembre 1939, dont 6 combattirent sur le théatre métropolitain. S'y étaient ajoutées une autre douzaine de divisions de réserves ou de nouvelle formation, dont 5 rejoignirentle combat principal ou le Levant.
Ces grandes unités, aussi bien que toutes les formations territoriales ou supplétives restées en AFN, étaient encadrées par des officiers quasi exclusivement "français" et comportaient aussi, notamment dans les fonctions techniques, de nombreux métropolitains ou "pieds noirs". Seule une petite partie de l'encadrement en sous-officiers reposait sur le recrutement local. Sur quelques 340 000 "indigènes nord-africains mobilisés comme sous-officiers et hommes de troupe, hors supplétifs, 110 000 combattirent en métropole et 230 000 restèrent sur les théâtres méditerranéens, en AFN ou au Levant. En termes de ressources humaines, au moins à ce stade de la guerre, avec 8,5% des effectifs totaux mobilisés par l'Armée de Terre, l'AFN était loin d'avoir épuisé ses possibilités. Sans compter l'Afrique Noire.
Plus loin, l'auteur note que l'emploi des troupes indigènes a achoppé sur 2 écueils :
Citer :
Le flux de 120 000 hommes attendus d'avril à octobre semble avoir posé moins de problèmes d'équipement et d'encadrement, que de transports, la Marine peinant à transporter avec le fret disponible plus de 10 000 hommes par mois. Toutefois l'EMA rappelait aussi que l'encadrement des effectifs dits allogènes (coloniaux, nord-africains, étrangers...) suppossait des transferts d'officiers et de sous-officiers de l'armée métropolitaine vers l'armée coloniale et que, en tout état de cause, la proportion indispensable de "Français à maintenir était de 30% dans les unités combattantes nord-africaines ou coloniales et de 15% dans les unités étrangères et dans les formations de travailleurs. Comme nous l'avons évoqué à plusieurs reprises dans les différents chapitres, le problème posé par le développement des effectifs indigènes en général et coloniaux en particuliers était avant tout celui de leur ancadrement par des nationaux, de préférence métropolitains...