Citer :
ne nous serions pas déjà rencontré par hasard ?
... Et non je n'ai jamais eu le plaisir jusqu'aujourd'hui...
Je trouve en effet que la comparaison entre l'Italie et l'Allemagne est extrémement intéressante. Cette comparaison se justifie d'ailleurs même en remontant très loin, et il y a à l'évidence des continuités
lourdes.
Les deux pays font partie de l'empire conjointement au Moyen Age alors que la France en est séparée pour toujours après 843. Les deux pays connaissent un phénomène de fractionnement extrême tout au long de l'époque moderne, en de multiples seigneuries, alors que les autres pays environnant sont en voie d'absolutisme et d'unification nationale. Tous les deux connaissent l'unification au cours du XIX siècle (à dix années près!!), sous l'impulsion du nationalisme (un nationalisme tout différent de celui de nos jours bien sûr).
Les similitudes sont plus évidentes ensuite. Après la Grande Guerre, ils évoluent tous deux vers le fascisme (avec un phénomène d'imitation évident), et, se ressemblant jusque dans la symbolique du pouvoir, puisqu'ils revendiquent l'héritage impérial (le Saint-Empire pour l'un, et son ancêtre l'Empire romain pour l'autre).
On pourrait continuer avec les similitudes, comme l'absence d'une démocratie réelle avant la Ière guerre (la République italienne d'avant guerre ne compte que, je crois, à peine 6% d'électeurs)...
Il y a donc là une piste de recherche d'histoire comparative très intéressante...
Pour le "cas allemand", il me semble qu'on doit encore une fois séparer plusieurs questions. Lorsqu'on évoque "le malheur", on pense généralement à deux catastrophes concrètes:
1: la guerre généralisée en Europe causée par l'expansionnisme allemand
2: la politique concentrationnaire, puis génocidaire exercée par les Allemands contre les Juifs, mais aussi contre les Tziganes, les déments, etc...
Or je crois que, si on peut admettre que l'expansionnisme, avec toutes les horreurs qu'il implique, était en germe dans le militarisme prussien, il n'en est pas ainsi pour la question du génocide. Pour commencer, le nationalisme est au contraire totalement en dehors des priorités des junkers prussiens (à l'exception de Bismarck), à tel point que ces junkers voient d'un mauvais oeuil Bismarck précisément pour cette raison, le nationalisme étant considéré comme une idée de gauche.
Par contre, en ce qui concerne le génocide, et la violence de guerre en général (il y a aussi tous les phénomènes de violence extrême exercée à l'encontre des populations sujettes à l'est: Polonais, Russes, etc...), j'ai vu ces temps une thèse intéressante développée depuis quelque temps par les historiens (George Mosse, en particulier). Cette thèse met en avant la "brutalisation" développée durant la Ière Guerre mondiale comme facteur explicatif. En gros la violence extrême déployée en 14-18 aurait constitué une sorte de "trauma" collectif de la violence, qui aurait refait surface durant la II guerre mondiale. Bien sûr il s'agit alors de comprendre pourquoi "seulement" l'Allemagne a succombé à de tels démons... Et bien je crois que si nous faisons abstraction de l'idéologie, et nous considérons les choses dans leur ensemble, on remarque que pas très loin, en URSS les violences n'ont rien à envier à celles des nazis; l'eugénisme se pratique en Suède, etc... bien que tout ceci n'enlève rien au caractère extraordinaire (au sens étymologique!!!) de la Shoah...
Mais enfin je crains que je dérape vers d'autres sujets...
-- keikoz