PhP a écrit :
qui a des idées sur les raisons pour lesquelles la france a conservé une cuirasse pour ses cuirassiers (comme en 1815 !) alors que la plupart des armées européennes y avait renoncé ...
J'ai trouvé (sur wikipédia) que vers 1882, on avait renoncé à supprimer la cuirasse ...
pourquoi a-t-on conservé un accessoire aussi obsolète ? quelle était la doctrine d'emploi des cuirassiers de 1914 ? comment ont ils combattu en fait (à pied j'imagine) ?
On peut trouver un certain nombre de réponses
1) de 1815 à 1870 les
cuirassiers ont surtout astiqués leurs cuirasses, ils ne sont quasiement pas présent sur les champs de batailles, et lorsqu'ils y sont ils ne chargent pas (Crimée et Italie). En conséquence on se référe au charges du Mont st Jean à Waterloo, bataille non victorieuse certes, mais qui garde un certain cachet surtout aprés toutes les victoires de l'empire.
Les charges de 1870 sont des charges de sacrifices destinés à gagner du temps pour sauver l'armée, donc auréolées de la gloire malheureuse du vaincu qui se fait tuer pour le salut de l'armée.
La tradition est trés importante dans la cavalerie et le prestige de l'arme reste fort, mais de 1871 à 1914 il y aura un débat constant entre les défenseurs de la cuirasse et ceux qui veulent sa disparition.
L'opinion des anti-cuirassage (généraux Gallifet et Lewal)l'emportera pendant un certain temps entre juillet 1880 et avril 1883 en se basant sur le fait que celà privait la cavalerie de 8000 carabines (rapport de comité de cavalerie).
Hélas l'introduction de la carabine modéle 1890 qui pouvait être ajustée sur la cuirasse entrainera le re-cuirassage des unités; ceci étant fortement appuyé par les généraux L'Hotte, Billot et Thoumas.
La cuirasse ne sera finalement pas abandonnée du fait de ses partisans qui restaient aveugles aux effets du feu, lesquels se référaient au "témoignage" du Colonel Bonie qui affirmait qu'à Reichshoffen en 1870 "semblable à un bruit de la gréle sur les vitres, on entendait le son des balles sur les armures mais que aucune ne fut traversée"! (la cavalerie française de 1870 -colonel Bonie); on se demande de quoi sont morts les cavaliers des 8 régiments engagés de jour là!
2) Les
cuirassiers sont souvent employés pour des missions d'ordre intérieur où leur présence impressionnante décourage souvent les manifestants de passer à des actes violents et sont de ce fait trés appréciés des pouvoirs en place. A l'époque il n'y a pas de CRS, et la cuirasse protége contre les jets de cailloux ou de pavés.
3) les
Cuirassiers sont des régiments essentiellement métropolitains, ils ne sont pas engagés en outre mer et en conséquence sont peu ouverts aux idées novatrices.
Le coté rutilant de la cuirasse est trés prisé, ce qui vrai surtout pour les 1er et 2éme régiments garnisonés à Paris et qui ont des cuirasses nickelées.
Le seul acte fait pour aténuer ce phénoméne est l'adoption d'une housse de campagne kaki pale destinée à recouvrir le casque.
Lors des premiers jours de l'entrée en guerre un certain nombre d'officiers se poseront la question du camouflage des cuirasses, des couvres cuirasses plus ou moins bricolées apparaitront, mais la solution la plus surprenante viendra de la garnison de Tours (5éme et 8éme) où il sera demandé aux cavaliers de satisfaire leurs besoins naturels sur les cuirasses aprés les avoir laissé alignées dans la cour de la caserne!
Le plus étonnant et qu'il ne semble pas y avoir eu de décision ministérielle concernant l'abandon de la cuirasse, mais jute le fait qu'a partir d'octobre 1915 elle n'est plus comptée dans la liste de l'équipement des régiments.
A partir de Novembre 14, chaque division de cavalerie forme un groupe "léger" composé d'escadrons prélevé sur ses divers régiments ou les dépots et qui sont mis à pied de maniére permanente.
La cuirasse disparait de même que le cimier du casque. Les hommes de ces groupes descendent dans les tranchées. A partir de 1916, les "groupements légers" ou "régiments légers" sont remplacés par la mise à pied de 6 régiments, les 4éme, 5éme, 8éme, 9éme, 11éme et 12éme qui sont réorganisés comme les régiments d'infanterie sur la base de 3 bataillons. La tenue étant alors exactement la même que celle du fantassin de base, hormis les signes distinctifs.
A la base ces régiments seront organiquement rattachés aux divisions de cavalerie maintenue à cheval, puis rattachées à des divisions d'infanterie.
En 1917 on formera 2 divisions complétes
1ére DCP (division de cuirassier à pied) 4éme, 9éme, 11éme
Cuirassiers à pied
2éme DCP 5éme, 8éme et 12éme
cuirassiers à pied.
Les autres seront utilisés comme "infanterie portée" que l'on sera fort content de trouver en 1918 pour s'opposer aux offensives de printemps de Hindenburg, car elles permettront de se déplacer rapidement sans utiliser les voies ferroviéres surchargées.