André Sanphrapé a écrit :
L'article 428 du traité de Versailles stipule : « À titre de garantie d'exécution par l'Allemagne du présent traité, les territoires allemands situés à l'ouest du Rhin, ensemble les têtes de pont, seront occupés par les troupes des puissances alliées et associées pendant une période de quinze années, à compter de la mise en vigueur du présent traité. » C'était donc effectivement une garantie pour les réparations.
Pas tout-à-fait : la Rhénanie, qui constitue la partie allemande sur la rive gauche du Rhin, face à la frontière française, est occupée surtout pour l'exécution d'autres clauses du traité : la création d'une zone démilitarisée entre la France et l'Allemagne. Il s'agit de se prémunir d'une éventuelle revanche allemande en empêchant son armée de se masser aux frontières.
De plus, au coeur de la Rhénanie, la Sarre doit décider par référendum de rejoindre la France, ou de rester autonome, si elle ne souhaite pas rester en Allemagne.
La Ruhr, en tant que bassin minier de l'Allemagne, a une importance beaucoup plus grande pour son économie en pleine reconstruction. Les Franco-Belges l'occupent pour forcer l'Allemagne à payer.
Pour ce qui est de l'occupation de la Rhur, je cite l'
Histoire de l'Armée Allemande, de J. Benoist-Méchin :
Benoist-Méchin a écrit :
L'opération fut menée avec une précision, un tact et un sang-froid remarquables par le général Degoutte, commandant en chef des armées alliées. Le 11 janvier [1923], les troupes françaises occupent sans coup férir Oberhausen et Essen, ainsi qu'une fraction importante du bassin de la Ruhr, tandis que la Mission Interalliée de Contrôle des Usines et des Mines débarque à Essen et prend un permier contact avec les industriels de la région.
Mais à ce moment survient un coup de théâtre : le chancelier Cuno... répond à l'action du général Degoutte en proclamant la résistance passive. Le Cabinet de Berlin interdit à tous les fonctionnaires de la zone occupée d'avoir le moindre contact avec les autorités franco-belges, et se lance dans une contre-offensive industrielle dont les vagues vont se succéder pendant plusieurs mois : refus d'exécuter les livraisons prévues au titre des réparations en nature, cessation officielle des paiements, refus de subvenir aux frais des forces d'occupation, grèves par ordre gouvernemental des chemins de fer, des administrations civiles, des douanes et des postes; abandon systématique des mines, des voies ferrées, des ateliers ; sabotage des signaux, des aiguillages, des installations électriques, des téléphones. Les ponts sautent, les trains déraillent, des officiers du corps d'occupation sont assassinés en plein jour.
La France et la Belgique ripostent en faisant arriver des milliers d'agents des chemins de fer pour remettre en place et faire fonctionner le réseau en l'absence des Allemands. Ils réussiront, ce qui constitue un exploit méconnu.
La résistance des Allemands est entravée par la crainte des mouvements séparatistes : en 1918-1919, l'Allemagne a été à deux doigts d'exploser et n'a dû sa survie qu'à la Reichswehr provisoire, issue des corps francs, qui a reconquis une à une les provinces séparatistes. Craignant une possible sécession de la Rhur, et confronté à la mauvaise volonté du patronat allemand, ainsi qu'à la paralysie de l'économie allemande, le chancelier annonce le 26 septembre 1923 qu'elle renonce à la résistance passive.
Malgré tout, la France et la Belgique finiront par évacuer la Ruhr en 1925, sous la pression des Anglais et des Américains, en essuyant ainsi une très grave défaite politique.