Ageron a écrit :
Skipp a écrit :
La tactique était louable... mais lorsque l'on sait que les allemands avaient tout le détails de la future attaque plusieurs mois avant qu'elle se déroule et qu'ils ont eu tout le loisir de se préparer... C'était alors de la folie que d'attaquer sur le Chemin des Dames.
Aucun effet de surprise n'a joué. Sur ce point vous êtes d'accord avec Yves Buffetaut. Mais le plan soulève des hésitations avant d'être lancé. C'est donc que sa conception ne fait pas l'unanimité. Pétain exprime ses craintes et prévoit un grave échec. Je vais faire une recherche pour savoir quelle était l'opinion de Foch. Je crois qu'elle était très défavorable.
Je poursuis le récit de Buffetaut :Le 16 avril 1917, le général Nivelle lance à l'assaut 26 divisions d'infanterie, avec de nombreuses réserves, soutenues par 2780 pièces d'artillerie lourde et 1700 canons de 75 mm.
« A 6 heures, la bataille est engagée ; à 7 heures, elle était perdue. » C'est ainsi que le lieutenant Ybarnegaray résume le sort de l'offensive. Les causes de l'échec sont multiples. Tout d'abord, aucun effet de surprise n'a joué. Des bruits couraient dans Paris depuis des semaines, donnant à la fois le lieu et le jour. Les Allemands avaient découvert le plan d'attaque sur le corps d'un sous-officier français. Le jour de l'offensive, le temps est détestable, avec de la pluie et de la neige fondue, ce qui gêne les tirs et paralyse les troupes coloniales. Enfin, l'artillerie ne parvient pas à détruire les défenses allemandes.
L'échec de Nivelle est total : certes, 22 000 soldats allemands ont été capturés, mais au prix de 30 000 tués et 80 000 blessés. Nivelle avait prévu de soigner les blessés dans les hôpitaux allemands capturés, tant il était sur de la victoire. Il n'y a aucun accueil pour la plupart d'entre eux. Certains seront même évacués sur Lourdes !
Pétain et Nivelle s'étaient opposés lors de la bataille de Verdun. Nivelle pensait que si l'on concentrait assez de moyens modernes on pouvait bousculer le front. Pétain était d'un avis assez proche, mais il pensait qu'on n'avait pas encore les capacités pour casser le front.
A l'époque, on pensait que c'était Nivelle qui avait gagné la bataille de Verdun. Le mythe de Pétain vainqueur de Verdun a été construit essentiellement après guerre. En partie en se basant sur les anciens poilus qui étaient reconnaissants à Pétain de les avoir ménagés.
Nivelle résiste à Verdun en concentrant de plus en plus de canons. Il finit par récupérer le terrain perdu. Pour la bataille suivante, il pense qu'il a les moyens de percer le front. Or, les concentrations de moyens en artillerie alertent les allemands. Sans parler des fuites dans les salons parisiens. Donc, les allemands se préparent et préparent une bataille défensive. Très tôt, ils vont se re^lier sur des positions fortifiées prévues à l'avance. Le but est d'encaisser le premier choc pour lancer une contre-offensive ensuite. Les défenses allemandes sont prêtes à encaisser le choc. Si l'on avait su préserver l’élément de surprise, il est possible que l'opération ai connu un autre sort. Mais, les fuites, la longue préparation d'artillerie ... tout cela rend irréalisable le plan de Nivelle.
Les lignes allemandes résistent parce qu'elles avaient été renforcées. C'est aussi simple que cela. C'est la tactique qui sera utilisée à Bir-Hakeim, contre une préparation d'artillerie prévue ou prévisible, on se met à l'abri et on attend que çà cesse.