Barbetorte a écrit :
Dans une voiture italienne plutôt qu'une Bugatti, oui, certainement.
Le mot se terminant en "i", j'ai toujours cru que c'était "italien"
alors imaginons une fiat... et pas rouge, une "mazeratti" ? ça colle ?
Merci Jibe pour bien nous avoir mis l'eau à la bouche...
Jean R a écrit :
'il est, comme Mirabeau cité précédemment, un exemple de charisme très fort en étant physiquement moche
Là encore, je ne suis pas d'accord. Le jour où vous avez évoqué Savonarole, la veille au soir passait une émission sur Florence et les Médicis. J'ai regardé et évidemment l'épisode Savonarole était évoqué.
L'homme n'est pas charismatique. Il prêche dans un moment où la ville tangue politiquement. Florence est prise de vertige, certains opposants -à défaut de passer à l'acte comme pour Juan- vont aider le dominicain. Savonarole prêche contre une forme de vie qu'il estime décadente et ceci touche bien sûr les plus hauts. Il compare Florence à Sodome et chacun sait quelle en fut la fin. Entre temps les Médicis sont partis, le chaos s'est installé, les Français approchent, la médiation de Machiavel échoue et les Florentins sont mûrs pour du gros n'importe quoi. Si à ce moment, une personne
"charismatique" (Laurent Ier ne l'était pas) avait su parler et exiger des Florentins une résistance, ils auraient résisté. Non... Il vont se contenter de saccager le vieux palais, de brûler ce qu'ils ont de plus précieux (on verra Botticelli mettre ses oeuvres au feu). Savonarole ne crée rien, il est aidé par les évènements, il ne les anticipe pas même ; il était même un brin crétin pour ne pas avoir "charismé" le fait que de s'attaquer à un Borgia risquait de chauffer. De fait, ite missa est.
Savonarole n'est pas
"moche" -ceci est un jugement de valeur qui n'apporte rien, moche pour qui ?-. Bien sûr à ce niveau il est vrai que l'on ne peut jouer avec le prestige de l'uniforme
Il est ce que l'on attend du personnage, austère avec des traits "taillé à la serpe".
Voici la définition du Larousse :
"Influence sur les foules d'une personnalité dotée d'un prestige et d'un pouvoir de séduction exceptionnels."Savonarole n'a aucun prestige et vous-même évoquez que pour le pouvoir de séduction... Mais il faut cesser un peu de voir la séduction dans les traits, c'est assez "primaire" et totalement à côté. Ce qui fait Savonarole est le moment ensuite il entretiendra son pouvoir par la terreur mais le contrôle des Florentins est repris, échangé, évoqué publiquement avant la mort du personnage. Pour moi, ceci est justement ce qui fait la différence, un marqueur.
Je préfère celle de wiki (psychologie)... et oui :
"Le charisme est la qualité d'une personne qui séduit, influence, voire fascine les autres par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions. Un charisme puissant, c'est-à-dire fascinant, trouble et neutralise le jugement d'autrui ; c'est pourquoi on peut si aisément diriger, voire manipuler, les autres quand on a du charisme."Le charisme n'est pas une personne, c'est un plus qui n'est pas acquis mais tient de l'inné. On peut le développer mais je n'ai pas en tête de personne qui correspondent à tous les critères de beauté du moment qui soit "charismatique". Dans le moment, la personne charismatique fait plus appel à ses émotions qu'à un jugement, un plan, quelque chose de cartésien.
Je ne classerais pas Mirabeau comme ayant du charisme. En ces temps ceux qui montaient à la tribune avait une "force de persuasion", c'est plus limité (Danton, Hébert, Marat etc.). Le charisme a ceci qu'il dilue les notions de bien et mal, ce qui permet à une grande majorité de se reconnaitre et de cautionner à l'avance des actes de non-droit ou plutôt du droit du plus fort donc de celui qui a raison (La Fontaine).
Aller se présenter devant une foule qui a faim et est aux extrémités en lui disant avec "charisme" :
"rentrez chez vous, demain est un autre jour", sans trop m'avancer, je pense que c'est raté !
La personne qui a du charisme possède aussi une autre chose innée : l'empathie. Chacun se sent profondément "compris et reconnu" ; reste ensuite à canaliser la foule dans le sens qui sied.
Mirabeau avec un surnom comme "L'Hercule de la victoire", appelle à la caricature. Il faut créer en face une sorte d'interrogation : on n'est pas celui avec qui on boit en lui tapant sur l'épaule. Non, non : ne pas oublier que l'on côtoie peut être le futur sauveur. La personne ne "joue" pas mais "est" et croit plus à son discours qu'en elle bien souvent. Elle passe donc au "second plan" ; c'est toujours fascinant d'écouter une voix qui semble tout dominer et donne le ton en tutoyant par exemple la mort. Beaucoup de discours charismatiques ont du
"Mieux vaut la mort que..." en anaphores (à noter que le XXIème a baissé d'un cran
). On s'assure déjà de la vie de l'autre à sa cause. Celui qui puise -à travers des expériences ou autres- matière à donner un relief au discours, touche déjà. Le charisme passe par les mots et ce à quoi ils ramènent l'auditoire. On ne peut être crédible à évoquer la souffrance avec un physique d'Adonis, comme on ne peut être crédible à évoquer la pauvreté, évoquer la difficultés des temps qui sont et ceux à venir avec un physique rond.
Un grand maigre et dont l'attiffurement donnerait dans le sobre/décontracté plairait plus. En période de grande crise, il faut carrément grossir le trait et ne pas hésiter à faire "dépouillé". Le staff derrière a déjà anticipé et prend le relais.
Après le premier conflit mondial, on a donné, on connait la musique, l'heure est aux grands bilans. Les femmes jouent un rôle certains car elles ont été mises à contribution. Années folles pour une minorité, galères pour le reste. Servir ce qui est attendu et si de plus on y croit aussi, l'alchimie se fait. Le peuple veut se sentir un peu transcendé de qui on est prêt à tout donner, vie comprise. Aucune intelligence de choix, simplement le chemin que la personne "charismatique" emprunte, l'instinct et la pulsion. Ce n'est que ma façon d'essayer de comprendre les ressorts. Ceci fonctionne encore, on a changé l'appellation en "débats contradictoires" : les mêmes choses sont reprises avec des mots différents. Ceci permet de facto de constater que nous sommes toujours en démocratie mais ce sont les mêmes qui sont en haut...