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Et les pertes sont gigantesques du fait de la taille des armées et de l'étendue du théatre d'opératios. le soldat voit surtout ce qui se passe dans sa propre unité et là même si les armes causent des blessures terribles (et les gaz traumatiseront beaucoup) cela ne change pas beaucoup d'un légionnaire qui voit tous ses comparses hachés autour de lui à Cannes,
Oui, enfin on parle souvent de milliers de pertes pour une bataille. J'ai lu de nombreux témoignages évoquant le fait que les soldats se rendaient parfaitement compte de ce qu'il se passait. Un mitrailleur français à Verdun qui disait voir tomber 12 allemands les uns derrière les autres devant sa mitrailleuse en quelques secondes. Les unités qui perdent 90% de leur effectifs en un très court laps de temps (les chasseurs du bois des Caures par exemple), les premières vagues qui sont systématiquement sacrifiées.....etc. J'ai en mémoire également la mention d'une lettre retrouvée sur un cadavre allemand à Verdun qui évoque la folie qu'était cette bataille, son inutilité, et la conscience totale de se sacrifier en vain, cette personne disant dans sa lettre qu'ils n'atteindraient jamais Verdun et se voyait déjà mort (à raison).
Les actes de désobéissances ont débuté très tôt, notamment des unités qui après avoir subi 60% de pertes, refusaient de remonter en ligne en 1915.
J'ai du mal à comprendre comment les responsables militaires n'ont jamais réellement été inquiétés après guerre, quand on s'est rendu compte de l'ampleur du désastre et que les monuments aux morts ont fleuri un peu partout....... Parce que la boucherie est due à énormément de facteurs qui certes doivent nous mettre en garde de juger après coup. Mais quand on détient le sort de millions d'hommes entre ses mains, on ne peut faire preuve, objectivement, de tant d'inconstance et d'incompétence...... Faire de la politique (puisque beaucoup de ces offensives meurtrières reposaient sur des raisons politiques....... il fallait montrer sa pugnacité pour garder son commandement) quand ça tue des milliers d'hommes, c'est criminel (je ne parle plus d'Histoire là, mais je pense que 14-18 est suffisamment récent pour que l'on puisse se permettre de porter un jugement au-delà de la froide analyse historique, contrairement à des événements comme la bataille de Cannes, après tout c'étaient nos grand-pères ou nos arrière grand-pères qui y étaient).
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il n'a pas le choix il reste
Plongé dans une telle folie, l'être humain se blinde, fait preuve de son extraordinaire adaptabilité. Il ne se pose plus forcémment les questions que l'on peut se poser sur ces événements en temps de paix. La survie, et celle de ses camarades, devient la priorité absolue. La mort, la souffrance, deviennent "habituelles". La guerre devient un mode de vie, le seul imaginable, penser au reste, c'est mourir ou devenir fou.
Les barbelés du no man's land étaient souvent surnommés les "séchoirs" à cause des cadavres qui y pourrissaient. Les obus retournaient le sol et ressortaient des cadavres décomposés des années précédentes.
J'ai en mémoire une anecdote que j'ai lue il y a quelques temps: je ne me souviens plus où, dans une tranchés, une main dépassait de la paroi, et les soldats qui montaient en ligne avaient pris l'habitude de lui serrer la pogne en passant. C'était une façon d'accepter et de se moquer de la mort. Dans ce genre de situation, pour supporter tout ça, il faut adopter une tournure d'esprit assez spéciale et que quiconque n'ayant pas vécu ce genre d’événement aura du mal à comprendre.
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mais en fait les deux "épisodes" de mouvement, le début et la fin, ont été parmi les plus meurtriers.
C'est un lieu commun aujourd'hui: la guerre de mouvements est bien plus meurtrière que la guerre de position. Mais dans une guerre de mouvement, les pertes s'étalent dans l'espace, et la résilience de l'esprit humain lui fait vite oublier ce qu'il n'a pas envie de se souvenir.
Alors que dans une guerre de position, les dégâts provoqués par des années de guerre se voient encore et s'accumulent, on ne peut les nier.
Verdun est bien plus restée dans les mémoires que la bataille des frontière en grande partie, je pense, pour cette raison.