Léonard59 a écrit :
Barbetorte a écrit :
Léonard59 a écrit :
On pourrait en discuter par ailleurs, mais les alsaciens de 1919-1920 ont très mal vécu la période où l'Alsace fut sous contrôle de l'armée française.
L'Alsace n'a pas été placée sous administration militaire. L'administration civile a été confiée par un décret du 15 novembre à trois commissaires, civils, qui opéraient selon les directives du Service général d’Alsace et de Lorraine placé sous l'autorité d'un sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil. Ce service général, purement civil, était installé à Paris.
Entre le moment où l'on a nommé ces administrateurs civils, et le moment où l'on vit arriver des fonctionnaires pour représenter ces administrateurs ... A votre avis, qui c'est qui a effectivement administré l'Alsace ? Vous êtes trop attaché aux textes. Les témoins de l'époque se sont retrouvés face à des gens en uniformes. Pour certains, il y avait la barrière de la langue. Mais, pendant plusieurs semaines, il y eût peu de civils dans l'administration de l'Alsace par les français. Du moins, à ce qu'en virent les alsaciens
Cela ne s'est effectivement pas fait d'un simple claquement de doigts.
Les relations avec les autorités militairesLa situation juridique de l’Alsace-Lorraine – l’occupation militaire – oblige les administrateurs civils à tenir compte de la présence de l’armée. À la mi-novembre 1918 des gouvernements militaires sont créés à Metz et à Strasbourg. Le gouverneur de Strasbourg est le général Hirschauer, né à Saint-Avold, en Lorraine, et petit-fils d’un Mulhousien (38). L’autorité du général Gouraud, commandant de la 4e armée, dont les troupes sont stationnées sur tout le territoire d’Alsace, bénéficie d’un droit d’antériorité de quelques jours sur celle du gouverneur, Hirschauer n’ayant rejoint Strasbourg qu’au soir de l’entrée du maréchal Foch, le 27 novembre. Gouraud (39) et son état-major sont installés rue Brûlée, dans les locaux du gouvernement militaire ; Hirschauer choisit comme résidence la rue de la Nuée bleue et loge son quartier général sur les bords de l’Ill, dans l’ancien hôtel du Statthalter. Cette coexistence dure plusieurs mois.
Des conflits d’attributions surgissent inévitablement à Strasbourg entre Maringer, Hirschauer et Gouraud. À Metz, le général de Maud’huy, gouverneur, enfant du pays, catholique, nourrit peu de sympathies pour le jacobin Mirman (40).
Chose plus grave : dans les sous-préfectures, les officiers qui ont remplacé les Kreisdirektoren allemands prennent leurs ordres, non des commissaires de la République, mais de leurs supérieurs militaires. Ce sont les militaires qui mettent en place les premières commissions de triage, avant que les civils ne se saisissent de la question en décembre 1918.
Clemenceau tente de remettre de l’ordre dans ces questions en définissant les attributions respectives des autorités civile et militaire. Les pouvoirs des commissaires de la République en matière de maintien de l’ordre et de police doivent être les mêmes que ceux des préfets français, sauf à en être explicitement dessaisis par les autorités militaires (41).
38 Hoff (Pierre), « Novembre 1918 : Strasbourg redevient pour un moment une capitale régionale », Revu (...)
39 Hoff, art. cit. « Le glorieux blessé [il a perdu un bras en 1915 aux Dardanelles] au regard clair s (...)40 Bour (René), Histoire de Metz, Metz, éd. Serpenoise, 1997, p. 25241 ADBR, 121 AL 33. Le président du Conseil aux commissaires de la République en Haute-Alsace, Basse-A (...)Source : Revue d'Alsace : Joseph Schmauch