Sans partir trop sur Verdun, effectivement, le problème de l'offensive originelle des Allemands est le front d'attaque.
Il n'est pas assez large, ce qui fait que les soldats allemands s'entassent les uns sur les autres (offrant de bien belles cibles) et surtout qu'ils permettent aux Français de ne pas être submergés de tous côtés.
Alors même que leur supériorité numérique combinée à la surprise et à l'extrême brutalité des bombardements de préparation auraient du leur permettre d'attaquer sur les deux rives à la fois et de prendre nos lignes en tenailles.
Facile à dire après coup. Et on ne va sûrement pas se plaindre de voir que l'ennemi ne dispose pas toujours d'un Manstein ou d'un Guderian...
Pour revenir au "père Joffre", il a été choisi pour son républicanisme bon teint (G.O. un jour, G.O. toujours...même après le scandale des fiches) et pour ses talents, indéniables semble-t-il, de logisticien.
Son Plan XVII est un plan de concentration bien plus qu'un plan d'attaque. Autrement dit, on se prépare davantage à subir le choc qu'à porter un coup à l'ennemi. De fait, on lui laisse l'initiative.
C'est paradoxal quand on sait qu'au niveau tactique, l'Etat-major préconise l'attaque à tout crin...Nos soldats déterminés vont passer à travers les balles et les obus et écraser les Allemands...
Corollaire: il faut être aussi mobile que possible pour pouvoir fondre sur l'ennemi. Donc, pas d'artillerie lourde.
Enfin, de retour au niveau stratégique, le volet offensif existe quand même avec la percée prévue en Lorraine.
D'aucuns y voient un caractère plus sentimental et politique, qu'une démarche réellement pensée par une réflexion stratégique.
Au final, la catastrophe passe bien près.
Merci au général Lanrezac pour la bonne retraite de la 5è armée qui sinon aurait disparu comme le firent d'autres armées françaises 25 ans plus tard...Mais Lanrezac aurait pu être un Zouave (salut à ces belles troupes) et son caractère peu conciliant lui vaut d'être mis à l'écart.
En voilà un qui n'était pas carrièriste.
Merci également à notre gouverneur militaire (je suis de Paris
), le général Gallieni pour son coup d'oeil et la manoeuvre de la 6è armée.
Bien entendu, notre commandant en chef s'arroge le mérite de la victoire sur la Marne...
Il faut lui reconnaître cependant qu'il aurait été tenu pour responsable en cas de défaite et que la justice veut qu'on lui rende donc hommage pour la victoire.
A mon humble avis, c'est cependant Gallieni qui voit l'erreur de Von Kluck et initie la contre-offensive victorieuse. Un Gallieni au républicanisme plus tiède bien que l'homme n'était pas connu pour bonapartisme (voilà un héros qui manque à notre galerie...) et encore moins pour royalisme...
Quant aux offensives de "grignotage" de 1915, je préfère laisser des personnes plus qualifiées en parler.
On ne s'étend pas beaucoup sur ce sujet. Aujourd'hui, tout le monde ignore ce volet de la guerre (quand ce n'est pas toute la guerre...).
1915 est pourtant l'année la plus meutrière pour nos troupes...
Au milieu de ces échecs ou timides succès sanglants, Pétain perce.
Il est alors, je crois, sous les ordres de Foch et ce dernier ne le croit pas quand il apprend la nouvelle. En conséquence, Foch refuse d'acheminer des renforts pour ne pas s'exposer à une contre-offensive allemande. La percée ne pourra être exploitée et Pétain et Foch seront désormais brouillés...