Duc de Raguse a écrit :
Si quelqu'un connaissait des travaux à ce sujet, ce serait très intéressant.
Des Juifs ont pu se retrouver dans le discours nationaliste d'A. Hitler, et plus généralement dans un engagement patriotique. C'est le sens du livre de
P. Birnbaum,
Les fous de la République qui évoque justement ces Juifs qui se sont investis dans un patriotisme véritable (voir le personnage de Meyer dans les
Voyageurs de l'Impériale d'
Aragon.
Un historien que j'affectionne beaucoup, E. Kantorowicz a eu une attitude quelque peu ambiguë :
"Malgré mon ascendance juive, (...) il me semblait que je n'aurais pas besoin de garanties pour attester de mes sentiments en faveur d'une Allemagne réorientée dans un sens national ; il me semblait que mon attitude fondamentalement enthousiaste envers un Reich dirigé en un sens national, allait bien au-delà de l'attitude commune."
Selon A. Boureau, ce passage "met mal à l'aise le lecteur : en 33 Kantorowicz partage le vocabulaire de ceux qui l'excluent. L'historien apparaît ici comme un réactionnaire nationaliste que seule sa judéité rejette malgré lui de la dérive nazie."
A.Boureau, "Histoires d'un historien", in Kantorowicz,
Oeuvres, Gallimard (Quarto) p.1233.
S'il n'y a pas débat autour du nationalisme de cet historien (il a intégré les Corps-Francs contre les Spartakistes), une éventuelle adhésion de ce juif et homosexuel au nazisme est plus difficile à étayer, notamment en raison de demandes faites en Angleterre dès les premières mesures anti-juives pour aller enseigner dans une université, ce qui démentirait l'idée selon laquelle "Eka" aurait attendu le moment pour partir, imaginant jusqu'à la dernière minute une amélioration des relations entre lui et les nazis lui permettant de rester. Kantorowicz est un exemple d'intellectuel juif ayant une attirance pour un régime autoritaire, nationaliste et exaltant le prestige d'une "Allemagne éternelle" qu'il trouva d'une certaine manière dans le nazisme.