Source : Frédéric Encel,
L’art de la guerre par l’exemple. Stratèges et batailles. Paris, 2000.
(analyse de 64 batailles et personnages)
Devant l’enlisement du front occidental, les Alliés décident d’ouvrir un front sur l’empire ottoman. « L’effondrement de celui-ci permettrait, d’une part de soulager les Russes dans le Caucase, lesquels pourraient par conséquent accentuer leur pression sur le Front oriental en soulageant ainsi les Alliés à l’ouest, d’autre part rallier à l’Entente les petits Etats balkaniques neutres (comme la Grèce), enfin de protéger leurs intérêts sur la route des Indes et du pétrole, de Suez à Aden et à Massoul. »
Autre objectif : « empêcher les Russes – aujourd’hui alliés, mais demain ? - de disposer à leur guise des Détroits ».
D’abord une flotte franco-britannique s’engage dans le détroit, mais subit quelques pertes et se retire. Un corps expéditionnaire de 80 000 hommes est débarqué sur trois zones distinctes (dont une de diversion) avec navires en soutien qui restent à proximité.
En face, le général allemand Liman von Sanders dispose de 9 divisions (dont une commandée par Mustapha Kemal), solidement retranchées et dotées d’un armement moderne.
Peu de progression, beaucoup de pertes côté anglais.
« Toutes les tentatives de percées échouent, et les Alliés sont contraints par l’artillerie ennemie de s’enterrer dans une guerre de position ».
Chaleur écrasante, puis paludisme et dysenterie.
Churchill, qui avait proposé l’expédition, démissionne.
Bilan catastrophique : 145 000 tués ou blessés (dont 27 000 Français). 125 000 reviennent malades.
« Stratégiquement, attaquer aux Dardanelles relevait d’une conception réaliste des enjeux de la guerre mondiale. La principale erreur des Alliés fut sans doute de s’acharner des mois durant dans un contexte géographique excessivement défavorable, ayant sous-estimé par ailleurs à la fois la discipline, la combativité et la ténacité des Turcs, ainsi que la puissance de leur dispositif. De surcroît, trop faible et trop éloignée, l’artillerie de l’escadre ne put constituer, contrairement aux espérances, une force d’appoint suffisante contre ce dispositif défensif efficace. Enfin les Turcs conserveront la supériorité numérique jusqu’à la fin des combats ; parvenus trop tard, les renforts occidentaux ne permettront pas de submerger leurs défenses.
"C’est en définitive sur un autre flanc de l’Empire ottoman, au sud arabe, que Londres portera des coups décisifs et à peu de frais, notamment grâce à l’action de Lawrence. »
Dans un topic sur le cinéma, on a signalé un film paru récemment :
http://www.passion-histoire.net_ ... php?t=6552Il s’agit d’un documentaire en v.o. turque, avec des essais de reconstitutions, et beaucoup de lectures de lettres de soldats (essentiellement des Anglo-saxons). Bien sûr, ça n’est pas Hollywood, mais ça a le mérite d’exister...