Thersite a écrit :
Merci Karolus,
Karolus a écrit :
Celle-ci inspectait les camps de prisonniers alsaciens-lorrains et les classait en quatre catégories : otages, "Austro-Allemands", suspects et "Alsaciens-Lorrains d'origine française".
A quoi correspond la catégorie "otage" ? L'homme qui m'interesse était âgé de 43 ans, et d'après la tradition familiale envoyé en Russie "sur dénonciation" du fait de sa francophilie convaincue et bruyamment affichée...
Quand elles occupèrent le territoire annexé, en 1914, les troupes françaises prirent des otages, notables et gens de condition modeste, parmi la population civile. Ces otages alsaciens-lorrains ont été répartis dans des dépôts spéciaux du Midi (Ardèche, Vaucluse et Drôme essentiellement).
Thersite a écrit :
Peux-tu en dire plus sur cette "commission": composition, organisation... Depuis quand a-t-elle été mise en place (dès 14 ou plus tard ?). Dans le cas des prisonniers de Russie, cette commission travaillait-elle uniquement à leur arrivée en France ou le tri s'opérait-il en Russie même ?
Aurais-tu une bibliographie ou un site à me conseiller pour débroussailler le schmiblick avant de m'y mettre vraiment, sachant que je ne connais absolument rien à la Première Guerre mondiale ?
Vu les critères de classement, je présume -sans pouvoir l'affirmer- que le classement était fait une fois le convoi arrivé en France.
La commission a été créée le 9 novembre 1914. Elle était composée initialement du conseiller d’État Blanc, du lieutenant-colonel Van Merlen et du juge d’instruction Kastler, à laquelle s’adjoindront à la fin décembre des notables alsaciens réfugiés en France, presque tous anciens protestataires au Reichstag. Elle différencie alors les Alsaciens-Lorrains d’origine française des immigrés.
Est Alsacien-Lorrain d’origine française celui "qui était français avant le 20 mai 1871 ou dont les ascendants paternels l’étaient à cette date et qui serait lui-même français si le traité de Francfort n’était pas intervenu".
Au contraire, celui qui est né sur le territoire d’Alsace-Lorraine de parents allemands est un immigré.
Toutefois, parmi ces Alsaciens-Lorrains d’origine française, trois catégories devront être distinguées :
– La catégorie n° 1 réunit les Alsaciens-Lorrains pourvus d’une carte blanche. "Ces Alsaciens-Lorrains, considérés comme d’attitude incertaine et de sentiments douteux, ne sont pas des suspects. Ils sont admis à jouir d’une liberté relative mais sont maintenus, sous une certaine surveillance, dans une résidence surveillée."
– La catégorie n° 2 regroupe les Alsaciens-Lorrains pourvus de la carte tricolore . Ceux-ci "sont présumés de sentiments francophiles. Ils sont traités sur le même pied que les réfugiés français et belges."
– La catégorie S s’applique aux Alsaciens-Lorrains appréhendés comme suspects, "ne pouvant être maintenus en liberté, sans inconvénients, pendant la durée de la guerre. Dans cette catégorie sont rangés les individus qui ont tenu des propos hostiles à la France, se sont livrés à des manifestations ou des actes pouvant compromettre les intérêts de la défense nationale ; ceux qui ont subi des condamnations d’une certaine gravité ou dont l’attitude et la conduite laissent gravement à désirer."
Ces informations sont extraites de ce travail consacré aux Tziganes (pour la partie qui nous intéresse ici : page 19 et suivantes) :
http://www.pug.fr/extrait_ouvrage/Etsiganes1.pdfIl y a aussi ceci :
Les camps de concentration de la Première Guerre mondiale, Jean-Claude Farcy et cette thèse :
Les services d'Alsace-Lorraine face à la réintégration des départements de l'Est (1914-1919)