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Message Publié : 09 Déc 2018 18:08 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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carlo68 a écrit :
Les grèves de 36 se font dans le prolongement de la victoire du Front Populaire, il n'y a donc pas de remise en cause du gouvernement en place, au contraire: les revendications étant celles censées devoir être mises en oeuvre par le gouvernement. On est donc dans un cas de figure très différent de 34 ou 68.
On a peut-être tendance à idéaliser le passé. Dans un article de 2008 (https://www.nouvelobs.com/societe/le-quotidien-de-1968/20080307.OBS3973/j-ai-vecu-mai-68-en-manif.html), l'Ob's publie le souvenir d'un témoin des évènements de mai à Lyon : J’ai assisté au pillage des Galeries Lafayettes et du Grand Bazard et là je me suis dit c’est pas du jeux, on est pas là pour ça mais j’ai compris depuis (j’ai maintenant 56 ans) qu’il faut faire le tri dans les engagements.


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Message Publié : 09 Déc 2018 18:19 
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Eginhard
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Si il n'y eut pas de mort en 1936, la manifestation de Clichy (organisée contre un rassemblement des Croix de Feu du colonel de La Rocque) prit un tour incontrôlable en mars 1937, les manifestants voulant s'emparer du lieu de réunion. La police s'interposa et fit 5 morts et plus de 200 blessés. Un policier fut tué.
L'ambiance bon enfant des occupations d'usine de mai-juin 1936 ne doit pas masquer l'arrière-plan très tendu des années 1930.

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"Denken heisst überschreiten" : Penser signifie faire un pas au-delà. Ernst Bloch (1885-1977)


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Message Publié : 09 Déc 2018 19:14 
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calade a écrit :
L'ambiance bon enfant des occupations d'usine de mai-juin 1936 ne doit pas masquer l'arrière-plan très tendu des années 1930.

La violence des affrontements dans les manifestations de l'époque est impressionnante.

Et même encore dans les affrontements à l'époque de la guerre d'Algérie, on est sur des niveaux de violence inconnus aujourd'hui. (On parle fréquemment de plusieurs dizaines de blessés sérieux parmi les manifestants, et plus étonnant encore pour nous, un nombre significatif parmi les forces de l'ordre.)

En fait les partis - ou les ligues - structurés, possédant un service d'ordre et de nombreux militants aguerris prêts à en découdre (une configuration courante dans les années 30) n'existent plus aujourd'hui, sauf peut-être, à une moindre échelle, parmi les syndicats.

On peut aussi rappeler les agressions individuelles, comme celle dont fut victime Léon Blum en février 1936. https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Blum#L'agression

Il faut voir également le ton des journaux, qui sont d'une violence insensée. (On a vu sur un autre sujet que le décret "Bertrand" - si j'ai bonne mémoire - qui réprime l'incitation à la haine, et donc évidemment les injures - ne date que de 1939, ce qui est bien tardif : il a fallu l'état de guerre pour que le pouvoir puisse prendre cette mesure "autoritaire".) :rool:

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 09 Déc 2018 23:42 
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Jean Froissart
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Pierma a écrit :
On a vu sur un autre sujet que le décret "Bertrand"


Vous voulez sans doute parler du décret-loi Marchandeau, garde des sceaux de l'époque (1939)


http://www.licra.org/21-avril-1939-promulgation-du-decret-loi-marchandeau

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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'Empire libéral.
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Message Publié : 10 Déc 2018 4:08 
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Oulligator a écrit :
Pierma a écrit :
On a vu sur un autre sujet que le décret "Bertrand"


Vous voulez sans doute parler du décret-loi Marchandeau, garde des sceaux de l'époque (1939)


http://www.licra.org/21-avril-1939-promulgation-du-decret-loi-marchandeau

Oui, c'est bien de celui là qu'on a parlé.

Défaillance de mémoire. :rool: (je deviens vieux et mal allant !)

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Message Publié : 10 Déc 2018 7:27 
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Philippe de Commines
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Bonjour

En Belgique, dans les années 1950, pour la"question royale" (le retour du roi Léopold III), le sud du pays est au bord de l’insurrection. Il y aura 4 morts parmi les manifestants.

