Bonjour,
Citer :
D'abord pourquoi d'Afrique ? alors que selon mes renseignements il n'a aucune origine coloniale...
Mais l'armée d'Afrique ou l'armée coloniale ne comprenaient pas forcément des éléments indigènes. L'armée d'Afrique, elle, comprend deux types de soldats : les zouaves et les tirailleurs indigènes. Les zouaves sont à recrutement exclusivement Français depuis 1841, depuis la création des tirailleurs indigènes. Quand aux tirailleurs, ils comprennent un peu de tout, en majorité des indigènes nés en Afrique, mais l'on peut trouver également quelques éléments Français, surtout chez les gradés. Maintenant l'armée coloniale. Celle-ci comprend également deux types de soldats, le marsouin et le tirailleur Sénégalais. Composant les trois quart des effectifs de l'armée coloniale, les marsouins se composent de Français recrutés surtout dans les villes portuaires. J'ai moi-même un lointain parent qui fut affecté dans les zouaves en 14-18, c'était tout simplement un paysan Normand qui avait fait son service militaire au Maroc, au début du vingtième siècle....
En ce qui concerne les bataillons d'Afrique, les "joyeux", les "bat d'aff", ils se composent de Français ayant eu des ennuis avec la justice ou ayant fait actes d'indisciplines à l'armée. Voilà comment les décrit le vétéran Jacques Péricard :
"Les Joyeux, on le sait, est le nom populaire des soldats incorporés aux bataillons d'Afrique; ils sont uniquement recrutés, soit parmi les jeunes gens qui ont passé devant les tribunaux avant leur incorporation, soit parmi les soldats qui commettent des fautes graves contre la discipline. Nous n'irons pas jusqu'à dire, comme certains l'on fait, que les pires bandits furent les meilleurs soldats; c'est une mauvaise préparation au sacrifice suprême que cette inaptitude aux petits sacrifices qu'impose la vie de chaque jour. Disons simplement que beaucoup de fautes sont dues à la faiblesse et à l'étourderie, plus qu'à une volonté ferme; disons également que beaucoup d'hommes, gravement coupables devant la loi humaine, cultivent en un coin secret de leur âme des vertus qui pourraient faire honneur à plus d'un honnête homme."
Voilà les différents combats du 3eme bataillon de marche d'infanterie légère d'Afrique :
1914 : la Maisson du Passeur
1915 : Roclincourt, Lizerne, Woësten
1916 : Verdun, Côte 304, Rancourt, Nieuport, Moronvilliers
1917 : Le Godat, La Miette
1918 : Cantigny, Reims, Côte 240, La Vesle
Pour finir, en ce qui concerne les engagements de Verdun en 1916, j'ai, comme d'habitude, quelques détails. Le 11 mai 1916 au matin, le 3eme bat d'aff est engagé dans le Bois Camard et, suite à quelques combats, s'empare de toute la lisière sud du bois. Les lieutenants Chiappa et Dumaz, blessés tous deux, refusèrent d'être évacués. Le 18 mai 1916, devant le Bois Camard, les Allemands enfoncent le 2eme bataillon du 1er régiment de tirailleurs indigènes. Accourt alors à la contre-attaque et en renfort les 1er et 3eme bat d'aff. "Sous un clair soleil, en pleine vue des saucisses boches, ils traversent un plateau de 500 mètres, au pas, en ligne d'escouade par un, indifférents aux obus qui tombent, indifférents à leurs pertes, calmes, magnifiques, splendides." Quatre fois les Allemands se jettent sur les "joyeux", quatre fois ils sont repoussés avec de grandes pertes. Les bat d'aff ont rétabli la situation..