La mayral a écrit :
Un sujet en parle dans "le fana de l'aviation". Les quelques avions français (REP)ont transmis "l'erreur" allemande à l'EM mais il a fallu que leur commandant use de la voie détournée d'un contact militaire anglais pour que l'information soit prise réellement en compte !
Oui. Si ma mémoire est bonne, Miquel explique ça dans son bouquin consacré à la bataille de la Marne. En attendant de retrouver cet ouvrage, je me replonge dans le bouquin de Crochet et Piouffre.« Nos avions, dont le vrombissement remplit l'air, surveillent attentivement la marche de l'ennemi ». Cette phrase, c'est la version officielle, celle que l'on enseignera plus tard dans les écoles. Elle n'est pas fausse, mais elle est incomplète. Car à l'époque, les généraux se méfient des aviateurs, Castelnau étant une des rares exceptions. Aux yeux de Joffre, les aviateurs ne sont que d'aimables fantaisistes. Aussi les rapports des premiers pilotes indiquant le changement de direction de von Kluck sont-ils fraîchement accueillis. Nous pouvons facilement imaginer que dans un premier temps, les aviateurs se font sérieusement admonester par leurs chefs. Puis les informations se recoupant, le capitaine Bellenger transmet l'information au 2ème bureau de la 6ème armée. Il n'en est tenu aucun compte, mais heureusement Bellenger est un obstiné. Court-circuitant la voie hiérarchique, il contacte directement Galliéni et il avertit également les Britanniques. Cette fois, il est pris au sérieux, d'autant que ses observations sont confirmées par les reconnaissances aériennes anglaises et par les aviateurs du camp retranché de Paris. De plus, les écoutes des communications radio allemandes réalisées grâce aux antennes de la tour Eiffel donnent des renseignements concordants.
Dans la soirée du 3 septembre, l'infléchissement de la 1ère armée allemande vers le sud-est est une certitude. L'ennemi a évacué Creil et Senlis. Une colonne longue de 16 km a été vue entre Nanteuil-le-Haudoin et Lizi-sur-Ourq, se dirigeant vers le sud-est. Galliéni voit tout de suite la faute que vient de commettre von Kluck.
Galliéni qui connaît le scepticisme des autres généraux envers l'aviation envoie des patrouilles de cavalerie pendant la nuit. Elles rentrent dans la matinée du 4, confirmant les observations des aviateurs. Dés lors, aucun doute n'est permis.
Source : Bernard Crochet et Gérard Piouffre, 1ère GUERRE MONDIALE, Editions de Lodi, 2012.