La grève y est générale dès le 26 juillet. Les manifestations se succèdent. La tension est à son comble, lorsque, le 30 juillet 1950, trois hommes furent abattus par la gendarmerie lors d'un rassemblement à Grâce-Berleur, en banlieue liégeoise. Un quatrième mourut de ses blessures.

On remet ça en 1960

La grève générale de l’hiver 1960-1961 déclenchée contre le programme d'austérité du gouvernement belge de Gaston Eyskens, dura six semaines et paralysa principalement la Wallonie, la reprise du travail étant massive en Flandre après quelques jours


La gendarmerie intervint et le gouvernement fit même appel à l'armée (plusieurs journaux socialistes invitant les soldats à la désobéissance furent saisis). Il y eut quatre morts lors d'affrontements pendant les manifestations. La gare des Guillemins à Liège fut saccagée.

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Hugues de Hador.


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Message Publié : 10 Déc 2018 9:01 
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En France on pourrait poser la question de la violence à propos des grèves insurrectionnelles lancées par le PCF en 1947.

Je suis stupéfait de lire le point suivant, au point que j'en viens à suspecter la fiabilité de Wiki : (mais il est pourtant sourcé.)
Citer :
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1947, des militants de la fédération du Pas-de-Calais de la CGT sabotent la liaison ferroviaire Paris-Tourcoing en déboulonnant deux rails. Cela provoque le déraillement d'un train, près d'Arras, à 3 heures du matin, qui fait 20 morts et 50 blessés.

De même le récit des affrontements à Saint-Etienne, où les manifestants sont armés de barre de fer, est dramatique.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ves_de_1947_en_France

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Message Publié : 10 Déc 2018 11:53 
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Philippe de Commines
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Barbetorte a écrit :
Antérieurement, avaient éclaté des mouvements sociaux violents, suscitant une répression encore plus violente avec morts d'hommes : révoltes des vignerons du Languedoc en 1907 et grève de de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges en 1908.

Il faut noter que les forces de l'ordre ne disposaient pas d'armes non létales et qu'il n'y avait pas d'unités spécialisées. Si les gardiens de la paix, qui ne disposaient que de leur bâton, ne suffisaient pas à contenir le mouvement, il était fait appel à la gendarmerie ou à l'armée armée qui tirait à balles réelles après, normalement, des tirs de semonce en l'air.


Bonjour Barbetore !

Je rajouterai certains faits locaux, dont la violence mérite d'être soulignée, tels que les émeutes de 1905 à Limoges. Celles ci ayant pour origine les grèves ouvrières, en grande partie, dans les usines de porcelaine.
Ce mouvement ouvrier est intéressante car il vient s'y greffer des dégradations de type iconoclaste.

_________________
> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )


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Message Publié : 10 Déc 2018 12:15 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Pierma a écrit :
En France on pourrait poser la question de la violence à propos des grèves insurrectionnelles lancées par le PCF en 1947.

Je suis stupéfait de lire le point suivant, au point que j'en viens à suspecter la fiabilité de Wiki : (mais il est pourtant sourcé.)


Je suis aussi surpris que vous, enfin je suis surpris en tout cas mais cette affaire est également évoquée là :
https://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu01014/deraillement-d-un-train-a-arras-suite-au-mouvement-de-contestation-de-l-automne-1947.html
Ce qui lève l'éventuel doute sur la réalité de l'événement.


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Message Publié : 10 Déc 2018 14:04 
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carlo68 a écrit :
Les grèves de 36 se font dans le prolongement de la victoire du Front Populaire, il n'y a donc pas de remise en cause du gouvernement en place, au contraire: les revendications étant celles censées devoir être mises en oeuvre par le gouvernement. On est donc dans un cas de figure très différent de 34 ou 68.


Les grèves de 1936 ont été aussi massives. Tout le tissu industriel se retrouve bloqué. Alors que dans les années 20, les patrons n'avaient pas hésité à virer tous leurs salariés grévistes pour réembaucher selon leur bon vouloir. Condamnant à la famine ceux qu'ils désignaient comme les meneurs...

En 1936, la grève est générale, fortement suivie. Si j'ai bonne mémoire, ce sont les syndicats patronaux qui vont solliciter le gouvernement en lui demandant de débloquer la situation... Et certains témoignages semblent indiquer qu'ils seront presque stupéfiés de s'en tirer à si bon compte, sans nationalisations, sans main mise du gouvernement sur la gouvernance des entreprises (comme cela se passait en Allemagne, à la même époque).

Le recours à la force était presque impossible. Non seulement à cause du Front Populaire, mais justement à cause de l'ampleur de la mobilisation


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Message Publié : 08 Jan 2019 20:30 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 28 Mai 2009 21:52
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Hugues de Hador a écrit :
En Belgique, dans les années 1950, pour la"question royale" (le retour du roi Léopold III), le sud du pays est au bord de l’insurrection. Il y aura 4 morts parmi les manifestants.

Pour rappel, face aux violences suscitées dans le pays, la " Question Royale " fut résolue le 16 juillet 1951, par l'abdication de Léopold III (laissant ainsi la place à Baudouin).
L'une des autres conséquences est, que depuis 1950, le gouvernement belge a préféré s'abstenir d'organiser toute " consultation populaire " (le référendum étant tout simplement interdit par la Constitution belge).

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“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard


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Message Publié : 09 Jan 2019 17:46 
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Plutarque
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Bonjour,

Photographie que j'utilise régulièrement en classe:
Image

Bien à vous.

_________________
« Je veux croire qu'il n'y a pas de libération plus vaine que celle qui prétend nous arracher aux rigueurs du travail intellectuel ou aux fidélités que l'on doit à ses prédécesseurs, qu'il n’y a pas de générations plus tristes que celles qui ne se reconnaissent plus de maîtres [...] ».
Patrick Boucheron.


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Message Publié : 09 Jan 2019 22:02 
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Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
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Bonsoir,

En complément de la photo postée par Unagi.

"D’une ampleur sans précédent, cette explosion sociale spontanée est le fruit de la conjugaison de plusieurs facteurs: à l’enthousiasme suscité par la victoire électorale des socialistes s’ajoutent en effet la méfiance populaire vis-à-vis de la classe politique, née des frustrations qui suivirent les victoires de la gauche en 1924 et en 1932, et les aspirations révolutionnaires qui animaient une partie de la classe ouvrière. Mobilisant deux millions d’ouvriers, ces grèves revêtent un caractère nouveau, comme le montrent bien diverses photographies de l’époque : d’une part, elles se traduisent par l’occupation des lieux de travail par les ouvriers, destinée à immobiliser les machines et à empêcher le patronat d’employer un personnel de remplacement ; d’autre part, les ouvriers adoptent volontairement un comportement pacifiste exemplaire, évitant tout incident violent ou toute destruction de matériel. Contrairement aux conflits sociaux des années 1920, ces “grèves de la joie” ne furent pas suivies d’une répression brutale. C'est précisément une atmosphère de camaraderie qui émane de cette image de grévistes jouant aux cartes au son de l'accordéon, dans la cour d'une usine occupée en région parisienne au mois de juin. Formant un cercle autour des joueurs de cartes et de l’accordéoniste, les ouvriers, le sourire aux lèvres, expriment ainsi dans cette photographie leur joie devant la victoire des socialistes aux élections de mai. Débordant le secteur de la métallurgie, ces grèves atteignirent d’autres branches de l’industrie et, même, du commerce : pour la première fois, les employés des grands magasins parisiens suivirent le mouvement, notamment aux Galeries Lafayette, qu’un cliché pris en mai 1936 montre occupées par les salariés, rassemblés à cette occasion autour de l’escalier d’honneur pour écouter le discours de Léon Jouhaux, secrétaire général de la C.G.T. (1909-1947). Suspendue au-dessus de la tribune de l’orateur, une banderole porte l’inscription suivante « Restons unis, nous vaincrons ». Figure essentielle de 1936, Léon Jouhaux, rejetant la tradition syndicaliste révolutionnaire, s’efforça de canaliser cette explosion sociale spontanée et négocia avec le gouvernement une solution à la crise."

Source :
https://www.histoire-image.org/fr/comment/reply/5542

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